Chapitre 33 : L'armée angélique

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Raphaël regardait le corps inanimé de Lys.

Humaine

C'était le seul mot qui lui venait à l'esprit. Il comprenait enfin pourquoi il était le seul à pouvoir lui parler par télépathie. Ils l'avaient mis sur le compte de la forme humaine de Lys et de la capacité de Raphaël à pénétrer les souvenirs. S'il pouvait rentrer dans les souvenirs humains, il pouvait bien parler par télépathie avec une Séraphine élevée en humaine. Il s'en rendait compte maintenant, il était son ange gardien.

Mais il ne se souvenait absolument pas d'elle... comment était-ce possible ?Comment un quiproquo pareil avait-il pu avoir lieu ? Cette apparence n'était pas humaine pour un sous. Et si ce n'était pas elle, qui serait la Séraphine de la prophétie ?Ana ?

ー Impossible, murmura-t-il. Tout bonnement impossible.

ー Et pourquoi pas ? entendit-il derrière lui.

C'était Gabriel, accompagné de Sandalphon. Ils le regardaient avec un sourire triste et contri. Les yeux bleus de leur leader le fixaient avec insistance. Il continua :

ー Je ne sais pas de quoi tu parles. Mais tu sais aussi bien que moi que dans cette histoire, tout est possible. Le nier serait que se voiler la face. Tu es trop intelligent pour ça.

Raphael réfléchit un instant puis, souffla. Il ne savait de quoi il parlait. Cette vérité, il ne voudrait pas l'apprendre. Même pas dans ses rêves. Cela faisait un moment qu'il le savait et qu'il devait vivre avec. Un moment pendant lequel il avait noyé son chagrin dans l'étude, l'entraînement et la prière. Un moment qu'il n'avait pas mangé. Et avec l'entraînement de millitaire qu'ils subissaient, ce n'était pas étonnant que des arcs, de ceux qui apparaissent après une trop longue privation nutrive soient apparus sur ses joues et ses côtes. Ses deux frères étaient d'ailleurs venus le chercher pour l'obliger à manger. Guerre obligeait.

Il était le seul qui savait. Mickael s'en doutait mais lui seul en avait la confirmation. Lorsque Ana s'était évanouie sous l'emprise du lien, les barrières mentales qu'elle avait érigées s'étaient brisées. La masse de tous ses souvenirs avaient repris leurs droits sur les faux. Si bien que lorsque avait voulu se promener dans son psychisme, à la recherche de la racine de son mal, il était tombé sur pleins de moments avec le Prince des incubes, notament l'annonce du contenu de sa mission.

Et là, son devoir avait été de la dénoncer. Sauf que lorsqu'il l'avait regardée, lorsqu'il avait observé la courbe de ses lèvres, la sérénité de son visage, la finesse de ses traits, il n'avait pas pu se résoudre à le faire.

Il s'était isolé avec elle, il savait bien que Pan serait venu la chercher. De ce qu'il avait vu, il tenait à elle. Il n'aurait pas voulu qu'elle meurre.

Elle ne pouvait être Séraphine.

Raphael ne pouvait tout simplement pas leur dire qu'Ana était à la solde des démons et que la "délivrer" serait en fait, la "kidnapper". Qu'elle ne risquait rien là-bas, qu'elle les ralentirait ou les tuerait. Mais il avait vu en elle quelque chose de pur, quelque chose de complexe et d'infiniment beau. Quelque chose qui l'empêchait de croire en sa trahison. Raison pour laquelle il se taisait, raison pour laquelle persistait un doute dans son esprit.

Ana pourrait-elle être la Séraphine qu'ils cherchaient ?

Il soupira et décida d'arrêter d'y penser. De toute façon, il aurait la réponse à sa question dans quelques heures. Son regard se posa encore une fois sur la belle immaculée et ses pieds se décidèrent enfin à suivre ceux de ses frères. Le long des couloirs délabrés de l'école, Gabriel et Sandalphon parlaient tranquillement stratégie. Ils allaient bientôt lancer l'assaut, ils allaient bientôt aller aux Enfers. Tout le succès de la mission reposait sur leur espionne... Ils ne se seraient pas doutés qu'un intérieur leur propose de l'aide mais, après tout, c'était une humaine. Même si elle était super bien placée. Enfin, son mari faisait quand même partie du grand conseil. 

Sweet Tears (En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant