Rêve lucide

La clairière

La maison était vide ce soir là, comme beaucoup d'autre. Mon petit frère était chez mon père, ma mère y était peut-être aussi. Moi, j'avais faillis mourir, et qui était là? Littéralement personne. Mai ce n'est pas le moment de flancher, je dois réfléchir à ce que je vais faire durant la nuit, je ne sais pas comment tout ça va se passer donc je pense qu'une grande partie des mes actions seront improvisées, mais je suis confiante, stressée mais confiante. Je peaufine quelques détails et me dirige vers la cuisine pour me faire à manger, cela faisait longtemps que je n'avais pas autant mangé. Je range tout puis vais vers la salle de bain. Simplement je me prépare pour la nuit mais garde des habits d'extérieur dans l'optique de pouvoir sortir rapidement de la maison sans avoir à perdre du temps. Je me couche, je me rends compte à cet instant précis que je suis complètement épuisée, en l'espace de quelques secondes, ma tête était devenue lourde et mon esprit s'emmêlait pour ne donner aucune pensée cohérente, un tourbillon de souvenirs et de couleurs me prend dans sa spirale, je dors.

Mes mains tremblent contre mon gré, j'essaye de me persuader que tout va bien se passer mais dès que les pas de l'inconnu se font entendre, ma respiration s'accélère et tous les signes prouvant la peur se manifestent sur mon corps et mon visage. Il monte, je reconnais ces grincements sinistres si familiers maintenant. Ma poignée s'abaisse, il se penche vers mon bureau et semble écrire quelque chose, je ne peux pas bouger. Il se tourne vers moi, me regarde quelques secondes et sort de ma chambre, le regard rivé vers la sortie. Mon cerveau met un certain temps à comprendre ce qu'il s'est passé, un quart d'heure plus tard, je parviens à me lever, mon premier reflex est de me diriger vers mon bureau. Une inscription y est incrustée. << Sois libre >> J'écarquille les yeux, tout ça est réel. Je sors de ma chambre et descends les escaliers qui ne grincent pas, je me sens si légère, je le suis. La porte d'entrée est ouverte, l'inconnu est sorti, je suis en sécurité, libre et en sécurité. Dès mon premier pas dehors, quelque chose se libère et je suis heureuse. Je me mets à courir dans le quartier, tout semble mort, je suis seule au monde. Après quelques minutes, j'atteins le champ, je distingue chaque brindille grâce à la forte lumière de la lune pleine et des étoiles révélées par le ciel pur d'été. J'arrête de courir, je savoure la douce chaleur de la nuit en me dirigeant vers la forêt. Pourquoi vais-je là-bas? Je n'en ai aucune idée, je suis comme attirée vers elle. J'y pénètre et prends garde à ne pas toucher les ronces, je me souviens de cet endroit. J'y suis déjà venu mais pas avec le même état d'âme, à présent, je suis libre. J'avance encore et une centaine de mètres plus loin, Je vois une jolie clairière adossée à une grande paroi de pierre de laquelle s'écoule une petite cascade d'une vingtaine de mètre qui tombe dans une source de pierre. Tout cela est éclairé par la lumière de la lune et ses astres, je m'avance vers la source et contemple la clarté de l'eau qui s'y écoule. Quel paysage magnifique, une telle pureté. Un arbre colossal se dresse en face de cette source de pierre, la verdure de ces feuilles est éblouissante et les innombrables branches qui l'entourent le rendent encore plus titanesque. Le sommet de l'arbre est bien plus élevé que le haut de la falaise de laquelle tombe la cascade. Je m'allonge sur la mousse entourant le gigantesque tronc et contemple les étoiles une par une en me demandant qui peut bien s'y cacher. J'arrive à distinguer un petit chemin à travers les bras de l'arbre et commence à y grimper. Je suis si haut, je domine la forêt de là où je suis, je me sens puissante. J'escalade encore et encore l'arbre par son petit chemin et atteins sans peine la hauteur de la falaise. Je m'avance le plus loin possible sur la branche sur laquelle je me situe et saute pour atterrir en haut de cette paroi de pierre, à quelques centimètres seulement du vide. Je vois d'où la cascade prend sa source, un petit étang ovale alimenté par une rivière qui s'efface du paysage. Le reflet de la lune brillante sur l'eau en est presque éblouissant et le joli bruit de la chute de la cascade me berce à travers le silence de la nuit. Une folle envie de m'y baigner me vient à l'esprit, je m'avance vers l'étang, plante un pied dans l'eau tiède, puis un deuxième, je suis leste et sereine, enfin...