Je suis tétanisée. J'entends la porte d'entrée s'ouvrir lentement en un grincement, j'entends les pas lourds d'un homme qui font grincer les escaliers en bois puis le parquet du premier étage, j'entends la poignée de la porte de ma chambre s'abaisser lentement, j'entends la porte qui crisse en s'ouvrant. Je sens un courant d'air pénétrer dans la pièce, je le sens sur mon front, la seule partie de mon corps qui dépasse des draps blancs, je sens que l'inconnu avance pas à pas vers moi, je sens ses mains attraper un coins du tissu et le soulever lentement, je sens de plus en plus son souffle sur mes joues, dans mon cou, ma nuque puis sur mes épaules. Je ne peux pas bouger, encore moins ouvrir les yeux. Le souffle chaud de l'inconnu se rapproche de mon visage, tellement que je peux sentir son haleine. Sa bouche s'ouvre et il hurle, son visage à quelques centimètres du mien. Ce cri semble durer des heures. Moi je ferme le plus possible les yeux mais les larmes parviennent tout de même facilement à se glisser sur mes joues, mes yeux brûlent. C'est trop, je pousse un hurlement à m'en faire saigner la gorge.
Mes yeux s'ouvrent subitement, ma poitrine s'élève et se baisse à un rythme inimaginable et mon hurlement prend fin. Je suis seule dans mon lit, mes yeux et ma gorge me brûlent, mes mains me font mal tellement j'ai serré mes draps et je peine à calmer ma respiration. Il est presque trois heure du matin et je sais pertinemment que je ne vais pas me rendormir. Je parviens après quelques instants à me détendre, je me lève et fais quelques pas dans ma chambre. Depuis de nombreux mois, je fais ce même rêve chaque nuit, le stress peut-être, j'en ai aucune idée, mais quoi que je fasse, l'inconnu revient. J'essaye de résister mais dès qu'il entre dans la maison et que je le sens se rapprocher de moi, je ne peux plus bouger d'un cil.
Durant tout le reste de la nuit, je révise, je lis, je mange et je fais les cent pas dans toute la maison, c'est le seul moment de la journée où je suis vraiment tranquille donc je l'apprécie le plus possible en essayant de faire des choses qui me plaisent avant de devoir confronter le reste du monde.
Vers 7h15 , mon petit frère, Erwan, se lève suivi de ma mère. Les deux sont déjà assis à table quand je descend les escaliers et avant même que je me pose sur une chaise avec eux, ma mère me fait une réflexion comme quoi j'ai des cernes énormes et que je devrais me maquiller. Aujourd'hui va être une belle journée...
Une fois que mon petit frère a fini de manger, je me lève de table et me dirige vers l'entrée pour me préparer à partir en cours. Je sors de la maison en prenant soin de dire au revoir, sans réponse, et je commence à marcher. Tout se passait on ne peut mieux jusqu'à ce qu'un groupe de personnes me barre la route et commence à me taquiner, a m'insulter puis à me frapper. Cela ne m'atteint plus, j'y suis devenu complètement impassible. Ils s'en vont, je me relève, ramasse mon sac et trace ma route. Mon jean est maintenant déchiré et ma lèvre saigne mais personne ne le remarquera car j'ai le don de me faire transparente. La journée se passe et je rentre. Je croise brièvement ma mère dans le couloir, celle-ci n'adresse pas la moindre importance à ma plaie et au début d'œil au beurre noir que se crée sur mon visage. Sale journée. J'ai besoin d'un bain. Je ferme la porte de la salle de bain à clé et commence à faire couler de l'eau chaude dans la baignoire, j'y ajoute une grande quantité de savon moussant et de la musique classique en fond, retire mes vêtements et me plonge dans l'eau. La sensation du liquide chaud sur ma peau me calme et immédiatement je me sens un peu plus détendue. je pose ma nuque sur le rebord de la baignoire et prends quelques grandes inspirations en espérant que tout mon mal sorte de mon corps. Cela me calme et en quelques minutes, je tombe dans la spirale du sommeil...
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Rêve lucide
FantasíaJe m'appelle Alice. Je suis seule, très seule, mais j'ai trouvé un moyen de survivre face à toute cette haine que les gens me jettent à la figure. J'arrive à m'enfuir, la nuit, pendant que le monde s'assoupit. J'arrive à m'enfuir à travers mon somme...