Un long voyage nous attend

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Chapitre III

PDV Harold

« Et tu as une idée de là où pourrait être ton ami ? me demanda Valka.

- Je pense qu'il est de l'autre côté de l'île. Je l'ai cherché pendant deux jours de ce côté-ci mais je ne l'ai pas trouvé.

- Je vois, dans ce cas, nous devrions emporter des provisions. Un long voyage nous attend.»

Nous préparâmes de quoi survivre quelques jours : pain, couvertures, vêtements de rechange, et de quoi se soigner, au cas où... Nous pêcherons le poisson sur place car il ne se conserve pas, idem pour le gibier.

Maintenant, nous devions aller de l'autre côté de l'île, ce qui prendrait du temps. Si seulement je pouvais apprivoiser un dragon, je serais de l'autre côté de l'île en un rien de temps. Mais malheureusement, je ne pouvais pas prendre ce risque : si Valka était bel et bien un chasseur de dragons, elle pourrait se servir de cette technique pour capturer des dragons et Viggo pourrait les revendre. Et puis, je ne pouvais pas l'abandonner, elle se douterait de quelque chose. Non, mieux valait resté prudent et rester avec elle.

~oOo~

PDV Valka

Traverser l'île prendra du temps. Si seulement je pouvais appeler Jumper, nous serions de l'autre côté de l'île en un rien de temps. Mais Harthur ne comprendrait pas. Et il pourrait capturer mon dragon pour que je le mène au sanctuaire, donc à l'Alpha, et Drago pourrait arriver à ses fins.

PDV Harold

Nous nous enfoncions dans la forêt depuis presque cinq heures et n'avions fait aucune pause. Je ne pouvais m'empêcher de regarder derrière chaque arbre, chaque rocher, chaque buisson dans l'espoir d'y trouver Krokmou, mais toujours le même résultat : rien.

Nous arrivâmes près d'une rivière. Je m'apprêtais à la traverser quand Valka m'appela.

« Harthur ! Il se fait tard. Nous devrions peut-être nous arrêter ici et y passer la nuit ?

Je regardai le ciel. Elle avait raison : le soleil était sur le point de disparaître.

- Oui, tu as raison. Je n'avais même pas vu le temps passer ! Bon, je vais pêcher du poisson.

- Je vais t'aider.

Nous prîmes chacun une lance que nous avions apporté puis nous nous postâmes au bord de l'eau, à l'affût du moindre poisson. Après en avoir attrapé quatre, je fis un feu pendant que Valka embrochait les poissons. Nous nous installâmes et commençâmes à manger.

Je ne pouvais pas m'arrêter de penser à Krokmou. Est-ce qu'il était en vie ? Est-ce qu'il allait bien ? Est-ce qu'il avait lui aussi atterrit sur l'île ? J'étais tellement perdu dans mes pensées que je ne remarquai pas tout de suite que Valka me parlait.

- Harthur ? Tu m'écoutes ? Tu as l'air distant.

- Ah ! Euh... désolé. J'étais perdu dans mes pensées.

- Tu penses à ton ami, n'est-ce pas ?

- Oui. Je n'arrête pas de me demander s'il est encore en vie. La dernière fois que je l'ai vu, il avait une flèche dans le flanc.

- Je suis sûre qu'il s'en est sorti.

- Je l'espère. Si je le perdais, je ne sais pas ce que je deviendrais...

Une larme coula le long de ma joue, sans que je puisse l'en empêcher. Je repensais à tous ces moments passés en semble. À toutes les fois où il m'avait fait rire. Tous ces vols, ces acrobaties que nous faisions dans les airs. C'était grâce à lui que Beurk avait connu la paix, que j'avais été accepté par mon village, par mon père... par Astrid. C'était grâce à lui que nous vivions heureux aujourd'hui. Que j'étais heureux. Cette larme fut accompagnée par une autre, puis une autre, puis par tout un torrent. Valka le remarqua et tenta de me rassurer en me prenant dans ses bras. Je m'y sentais bien. Je compris alors que je m'étais trompé à son sujet. Elle n'était pas un chasseur de dragons. Les chasseurs de dragons ne sont pas comme ça, ils font pas ça, ils ne vous aident pas.

- Je suis désolé... murmurai-je. »

Elle ne répondit rien, mais me serra plus fort dans ses bras.

Une fois l'étreinte terminée, nous nous couchâmes dans le plus grand silence. Aucun de nous deux n'osait parler.

Je regardai les étoiles, la lune, et fermai les yeux.

~oOo~

Lorsque je me réveillai, le soleil était juste au dessus de la ligne de l'horizon. Je m'étirai et me levai. Valka dormait encore et j'en profitai pour aller pêcher et raviver le feu. Elle se réveilla quelques minutes plus tard, sûrement à cause de l'odeur et du bruit.

« Bonjour, lui dis-je, souriant.

Elle me rendit mon sourire.

- Bonjour.

Elle se leva et prit l'un des poissons, qu'elle commença à manger.

- Je pense que nous serons de l'autre côté de l'île dans la soirée si nous ne nous arrêtons pas, ou dans le début de la nuit, estima-t-elle en prenant un morceau de pain. Nous devrions trouver ton ami demain si tout se passe bien.

J'étais rassuré. Si elle ne m'avait pas aidé, j'aurais sûrement mis des jours et des jours à le retrouver, sans compter ma blessure qui se serait plus qu'infectée et qui aurait pu me tuer. Je dois vraiment la vie à Valka.

- Merci infiniment Valka, la remerciai-je.

Elle se tourna vers moi, légèrement surprise.

- Je t'en pris.

- Sans toi, continuai-je, je serais sûrement mort et mon ami n'aurait jamais été retrouvé.

- Oh tu sais, Harthur, j'essaie de faire de mon mieux, me confia Valka en s'asseyant. Je... j'essaye de me faire pardonner d'avoir abandonné ma famille, mon village, mais d'un autre côté, je me dis que c'est mieux ainsi, que si je l'ai fait, c'était pour les protéger.

Je l'écoutait avec intérêt. Je commençais vraiment à me demander comment j'avais pu croire qu'elle faisait partie des chasseurs. Je me sentais honteux.

- Je pense que t'aider me fait le plus grand bien, poursuivit-elle, tu sais, je ne reçois jamais de visite et...

Soudain, une question me brûla les lèvres. Je me l'étais déjà posée plus tôt mais cette fois, la curiosité prit le dessus.

- Attend... la coupai-je, tu...tu vis seule depuis combien de temps ?

- Oh, tu sais, je ne vis pas seule.

Là, je ne comprenais pas vraiment...

- Mais...je ne comprend pas... tu vis avec qui si tu n'es pas seule ? Non, attend... mais ça n'a aucun sens, si ?

Elle avait réussi à m'embrouille plus que les jumeaux.

- Tu ne pourrais pas comprendre... » répondit-elle simplement.

Sur le coup, elle avait raison : je ne comprenais rien. Cependant, je ne pouvais m'empêcher de m'interroger sur ce qu'elle voulait dire par là. Bon, je laissais tomber pour le moment.

Une rencontre improbable (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant