Chapitre 37 :

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"Le PD et le travestis qui sortent ensemble. Ça, ça avait fait le tour du lycée. Mais peut-être moins que la vidéo. "

Damien se leva et s'en alla sans un mot, emmenant avec lui les paroles de Thomas. Il devait aller le voir. Il devait voir si son, peut-être, copain allait bien. Il voulait juste aller le voir et se blottir dans ses petits bras. Il ressentait ce besoin depuis que Thomas s'était échappé après ce qu'il lui avait annoncé. Peut-être était-ce le mauvais moment ?

"Celà amusait et surprenait les gens de voir la vidéo. Elle avait été mise sur Internet. J'avais même vu le lien de la vidéo écrit sur un mur dans les toilettes. Je l'ai effacé. Et ils m'ont vu. Je me fichais bien de ce qu'ils pouvaient penser de moi à cette instant. J'étais énervé. J'étais remonté contre eux. La seule chose à laquelle je pensais était la vengeance.
J'ai finis à l'infirmerie. Mais j'étais quand même un minimum satisfait de ce que j'avais fait. C'est à ce moment là que la pente que je descendais déjà est soudainement devenue encore plus raide. "

Thomas n'était pas chez lui.
C'était la seule chose qui tournait dans la tête de Damien. Il était déçu. Il aurait aimé voir le brun et lui parlait. Ce n'était pas qu'une envie, c'était également une obligation. Il ne devait plus laisser son ami seul alors qu'il allait encore plus mal que ce qu'il imaginait. Le jeune homme aux billes bleus soupira et fit le chemin inverse. Il était encore perdu. Un triste sourire se dessina sur son visage fatigué. Il ne savait plus combien de fois il avait pu abordé le mot "perdu" ou "fatigué". Il ne se faisait que se répéter. Et ça commençait vraiment à l'énerver. Il en avait plus que marre de ne pas avancer et que cette histoire ne prenne pas fin. Il voulait que tout prenne un sens et qu'il puisse enfin vivre une vie heureuse. Mais il avait l'impression qu'il allait devoir encore attendre.

"J'en ai marre. Je suis fatigué. Je veux qu'on me laisse tranquille. Je veux que mes démons me laissent tranquille. Même sans les harceleurs je me sent  mal. Les larmes ne suffisent plus pour enlever la peine qui se trouve dans mon corps. Il y a quand même mon copain. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi gentil que lui. Je veux oublier. Je dois dire que je ne sais pas si c'est pour oublier mes problèmes ou pour me punir d'être qui je suis. Mais j'ai franchi une nouvelle étape dans ma vie. Ce que je vais vous dire peut paraître totalement minable, que je me pleins comme une nana mais nous y voilà. Je devais oublier. Et je ne vais pas vous mentir, j'ai cherché plein de façon pour oublier. Les drogues ? Trop chères et puis franchement je ne veux pas finir taré. J'ai déjà eu à faire avec un mec en manque et franchement ce n'est pas beau à voir. Je ne veux pas faire de la peine à ma mère. Et puis j'ai été mal après avoir essayé à cette fameuse soirée. Alors j'ai fait quelque chose qui pourrait ce cacher plutôt facilement. Je ne sais pas vraiment quand et comment j'ai commencé. C'est venu tout naturellement. Au début, pour je ne sais quelle raison, j'ai commencé par ma main. Je n'ai jamais su pourquoi j'ai commencé par là. Au début c'était de simple petits traits tout fins et timides sur mes doigts. Rien de très important. Et le sang se faisant timide ne voulait pas trop sortir. Mais il était sorti. Ce n'était rien de très imposant. Je me souviens que j'étais pendant les grandes vacances. Les mecs qui me voulaient du mal s'amusaient à m'intimider et venir me faire chier jusqu'à chez moi. J'avais peur d'eux. Je les crainiais plus que tout. Maintenant c'est une autre histoire. J'essayais de les oublier comme je pouvais. Alors je me suis fait ces traits timides. Au début je ne savais pas ce que je faisais. Puis j'ai recommencé en début de seconde. Quel con je suis, moi. Maintenant je me dis que c'est vraiment stupide d'avoir commencé. Je me souviens que c'était un jour où on n'avait pas arrêté de me traiter de tas de noms ignobles et qu'on n'arrêtait pas de me dire que pour une salope mon cul n'était vraiment pas à envier."

Damien arrêta quelques instants l'enregistrement, ses yeux dans le vide alors qu'il était près de chez lui. Il avait besoin de faire une pause. Mais il se rappela de cette série super chiante. Cette série qui lui rappelait un peu sa situation. Où le héro écoutait les enregistrements d'une morte. Et franchement il ne voulait pas que son histoire se fasse comparer à ça. Il n'était pas comme ce héro qui mettait dix épisodes pour écouter une cassette. Alors il prit son courage à deux mains.

"Bref, cette fois-ci c'était sur le poignet. C'était deux petits traits qui ne se voyaient pas beaucoup et pourtant ils ont mit du temps avant de disparaitre. Encore là ça allait. Si je m'étais arrêté ça aurait été super. Et j'aurais du. J'ai peur. Depuis que j'ai commencé j'ai peur qu'un monstre me saute dessus. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai plutôt peur cette nuit. Pathétique ? À voir. Bref, j'étouffe comme pas possible et j'aurais volontiers bien serré ma peluche éléphant dans mes bras. Mais je suis un adulte. Et puis je transpire comme pas possible et ma cheville me pique. Mouais, vous pouvez faire une pause si vous voulez. Ou même passer à la fin si ça vous gêne de lire. Et je suis désolé si je vous mets des souvenirs douloureux dans la tête. Désolé. Désolé Damien. Et vous autres. Vous êtes vraiment fort si vous avez tenu jusque ici malgré ces longs écrits qui n'en finissent pas. La suite peut-être plus tard"

Les enregistrements prenaient fin ici. Le cœur de Damien battait fortement alors qu'il venait de se poser dans son lit. C'était trop dur. En ce moment il ressentait un énorme vide. Il ne croyait pas ce qu'il entendait. Son ami, son copain, son petit brun, se faisait du mal. Et lui qui ne voyait pas plus loin que son nez... Quelle beau couple de cons il faisaient. Franchement ils étaient tous les deux de gros idiots. Ils auraient dû parler plutôt de leurs problèmes respectifs au lieu de les cacher. Cacher quelque chose de déjà beaucoup douloureux ne peut faire que du mal. Et il en a la preuve. Cyril arriva dans sa chambre.

-On t'a laissé quelque chose.

Damien se releva alors que Cyril avançait dans sa chambre. Il lui tendit un petit paquet.

-Thomas est passé nous voir. Comme t'étais pas là il m'a demandé de te donner ça quand tu seras revenu.

-Il est passé ici!?

-Oui. Tiens.

Damien attrapa ce que lui tendait Cyril. Sans attendre il ouvrit le paquet alors que Cyril s'en allait.
Il tomba sur plusieurs feuilles de papiers. Toutes recouvertes d'écritures. Damien attrapa la première. C'était une écriture mal soigné. Ça avait écrit à la vas vite.

Suite de mon orale

"La troisième étape était plus haute sur mon bras. Des traits plus longs et plus profonds mais mieux placés. J'avais pour habitude de mettre des pulls et de remonter les manches. J'adore faire ça. Je me souviens encore des remarques que faisait mon copain quand je faisais ça. Souvent il souriait et me disait que j'avais des manières de mettre mes manches qui me rendaient adorable. Je ne vois toujours pas ce qui pouvait me rendre adorable là dedans. Pleins de gens font ça. Le problème était que je ne pouvais pas montrer mes p'tit bras de poulet (Damien, mon copain, me disait souvent ça). Alors j'ai décidé de monter plus haut. Je vais vite passer les détails. Pourquoi ? Ben parce qu'on s'en tape. Après ça j'ai fait une pause. Damien me faisait oublier un minimum mes problèmes. Mais çà ne suiffisait pas. Non, ce n'était jamais assez. Pause assez longue selon les points de vue. Moi je l'ai trouvé bien longue cette pose. Cette fois-ci je me suis dit : il faut que je trouve un meilleur endroit. Mes yeux se sont dirigés vers ma cheville gauche. Pour je ne sais quelle raison j'ai choisi la gauche. Comme pour mon bras et ma main. Sûrement c'était plus facile étant droitier. Bref vous connaissez la chanson. Plus long, plus profonds et plus de sang. Tout comme plus de honte et de remords. Je me déteste. Ce jour là j'avais eu une énorme dispute avec ma mère. Je m'étais également pris la tête avec mes amis et Damien et on m'avait encore dit des insultes. Ce jour là j'ai aussi testé la cuisse droite. Ce n'était que le début d'un long voyage. Je ne prendrais pas tout votre temps à raconter la suite. Je suis vraiment perdu. Et je ne sais pas comment le dire à voix haute. Mais j'ai vraiment besoin...
D'aide ?
Non. C'est faux. Je ne veux pas importuner quelqu'un.
Ça va aller.
Vous devez aussi vous demander pourquoi je parle de ça. Et bien parce que vous êtes en train de lire les récits chiants d'un mec dépressif, paumé dans sa vie et suicidaire. On dit que dans la plupart des cas ça mène au suicide. Humm. Peut-être ? En tout cas si vous ne me croyais pas relisez les chapitres en ayant en tête que vous lisez un mec peut-être mort qui aura tenter quelque chose. "

Le cœur de Damien fit un bon. Les papiers qu'ils tenaient entre ses mains tombèrent par terre alors qu'il courait dehors après avoir mis des chaussures, passant à côté de Cyril sans faire attention à lui.
Il devait retrouver Thomas.

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Bon, je ne suis pas la personne la mieux placée pour ce sujet (sensible). Alors si jamais il y a quelque chose qui paraît vraiment grotesque dans mes écrits je ne suis pas contre qu'on me le dise.
Merci de continuer à lire

Le mec du bus (Terraink)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant