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(avec un jour de retard, voici le nouveau chapitre ! :D J'espère qu'il vous plaira, n'hésitez pas à laisser un petit commentaire à la fin, ça m'aide toujours beaucoup !! Merciii et bonne lecture !)

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Dans la nuit, le feu qu'ils avaient allumé fut aussi facile à repérer pour Aurore que la douleur de Set, lancinante et suffocante. Loin d'elle, il peinait à respirer, et agissait comme la bête qu'ils voulaient tous qu'il fût. Effrayé, il répondait avec de violents feulements, montrant des crocs bien acérés, à défaut d'avoir des griffes pour trancher.

S'approchant discrètement, à la faveur de l'ombre des arbres, la jeune femme détailla la scène, pendant que son pouvoir absorbait déjà la souffrance de son ami. Déjà, il ronflait moins contre ses persécuteurs, son regard cherchant autour de lui d'où pouvait provenir le secours qu'il n'espérait plus. On aurait tellement cru une proie acculée...

Ils l'avaient enfermé dans une cage aux barreaux renforcés. Avaient-ils donc si peur de lui ? Jamais il n'avait blessé personne, ni même volé une poule, ou quoi que ce fût d'autre. Il se nourrissait essentiellement des fruits de la pêche, dans le fleuve et le lac situés non loin, et même de certains légumineux. Qu'avait-il donc mérité pour vivre cela ?

Rien. Rien, sinon le fait d'être né panthère de soleil, et d'avoir été recueilli par une adolescente, dans un village qui ne l'avait jamais accepté. Les peurs ancestrales restaient collées, suintaient dans les esprits pour les embrumer. Et ensemble, à force de ressasser, de ne pas trouver d'explications pour des situations complètement différentes, ils avaient choisi un coupable tout désigné.

Comme si Set avait été un envoyé d'Arcania désigné pour les décimer.

Aurore prit un peu plus conscience du côté extrême de l'humain, qu'il fût Alchimiste ou non. Ce n'était ni la première fois qu'elle y faisait face, ni la dernière. Son Alchimie la guiderait auprès d'être encore plus blessés, encore plus tracassés, encore plus brisés.

Mais pour le moment, la seule chose qui l'importait, c'était libéré celui qu'ils avaient injustement enfermé.

Elle s'avança dans la lumière, de son pas si léger, bien que moins insouciant et aérien qu'il ne l'avait été.

— Qu'espériez-vous résoudre ? demanda-t-elle d'une voix claire.

Ainsi qu'elle l'avait prévu, tous les villageois réunis autour de la cage et du feu se turent à son approche. Sa phrase avait claqué comme un fouet, tandis que sa voix n'avait l'étoffe que de la soie. Pourtant, nul reproche n'avait été formulé. Nulle sentence encore prononcée. Avait-elle ce pouvoir ? Peut-être... sûrement. Toutefois pas de son côté.

Elle fit encore quelques pas, d'un rythme apaisé. Personne ne lui répondit. Tous la fixaient, un mélange d'horreur, de peur, de malaise et de répulsion sur le visage. Là où elle n'avait trouvé autrefois que sourires et réconfort, elle ne récoltait que déception et rictus dépités.

— Répondez-moi. Qu'espériez-vous résoudre ? répéta-t-elle.

Alors que le silence seul l'enveloppait, elle poursuivit.

— Setareh est un infirme pour sa race et un innocent pour la meute que vous formez. Vous l'avez capturé et maltraité, blessé, alors que sa vie n'est qu'une souffrance perpétuelle, atténuée par ma seule présence. Vous le traitez de monstres, mais c'est vous qui agissez comme tels, ce soir. Il ne vous a jamais causé de tort, et vous en avez fait le responsable de tous vos maux...

— Tu ne sais rien ! vitupéra un Ancien, ulcéré. Tu n'aurais jamais dû le recueillir !

— Et vous n'auriez jamais dû le capturer ! rugit la jeune femme.

L'Alchimiste des DouleursWhere stories live. Discover now