Chapitre 8

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[réécrit]

Le médecin ne semblait pas vouloir quitter la chambre d'Alexandre et malgré les nombreuses plaintes de sa sœur, Arthur parvenait à la garder près de lui encore quelques minutes avant que la porte d'entrée en bois massif ne claque soudainement. Cela ne pouvait être que son père et elle savait que les prochaines heures ne seraient pour elle pas de tout repos. Les tremblements de son corps trahissaient son anxiété alors que l'homme montait les escaliers d'un pas lourd. Elle essayait tant bien que mal de se cacher derrière Arthur avant de se reprendre.

- Père.

Il fronça automatiquement les sourcils, dévisageant la jeune femme avec dégoût.

- Marguerite ! Où diable étiez-vous passez ? J'ai honte d'avoir engendré quelqu'un de pareil. Prendre la fuite, mais quel âge avez-vous ?

Comprenant l'embarra de sa compagne, Arthur pris les devants, ne laissant au géniteur tyrannique la possibilité d'humilier sa fille.

- Monsieur de Lacour, il lui fit une petite courbette avant de reprendre, Arthur de Rochefort, fils duc Victor de Rochefort. Nous avons aménagé près d'ici il y a quelques temps.

Ils se dévisagèrent quelques instant.

- Je l'ignorais. Que faites-vous chez moi ?

Le regard d'Arthur dévia sur Marguerite, avant de revenir sur son père. Les sentiments qu'il éprouvait pour elle le poussaient à vouloir la protéger et la sortir de l'enfer dans lequel elle vivait jusqu'à présent.

- Monsieur, je souhaiterais m'entretenir en privé avec vous.

Il acquiesça et se retourna sans un mot. Arthur pris la peine de déposer un petit baiser sur la main de la femme à ses côtés avant de suivre cet homme qui lui paraissait si hostile.

Une fois les deux hommes enfermés dans le bureau de son père, Marguerite se sentait mal à l'aise, seule au milieu de ce grand couloir dans lequel elle avait grandi. Elle parcourrait l'étage de long en large, se sentant soudain épuisée, dépassée par les évènements. Jamais de sa vie elle n'avait ressenti autant de sentiments contradictoires. Elle était exténuée. L'affection soudaine qu'elle éprouvait pour Arthur, l'inquiétude pour son frère et la terreur envers son père... Et qu'allaient-ils se dire lors de cette entrevue ? Cela la concernait forcément et elle avait peur. Et si ce qu'ils se disaient ne plaisait pas à son père ? Elle craignait les futurs agissements de son père si la conversation ne lui plaisait vraiment pas.

Le médecin sorti finalement de la chambre après ce qui lui semblait être un temps interminable, elle le prit à peine le temps de le remercier avant de se jeter au chevet de son jumeau. Elle lui prit la main en embrassant sa joue avant de s'assoir près de lui. Il dormait déjà profondément et ne voulant pas le déranger plus que de raison, elle l'embrassa une nouvelle fois avant de quitter la pièce. Elle aperçue Arthur revenir du bureau de son père, renfermé, le visage impassible. Son père le suivait de près pourtant, la tension qui régnait dans l'air ne présageait rien de bon.

- Très chère, se fut un plaisir d'avoir fait votre connaissance. J'espère sincèrement que nos chemins se recroiseront un jour.

Elle ne prit même pas la peine de cacher son désespoir, elle avait tellement espérer de cette rencontre mais le regard qu'il lui lança en retour la laissa sans voix. Elle pouvait voir à quel point il s'en voulait, à quel point il était désolé de ne pas pouvoir l'emmener avec lui. Le cœur serré, il quitta les lieux sous les ordres du propriétaire, sans pour autant s'empêcher un dernier regard par-dessus son épaule...

A peine les étrangers eurent quitté la pièce que monsieur de Lacour haussa le ton sur la femme qui lui servait de fille. Elle lui faisait honte, et il se devait de lui faire comprendre.

- Comment expliquez-vous que cet homme puisse venir me voir pour me demander votre main sans bien même que nous ne le connaissions un tant soit peu ?

Marguerite se sentit rougir, elle était heureuse que cet homme qu'elle connaissait à peine ait eu le courage de faire une telle démarche pour la sauver. Mais son départ précipiter ne pouvait expliquer qu'un refus de la part de son père, elle lui était silencieusement reconnaissante d'avoir essayé.

- Je ne sais pas, père.

- Vous y êtes forcément pour quelque chose, il ne me demandait rien en échange de votre union. Il vous a forcément dépuceler et voulait sans doute m'éviter la honte d'avoir à marier une putain pareille. Mais rassurez-vous, après votre petite escape, j'ai pris le grand soin de vous sélectionner un époux qui saura vous tenir comme il se doit.

Il ne lui fallut pas plus de temps pour comprendre où son géniteur voulait en venir, et le frémissement de terreur qu'elle échappa, ne manqua pas de le satisfaire.

- Non, père, je vous en supplie.

- Je n'ai que faire de vos supplications, vous devriez m'être reconnaissant de vous avoir trouvé un homme, ce M. de Rochefort vous a enlevé la seule once de valeur que vous possédiez.

- C'est faux, M. de Rochefort est un homme tout à fait respectable et...

Il ne la laissa même pas terminé sa phrase, outré qu'elle puisse tenir de tel propos, l'innocence et la virginité de sa fille était tout ce qui lui restait de bon pour qu'il espère la marier et il ne supportait pas qu'elle prenne la défense de l'homme qui lui avais probablement enlevé l'espoir de se débarrasser une bonne fois pour toute d'elle.

- Il vous a donc si bien payé pour que vous preniez sa défense de la sorte.

- Non...

- Qu'importe, il vous attend, je me ferais un plaisir d'emmener Alexandre au théâtre ce soir.

- Mais vous ne pouvez pas. Il n'est pas en état de sortir.

- Bien évidemment que si il peut, il peut très bien aller au théâtre. De toute façon, il n'a pas le choix.

- Mais père...

- Ne discutez pas. Et dites à votre frère de descendre.

- Bien père.

Elle n'ajouta rien, son sort était scellé, elle n'avait plus d'autre choix. Elle aida Alexandre à descendre les escaliers pour aller rejoindre leur père. Ce dernier emmena Marguerite dans ses appartements où effectivement, un homme l'attendait, il était plutôt grandet aurait pu être un homme magnifique si son regard n'était pas si sombre et terrifiant. M. de Lacour lui chuchota quelque chose à l'oreille avant de parti.

- Alors comme ça, vous avez joué les putains. Puisqu'il en est ainsi je vais vous traiter comme telle.

- Non.

La terreur qu'elle éprouvait était sans égard, elle ne voulait pas d'un quelconque rapport avec cet homme et encore moins son pas vers les ce qui se décrivait comme les délices de la chair, à cet instant, elle les voyait comme un nouveau moyen de torture, et rien d'autre.

- Figurez-vous que vous n'avez pas le choix. C'est le prix à payer pour avoir ouvert vos cuisses à n'importe qui.

Marguerite ne dit rien, se contentant de serrer les dents pour empêcher ses larmes de couler, sachant que chaque mot qui sortirait de sa bouche se retournerait contre elle...

Mlle. De LacourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant