Chapitre 19

23 5 3
                                    

-Je crois que nous devons discuter vous et moi.

Suite au ton sans appel que l'homme avait utilisé, Marguerite ne put protester. Dans le bureau, bureau qui lui rappelait de nombreux souvenirs obscurs, son père, qui avait fait le voyage jusqu'ici, reprit la parole.

-Sept mois. Je suis étonné. Je m'étais rendu compte de l'attirance que vous portait cet homme mais je ne pensais pas à ce point. Pourquoi fuyez-vous ainsi ?

-Je veux juste ma liberté. Je veux pouvoir vivre librement et avec l'homme que j'aime. Vous m'avez promise à un homme violent, alors que j'avais trouvé un homme aimant, beau et riche. Je veux pouvoir monter à cheval si cela me chante, je veux pouvoir enlacer l'homme que j'aime sans avoir peur d'être surprise, je veux pouvoir vivre sans avoir peur de mourir !

Face à cet affront qu'elle venait de lui faire, il la gifla avec violence.

-Une fille de votre rang ne peut pas se permettre de pareille réflexion, votre frère jumeau, quant à lui, il incarne la politesse pure et simple. Prenez exemple sur lui.

-Mais je ne suis pas mon frère ! La preuve, lui a pu épouser la femme qu'il aime alors que je suis condamnée à subir les violences de ce monstre.

-Peu importe. Vous êtes ici désormais et y resterez jusqu'à la fin de votre vie.

Il s'éclipsa ensuite sans un mot de plus laissant la femme seule et déconcertée dans cette grande pièce. Au cours de cet entrevu le ton de son père était resté neutre et hormis la gifle reçue, elle s'en sortait très bien.

Une nouvelle nausée fut son apparition et elle se précipita vers sa salle de bain pour y vider son estomac. Elle n'avait pas de température. Juste ces nausées qui apparaissaient et disparaissaient sans raison. Elle réfléchit un moment à une option pour trouver un nom à ce qui lui arrivait quand enfin elle comprit. Comme une illumination. Cependant, au lieu de se réjouir de la situation, elle ne put empêcher ses larmes de couler. Elle était enceinte. Et pourtant, son enfant ne pourra probablement jamais connaître son véritable père. Son enfant ne pourrait probablement pas survivre si son mari continuait de la frapper. Elle n'aurait donc plus son cycle mensuel, il se rendrait compte de quelque chose. Elle ne vit qu'une seule solution, ce soir, elle allait s'offrir à l'homme qu'elle méprisait tant. Ainsi, peut-être qu'en lui avouant qu'elle était enceinte quelques semaines plus tard, il penserait que l'enfant serait le sien et, par chance, lui laisserai poursuivre ses neuf mois de grossesse sans coup ni blessure.

Elle entendit la porte de la chambre claquer. Elle fit donc la seule chose qui lui paraissait évidente, elle commença à sortir, une à une, chaque pièce de sa tenue, se trouvant ainsi nue face à son miroir. Quand la porte s'ouvrit, elle rencontra le regard emplit de désir de l'homme qui la violentait, retenant un frisson de dégout, elle le laissa faire ce qu'elle n'avait jamais consenti jusqu'à présent. Son mari s'approcha et déposa quelques baisers dans son cou avant de l'emporter dans le lit.

***

La nuit qu'elle passa en compagnie de l'homme fut agité. Impossible pour elle de fermer l'œil alors qu'il dormait dans le même lit qu'elle. Chose qu'il avait toujours méprisé au plus haut point. Il lui avait montré ce soir une facette de sa personnalité beaucoup plus délicate de ce à quoi elle s'attendait, elle n'avait pas apprécié pour autant, mais elle se dit qu'elle pourrait bien devenir ce qu'elle avait toujours refuser d'être, une femme faible, s'il devait la traiter comme ça tous les jours.

***

Comme prévu, son cycle mensuel ne fit pas son apparition mais, pour rester le plus convaincante possible, elle fit la femme étonnée.

-Joséphine !

-Oui, madame.

-Il y a un problème, je n'ai pas saignée ce mois-ci.

-Comment ? Mais, cela voudrait dire que vous... La dernière fois que vous et monsieur vous êtes retrouvé, quand cela était ?

-La semaine précédente, je... je crois que je... je suis enceinte.

Une dame de chambre qui passait devant la porte entendit la conversation et ne put s'empêcher de pénétrer dans la pièce pour féliciter la future mère.

-Seigneur, soit loué. Mes félicitations madame. Vous allez nous faire là un magnifique enfant.

-Merci, mais je vous prie de ne rien dire à mon mari, je tiens à le lui annoncer la nouvelle moi-même.

-Mais bien-sûr, madame. Toutes les félicitations.

En repartant de la pièce, elle lâcha quelques petites exclamations telle que « Seigneur ! », « Oh mon dieu ! », « un enfant ! » ou encore « quel bonheur ! ». Au moins, la nouvelle réjouissait certaines personnes ici.

Quand elle rejoignit son mari pour le déjeuner, elle lui annonça la nouvelle.

-Monsieur, je suis enceinte.

Ne s'attendant certainement pas à une telle nouvelle, il ne trouva pas les mots de suite.

-Comment ?

-Et bien, depuis la nuit que nous avons passé ensemble, quelques jours après, j'ai commencé à avoir quelques nausées, je pensais simplement être malade mais je n'ai pas saigné ce mois-ci alors...

-C'est fantastique ! Bientôt, j'aurais un héritier ! Je peux dormir tranquille maintenant, mon descendance est assurée !

Elle fut surprise par cet élan de gaieté mais ne fut que plus satisfaite de l'effet qu'avait eu son mensonge. Evidemment, ce n'était pas lui le père de cet enfant mais personne ne pouvait le savoir. Elle n'espérait plus qu'une chose, que, quand l'enfant grandira, il lui ressemble e non à Arthur, sinon, s'en était la fin pour elle mais elle chassa ses pensées maussades pour continuer sa comédie et suivit son mari dans la joie qu'il dégageait.

***

Les mois passaient et son mari n'avait pas une seule fois levé la main sur elle.

Alors qu'elle se promenait tranquillement dans les allées de son jardin, elle senti un liquide s'écouler d'entre ses jambes. Elle venait de perdre les eaux. Elle courut vers la maison et appela des dames pour lui venir en aide. Une d'entre elle se précipita pour aller chercher le médecin tandis que l'autre alla chercher monsieur du Cossous. Les autres l'aidèrent à montrer dans sa chambre.

Après de longues heures de travail intense et de souffrance, la femme donna naissance à un magnifique petit garçon. Un petit Louis fit son apparition dans la demeure. Un garçon. Le mari n'était que plus fier d'avoir un fils. Tout son patrimoine lui reviendrait. Il n'avait plus aucun soucis se faire quant à l'avenir de ses affaire. Enfin, c'est ce qu'il croyait.

Mlle. De LacourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant