Chapitre 20

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Elle était si fière de son enfant. Il lui ressemblait comme deux gouttes d'eaux, et heureusement. Mais elle avait pensé à tout. Si jamais il aurait ressemblé à son père, elle avait rédigé une lettre qu'elle aurait remise à Joséphine, son amie et femme de chambre, qui, pour l'occasion, lui aura servi de sage-femme, pour qu'elle prenne l'enfant et l'amène à Arthur. Cela lui aurait probablement déchiré le cœur, mais elle était prête à tout pour le bonheur de son enfant. Son plan était parfait. Dans sa lettre, elle s'excusait d'être partie mais que l'enfant lui avait, au moins, assuré huit mois de tranquillité. Elle lui demandait de dire à son enfant à quel point elle l'aimait et qu'elle regrettait de ne pas pouvoir le voir grandir. Une seconde lettre lui était adressée quand il aurait l'âge de pouvoir la comprendre. Elle avait tout prévu. Elles auraient ensuite fait passer l'enfant comme mort-né et se serais suicidée, sachant que son mari le lui aurait fait payer. Les gens n'auraient rien trouvé à redire passant son acte sous la détresse d'une mère ayant perdu son enfant trop tôt.

Mais rien de tous cela ne s'était passé. L'enfant lui ressemblait en tout point, bon gré, mal gré, elle ne savait pas, mais elle était cependant heureuse de pouvoir garder son enfant. Elle n'était plus seule, elle se devait d'être à la hauteur de ce petit homme qui n'attendait qu'une chose, grandir et apprendre. Jamais il n'aurait la chance de rencontrer son père biologique, mais elle s'était promis que, si jamais son mari osait lever la main sur le fruit de ses entrailles, le résultat de son amour pour un homme qu'elle ne pouvait pas avoir, elle l'enverrait directement chez Arthur. Il l'accueillerait sans hésitation, elle en était persuadée.

***

Pour son quinzième anniversaire, l'enfant, devenu maintenant un véritable jeune homme dont la bonté égalait celle de ses parents biologiques se vit offrir par son père, un magnifique étalon. Un étalon racé avec une robe aussi pure que son âme, il était capricieux et sensible mais les deux, aussi fougueux l'un que l'autre avait trouvés en leur deux être une part de réconfort. Louis avait trouvé chez l'animal une façon de combler le vide qui s'était installé au fil des années.

-Louis, mon enfant, que dirais-tu d'une petite balade à cheval, rien que tous les deux ?

Sa mère, il l'aimait plus que tout au monde, il ne la remercierait jamais assez de lui avoir apporté autant d'amour et de tendresse, sans elle, il aurait sans doute laissé tomber l'enseignement dur et forcé que lui avait apporté l'homme qu'il ne considèrerait jamais comme son père. Il l'avait déjà entendu porter des propos injurieux sur sa mère et plus d'une fois il l'a vue sortir du bureau de l'homme les yeux bordés de larmes. Sa mère était la femme la plus forte qu'il avait rencontrée et il voulait tout faire pour lui faire quitter cet enfer mais jamais il n'avait osé lui avouer qu'il connaissait les atrocités que son père lui avait fait subir. C'était peut-être l'occasion. Après avoir pensé et sellé leurs chevaux, ils partirent ensemble sur le chemin.

-Mère, j'ai quelque chose à vous avouer.

-Voyons, Louis, ton père n'est pas ici, tu peux te passer de telles courtoisies.

-Maman, je... je sais ce qu'il te fait.

-Pardon ?

-Père, je sais qu'il... qu'il te frappe.

La jument s'arrête brusquement sous les ordres de sa cavalière et l'étalon plein de fougue trépignait sur place à l'idée de s'arrêter alors que le champ qui se présentait maintenant à eux n'attendait plus qu'à être piétiné par le martellement des sabots au galop.

-Comment ?

-Je l'ai entendu plusieurs fois et puis... à chaque fois, tu ressortais en pleurs de son bureau.

-Oh, Seigneur. Je suis désolé. Je ne voulais pas que connaisses la partie sombre de ton père. Il...

-Ne lui cherches pas d'excuses, il y a bien longtemps de cela que je ne le considère plus comme mon père. Je me demande comment tu as bien pu épouser un tel homme.

-J'ai été forcée. Mais... Je...

Sentant sa mère hésiter, il la laissa réfléchir mais repris tout de même la marche, sentant entre ses jambes l'animal s'exciter au plus haut point. La jument suivit. Marguerite regarda son fils puis après un regard, s'élança à toute vitesse à travers la campagne. Ne sachant où sa mère voulait l'emmener, il la suivit sans hésitations. Cependant, une fois arrivé devant le portail ouvert de la propriété d'un riche homme dont la réputation en ville était plus que satisfaisante, il s'arrêta.

-Maman, arrêtes-toi. Tu es folle. Nous n'avons pas le droit de rentrer sur cette propriété.

-Tais-toi et suis-moi. C'est ici que tu aurais dû grandir pas dans cette horrible maison avec cet homme.

-Mais qu'est-ce que tu racontes ?

En rentrant sur la propriété, Louis était plus que tendu, M. de Cossous lui avait strictement interdit de rentrer dans cette propriété et pourtant, il affrontait l'interdit, lui qui avait été si obéissant. Pourtant, sans savoir pourquoi, il savait que suivre sa mère était la bonne solution.

Mlle. De LacourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant