OS37 Guerrière

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Astrid se précipita à travers le village, à la recherche d'une certaine hutte où elle aurait passé son enfance. Elle ne trouva rien. Seulement des ruines, des gravats, du bois, des pierres et de la poussière. Elle n'était pas là. Elle n'était pas là quand Dagur avait attaqué Beurk, réduisant sa maison en un tas de poussière. Elle n'avait pas pu protéger sa famille. Elle sentit un immense sentiment d'impuissance l'envahir. Elle voulait pleurer. Mais elle se retint. Une guerrière ne pleurait pas.

Nerveusement, elle chercha sa famille des yeux. Elle trouva assez facilement son frère, Brand, en compagnie de sa femme, Dille, et de leur fils de deux-trois ans. Brand se dirigeait vers elle, un certain dragon le suivant de près. Ce dragon était la raison pour laquelle Astrid avait repéré Brand si facilement. C'était Flamboyant, le Typhonmrang doré de son frère.

Elle interrompit le cours de ses pensées et accourut vers Brand, s'arrêtant pile devant lui.

-Vous allez bien ? demanda-t-elle précipitamment. Où sont Papa et Maman ?

-Je..., hésita Brand, les yeux tristes. Nous étions sur la place du village quand Dagur a attaqué. Flamboyant nous a tout de suite protégé de ses ailes pendant l'attaque. Tu connais la capacité des Typhonmrangs à former un cocon avec leurs ailes. On a rien et Flamboyant non plus. Mais... Papa et Maman étaient à la maison. Leurs dragons n'étaient pas avec eux. Ils sont...ils sont morts...

Astrid accusa durement le coup. Ses parents ? Morts ? Non, elle ne voulait pas y croire. Ce n'était pas possible. Elle allait se réveiller. Tout n'était qu'un affreux cauchemar.

Pourtant, elle dû admettre la vérité quand elle sentit des écailles sur son bras. Elle tourna la tête et vit Rock, le Gronk de son père, et Fire, le Cauchemar Monstrueux de sa mère (oui les Hofferson ont beaucoup d'imagination pour le nom de leurs dragons). En les voyant si triste et au plus bas, elle ne put espérer encore bien longtemps. Tout cela n'était pas un rêve. Ses parents étaient morts.

Elle retint à grandes peines les larmes qui lui montaient aux yeux.

-Astrid..., commença Brand.

Mais elle ne l'écouta pas et s'enfuit à toutes jambes vers la forêt, sous les yeux de son frère, Tempête et des autres dragonniers.

Brand la regarda partir tristement. Puis, il échangea un regard entendu avec Harold. Il connaissait la relation qu'entretenaient les deux adolescents. Et il savait que seul lui pourrait espérer arriver à la calmer.

Harold hocha la tête et grimpa sur Krokmou qui s'envola. Le dragon n'avait même pas besoin qu'Harold lui dise où aller. Il savait déjà.

•••

Et comme Harold s'y attendait, ils trouvèrent Astrid dans le Gouffre des Corbeaux. Elle avait sa hache à la main et la regardait fixement, assise sur un rocher. Elle semblait hésiter entre la colère contre Dagur et la tristesse d'avoir perdu ses parents.

Harold mit doucement pied à terre et fit signe à Krokmou de s'éloigner. Il savait qu'Astrid ne ferait que se renfermer davantage s'il y avait le moindre témoin autre que lui. Krokmou comprit et alla se pendre par la queue comme une chauve-souris à l'arbre le plus éloigné. Il ferma les yeux et rabattit ses oreilles pour entendre le moins possible. Il connaissait Astrid. Et même si c'était ridicule, sachant qu'il était un dragon et qu'il n'irait sûrement pas répéter ça à tous les Beurkiens, elle en avait besoin pour parler librement.

Harold s'approcha lentement. Il ne savait pas si elle l'avait remarqué ou pas. Il avait atterri dans son dos et elle ne s'était pas retournée. Mais il ne savait pas si c'était parce qu'elle ne l'avait pas entendu ou parce qu'elle n'avait simplement pas envie de se retourner. Il optait plutôt pour la deuxième option. Surprendre Astrid était assez compliqué.

Son intuition se confirma quand elle parla :

-Qu'est-ce que tu veux ?

Il savait qu'elle ne pensait pas ce ton sec. Mais elle était mal et c'était sa manière de se protéger.

-Astrid, soupira-t-il en passant devant elle.

Étant assise sur un rocher, elle le dépassait. Il leva les yeux vers elle et vit qu'elle n'avait pas arrêté de fixer sa hache. Devait-elle la lâcher et pleurer la mort de ses parents ou la lancer dans l'écorce d'un arbre pour exprimer sa colère ? Elle ne savait pas.

Doucement, Harold posa sa main sur le manche de l'arme et essaya de la prendre. Elle résista pendant une seconde mais devant la poigne ferme d'Harold, elle desserra lentement les doigts. Harold déposa la hache sur le sol.

-Astrid, commença-t-il doucement. Je ne sais sûrement pas ce que tu ressens mais je sais que ça ne sert à rien de l'enfermer. Tu ne fais que te faire encore plus de mal.

Astrid ne répondit pas et détourna la tête.

-Je sais que tu es une Viking, une guerrière inébranlable, qui ne fléchit jamais devant l'ennemi, qui ne laisse jamais rien paraître, aussi impassible qu'une pierre mais..., je sais aussi que ce n'est en partie qu'une façade. Ne te force pas à devenir ce que tu n'es pas.

Astrid retourna le regard vers lui et Harold put voir toute sa tristesse qu'elle essayait de contenir.

-Tu es une Viking courageuse, brave, puissante et aguerrie, aucun doute là-dessus, reprit-il, toujours sur le même ton. Mais tu es loin d'être quelqu'un d'insensible et inébranlable. Tu m'as montré plusieurs fois le contraire. N'enferme pas tout. Ce n'en est que pire.

Au fur et à mesure qu'il parlait, les yeux d'Astrid se remplissaient de larmes.

-Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter quelqu'un d'aussi parfait ? pensa-t-elle.

Même dans les moments les plus dures, il arrivait toujours à trouver les mots pour alléger sa peine. Il avait raison. Se renfermer ne faisait qu'augmenter sa tristesse. Alors, elle explosa en pleurs.

Immédiatement, Harold la prit dans ses bras et elle enfouit son visage dans son cou. Il sentit très vite ses larmes sur sa peau.

Elle resta ainsi un long moment, à pleurer alors qu'Harold lui frottait le dos et lui parlait pour la calmer.

Finalement, après de longues et interminables minutes, ses pleurs se tarirent et ses épaules cessèrent de se secouer au rythme de ses sanglots.

Elle se recula lentement. Harold vit qu'elle avait les yeux rouges et gonflés d'avoir tant pleurer. Il lui sourit doucement.

-Être triste et le montrer n'est pas une faiblesse, dit-il. Loin de là. Avoir un cœur n'a jamais été un défaut.

Elle lui rendit faiblement son sourire.

-Je crois que tu devrais aller voir Brand, poursuivit Harold. Vous avez besoin l'un de l'autre aujourd'hui.

Elle hocha la tête et s'essuya rapidement les yeux. En voyant qu'elle essayait de reprendre le contrôle de sa respiration encore saccadée, Harold lui prit les mains :

-Je suis sûr qu'il a pleuré aussi, assura-t-il. Ce n'est pas une honte. Pas besoin de le cacher. Allez, viens, on y va.

Elle accepta et bientôt, les deux étaient de retour dans le village.

Aussitôt qu'il la vit, Brand se précipita pour serrer sa petite sœur dans ses bras et Harold vit une larme s'échapper de son œil.

Harold rejoignit Dille et les deux échangèrent un regard triste avant de monter sur leurs dragons respectifs, Dille asseyant son fils devant elle, avant de décoller pour laisser le frère et la sœur pleurer leurs parents en paix.

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