OS53 Chef

1.3K 76 21
                                    

Je tiens à dire que cet OS est largement (très largement) inspiré par un fanart, que vous connaissez sûrement d'ailleurs. C'est celui au-dessus. Bravo à l'artiste !

Baquet et Mulch lui adressèrent une nouvelle fois leurs condoléances et s'éloignèrent, la tête basse.

Harold soupira encore une fois, comme il le faisait depuis des heures et des heures, alors que chaque membre du village venait un par un lui adresser de belles paroles qui se voulaient désolées et compatissantes. Il prit une nouvelle gorgée de sa chope, la vidant cette fois. Il croisa les bras sur la table et posa sa tête dessus, avec un soupir las.

Il se trouvait présentement dans la Grande Salle, qui était éclairée par une dizaine de braseros accrochés au mur tout autour de la salle, ainsi que par l'immense feu qui prenait place au milieu de la table centrale. Assis autour de sa table, ses amis prenaient également une chope en sa compagnie. Contrairement à d'habitude, la Grande Salle était plutôt silencieuse, et ce silence se faisait d'autant plus ressentir aux alentours de la table d'Harold.

Drago Poing-Sanglant avait beau être vaincu il y a près d'une semaine, il avait laissé une marque indélébile. La perte d'un chef.

-Chef, je suis vraiment désolé pour la perte de Stoïk, c'était un homme bon et courageux et un excellent chef, dit Urik, un large Viking à la barbe blonde. Mais ne vous en faites pas, on comprend votre peine, vous allez y arriver.

Il donna une accolade compatissante à Harold avant de s'éloigner. Le brun n'avait pas pris la peine de lui répondre. Voilà des jours que le village lui adressait ses condoléances, sans relâche. Harold était sûr d'avoir vu passer chaque villageois au moins deux fois. Il aperçut du coin de l'œil un autre Viking s'approcher de lui. Il retint un grognement d'agacement.

-Stop, interrompit le jeune chef avant même que le pauvre Talrich n'ait pu ouvrir la bouche. Je sais ce que tu vas dire et c'est pas la peine.

Talrich se figea et fronça les sourcils, sans comprendre.

-Mais-, essaya-t-il.

-Non, c'est bon, tu peux t'en aller, ça ne m'intéresse pas, coupa de nouveau Harold d'une voix plus dure.

Talrich afficha une expression vexée avant de partir d'un pas fier.

-Harold, calme-toi s'il te plaît, demanda Astrid en posant une main sur l'épaule du brun.

-Pas la peine de s'énerver comme ça Harold, renchérit Gueulfor.

Harold lâcha un soupir frustré et baissa de nouveau la tête. Astrid l'observa avec des yeux inquiets et prit sa main dans la sienne.

-Harold, viens on rentre, ça te fera du bien, dit-elle en le faisant se lever.

Harold suivit sans protester mais lorsqu'il entendit les paroles suivantes de la blonde, il explosa :

-Je sais que c'est dur mais tu dois rester fort Harold, ton village a besoin de toi.

Son sang ne fit qu'un tour dans ses veines et la colère s'empara soudain de lui, un peu aidé par l'alcool.

-Je te demande pardon ?! s'exclama-t-il d'une voix rageuse en se dégageant d'un geste brusque. Rester fort ?! Astrid, est-ce que c'est ça que tu veux ?! Que je laisse tout glisser sur moi sans rien dire ?!

Astrid le regarda avec un air incrédule, étonnée de sa réaction.

-Harold, peut-être que-, commença Rustik.

-Non ! hurla soudain le jeune chef en se retournant vers la table où ses amis étaient assis. Peut-être que rien du tout Rustik ! Tu ne sais pas ce que je ressens, aucun d'entre vous ne le sait !

Dans la Grande Salle, ses cris résonnaient pleinement et toute l'attention était maintenant braquée sur lui. Ce dont il était parfaitement conscient. Cette dernière semaine avait été horrible pour lui. Chacun en allait de son petit commentaire, sur comment il comprenait sa douleur, sur comment il le soutenait.

-Vous avez tous le droit de vous plaindre, de pleurer, d'être triste ! poursuivit Harold en s'adressant à présent à toute la Grande Salle. Vous me dites tous que vous me comprenez, que vous ressentez la même chose ! Vous vous lamentez de l'absence de Stoïk à longueur de journée et moi, moi je n'ai pas eu le droit de prendre une seule minute pour moi depuis une semaine !! Je dois « rester fort », parce que ce village a besoin de moi ! Je n'ai pas le droit d'être triste, parce que « ça donnerait le mauvais exemple » ! Mais est-ce qu'un seul d'entre vous peut imaginer ce je ressens ?!

Aucune réponse ne vint, un silence de mort s'était abattu sur la Grande Salle. Harold sentit sa colère retomber brusquement, laissant place à une tristesse ravageuse, détruisant toutes ses forces d'un seul coup. Il laissa ses bras retomber le long de son corps et ses yeux se remplirent soudain de larmes.

-Vous avez perdu un chef ! sanglota-t-il. Moi j'ai...j'ai perdu mon père...

Il éclata en sanglots et s'effondra sur un banc, la tête entre les mains.

Le silence perdurait dans la Grande Salle. Chacun des Vikings échangeaient des regards coupables en réalisant ce que leur nouveau chef devait endurer chaque jour.

Les épaules du brun étaient secouées de sanglots incontrôlables et des larmes coulaient à flots sur ses joues. Astrid n'osa pas s'approcher. Elle savait qu'Harold repoussait toute aide dans des cas comme celui-là.

Un petit garçon d'environ deux ans observait la scène de derrière les jambes de sa mère et il sortit soudain de la foule pour se diriger vers Harold. A vrai dire, le petit Arvid n'avait pas vraiment compris quel était le nouveau titre d'Harold mais ce qu'il avait compris, c'était que le dragonnier avait perdu son père.

Le petit blond s'approcha du brun. Harold releva la tête en l'entendant arriver, étonné.

-Moi aussi mon papa, il est mort, dit Arvid en penchant la tête sur le côté. Il était malade quand j'étais bébé et je l'ai jamais vu.

Harold observa Arvid avec une expression stupéfaite, avant que ses yeux ne se remplissent de nouveau de larmes. Il passa soudainement ses bras autour du petit blond et le serra contre lui de toutes ses forces.

Si seulement tout le monde avait un cœur aussi gros que celui des enfants.



Des suggestions ?

Si tu voulais m'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant