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 Je plante un sourire qui se veut détendu, mais qui est probablement crispé, sur mes lèvres, puis prend une grande inspiration. Autant commencer le plus logiquement.

-Salut Yukihito!

Il ne répond pas tout de suite, et m'observe un instant.

-Tes lèvres sourient et tes yeux pleurent, tu sais ? Ne te force pas a sourire si tu ne le veux pas, Sayako. J'ai été odieux avec toi la dernière fois.

-Oui, mais tu me manques... Et tes paroles n'étaient pas dénudées de sens, alors... Enfin, je ne suis pas entrain de te dire que ce que tu m'as crié l'autre fois m'a fait plaisir, loin de là.

-Haha, j'imagine bien. dit-il, un sourire fugitif passant sur son visage.

-Tu... T'accepterai de me pardonner, et de redevenir ami avec moi ?

-... J'ai l'impression que t'as rien compris à la situation... dit-il, en fronçant les sourcils.

-Si, je comprend tout, et je serais ravie de redevenir amie avec toi, et que la relation qu'on avait avant revienne ! dis-je, tout sourire, malgré ma très forte envie de pleurer.

Il ouvre la bouche, avant de tourner la tête. J'ai l'impression qu'il cherche ses mots.

-... T'as vraiment pas compris.dit-il, avant de me dépasser et de partir.


Ce que je ne comprends pas, c'est surtout son comportement ! Je vois vraiment pas ce que j'ai mal interprété, ou mal dit. Mon stresse a évolué en incompréhension, et je reste là, les bras ballants, sans savoir quoi dire. Je le regarde partir, avant de me rappeler la raison pour laquelle je suis là. À peine ais-je fait un pas dans la direction qu'il a emprunté, qu'on me tire par le bras. Et avant même de tourner la tête, je sais qui a fait ça.

Isuzu, une pomme d'amour dans une main, et l'autre accrochée à mon kimono, me regarde avec étonnement. Keiji, à côté d'elle, exprime exactement la même émotion, ce qui rend la scène assez comique. Ils ont tous les deux la bouche ouverte et les yeux grands ouverts, comme des poissons en manque d'oxygène.

-Si vous pouviez voir vos visages ! je pouffe. Qu'est-ce qu'il vous arrive ?

-Tu... Tu recommences à nous parler ? T'as discuté avec Yukihito ? demande Keiji, très sérieux.

-Oui pour les deux. Enfin, si on peut appeler ça discuter. je soupire, encore perplexe face à mon échange avec Yuki.

-Tu nous reparles vraiment, alors... dit Isuzu, les yeux toujours grands ouverts.

-Oui. Mais je suis surtout là pour vous dire qu'on rentre là ! Et... Et j'imagine qu'il faut que je retourne chercher Yukihito... dis-je en me tournant vers là où il s'est échappé.

-Un coup de main, ça te dirait ? me demande Keiji, avec sa gentillesse habituelle.

-Et bien, disons que ça m'aiderai... Merci beaucoup !


Mes nouveaux-ex-amis acquiescent en souriant, puis nous nous séparons, chacun de notre côté. Je décide de me rendre à peu près dans la direction qu'a prit Yuki, mais me rend vite compte que ce n'est pas ça qui va m'aider à le trouver plus vite. Je fais un tour entier du temple, avant de finalement le trouver, assis sur un rebord, à l'écart de la foule, et des stands. La tête dans les mains, il ne semble pas m'avoir vu arrivé. Je me demande si il s'est endormi ?... Bien que ça me semble assez étrange, le manque de sommeil est la seule raison logique, qui expliquerait les paroles bizarres qu'il m'a soutenu tout à l'heure.

-Je pensais que tu ne me suivrais pas. dit-il à mon intention, me faisant sursauter.

-Et moi je pensais que tu te serais mieux caché !

-Pourquoi t'es venue ? demande-t-il en me regardant, cette fois-ci.

-Les parents m'ont demandé de venir te chercher, ainsi Isuzu et Keiji... Et je voudrais comprendre ce que t'as dit tout à l'heure. Qu'est-ce que j'ai pas compris, au juste ?

-...

-Allez, dis-moi ! J'ai dû faire un gros effort pour venir te parler, et toi tu me rembarres d'une façon horrible ! Je t'en prie...

-C'est moi. dit-il simplement.

-... Quoi ?... Je ne... dis-je, en fronçant les sourcils.

-C'est moi qui suis sensé m'excuser, c'est moi qui suis sensé être celui qui se fait pardonner ! Tu m'as défendue, et tout ce que j'ai fait c'est te balancer des choses affreuses à la gueule. Et après ça... Après ça tu n'es plus jamais venue me parler. Plus un sourire, même plus un simple «bonjour »...

-Mais pourtant tu faisais comme si de rien était... Je pensais que c'était toi qui m'en voulais... J'essayais simplement d'oublier Isuzu...

-Comment est-ce que je pourrais t'en vouloir ? Tu m'as consolé, et moi je t'ai dit que j'aurais préféré que ça n'arrive jamais... Comment j'ai pu dire ça ?! Surtout que je le pensais absolument pas ! Et quand... Quand tu t'es mise a pleurer... (il met sa tête dans ses mains) Je n'ai même pas fait en sorte que t'arrêtes, je suis juste reparti comme j'étais arrivé. Je m'en veux horriblement... Merde, j'ai eu l'impression d'être un monstre, et toi t'arrives et tu me demandes de te pardonner avec un sourire magnifique et sur le point de chialer... Merde.


J'enregistre difficilement toutes les informations qu'il vient de me balancer, et ouvre la bouche à plusieurs reprises, tentant de répondre. Mon cœur bat à la chamade, et j'ai un instant l'impression qu'il va réussir à sortir de ma cage thoracique. Une étrange chaleur naît dans mon ventre, et se propage dans tout mon corps, rendant probablement mes joues rouges tomates. Alors il ne m'en veut pas ?... Un sourire commence à naître sur mes lèvres, avant de s'éteindre tout aussi vite.

Des larmes coulent sur les joues rougies par le froid de Yukihito. Il a toujours la tête dans ses mains, mais je distingue parfaitement des larme s'abattre sur le sol. Il tente de contrôler les sanglots qui secouent ses épaules, et mon cœur se serre dans ma poitrine.


-J'ai... commence-t-il, la voix pleine de sanglots. J'ai cru que j'allais devenir fou sans nos discutions. J'ai cru que tu viendrais plus jamais me parler, que tu m'en voulais trop pour ça. À chaque fois que nos regards se croisaient, tu te détournais. C'est pour ça que j'ai commencé à me dire que tu me détestais...

-Pourtant je faisais juste en sorte de pas te déranger... J'ai cru que ce que j'avais fait à Isuzu t'avais déçu...

-Pff... Comme si tu pouvais me décevoir.

-Mais pourtant, tu...

-T'es la personne la plus importante pour moi, me dit-il en relevant la tête. Tu pourra jamais quitter mon cœur, et même si c'est ce que je souhaite pendant un instant, ce sentiment disparaîtra très vite. T'es ma raison d'être, et c'est bien pour ça que cette-fois là, je t'ai dit que j'aurais préféré tomber amoureux de toi, et non d'elle.



*


Je sais jamais quoi dire à la fin des chapitres, alors je suis plutôt silencieuse... Mais n'hésitez pas à commenter, ça me fera plaisir :)

Un Amour inattenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant