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 Le lendemain matin, Keiji vient nous réveiller vers 8 heures, pour qu'on puisse continuer la visite de Tokyo. J'enfile le pantalon taille haute que j'ai prévu pour aujourd'hui, ainsi qu'un débardeur et un pull propre. Isuzu s'habille aussi rapidement que moi, et ne fait aucun commentaire sur notre conversation d'hier. Autant dire que je la remercie. Je me maquille rapidement, avant d'aller retrouver les garçons dans le salon.

Yuki a préparé un petit-déjeuné avec ce qu'il a trouvé dans le frigo. Ce qui ne fait pas grand chose, apparemment. On s'assoit néanmoins avec eux sans faire de commentaire, et avalons nos part. Yuki a toujours été doué pour faire la cuisine, et autant dire que je ne suis pas déçue. Ma poitrine fait des bons quand je sens son regard sur moi, mais je décide de faire comme si de rien était. C'est plus facile comme ça.

-On va à Shibuya aujourd'hui ? C'est bien ce qu'on avait dit, hein ? demande Isuzu, connaissant déjà la réponse.

-Bien sûr ! Sinon Saya et toi allez nous en vouloir toute votre vie de ne pas y être allé... rit Keiji.

-Ça veux dire qu'on pourra faire un tour dans les magasins ? demandé-je à mon tour.

-Ah, je me demandais quand t'allais poser la question ! dit Yuki en rigolant. Je te connais bien, depuis le temps !

-Ehh, te moques pas ! dis-je, en riant à mon tour.

-Mais oui, on va aller faire les boutiques ! Et même sans eux s'ils veulent pas ! me réconforte Isuzu.

-Mais moi je veux bien, si on va dans des boutiques pour hommes aussi ! réplique Yuki, Keiji acquiesçant à côté de lui.

-On a qu'à faire les deux alors!

-Je suis pour ! dis-je en levant la main.


Une fois cette décision prise, Keiji et moi rangeons les affaires, pendant que Yuki et Isuzu s'occupent de préparer nos bentos. Nous allons repasser par l'appartement de Kiyoko-san avant de prendre le train, ce sera beaucoup lus facile comme ça. Puis, enfin quand tout est près, on part pour Shibuya, toujours en métro. Cette fois-ci encore, Yuki me protège de la foule. Je suis toujours aussi gênée qu'hier quand il me bloque contre la porte, et me demande même pendant une seconde si mon cœur va survivre à cette épreuve.


En sortant de la bouche de métro, on tombe sur une immensité à laquelle je ne m'attendais pas. Il y a des gens partout, probablement plus que je n'en ai jamais vu. C'est fou comme cette ville est toujours bondée, quelque soit l'heure à laquelle on sort. Isuzu et moi regardons autour de nous, d'un air ébahis. Keiji est à peu près dans le même état, tandis que Yuki, totalement habitué, ne dit rien.

Il finit par nous donner un coup de coude, disant qu'on lui fait honte à avoir l'air de touriste à ce point là. Ça fait rire Keiji, rougir Isuzu, et je lève les yeux au ciel, épuisée par Yuki. On se balade dans les rues, entrons dans certaines boutiques, toujours pleines à craquées de monde. C'est surprenant de voir autant de magasins réunis au même endroit. On suit Yukihito, le seul à connaître la ville et à savoir se repérer dans cette ville immense.


C'est incroyable le nombre de Maid Café qu'il y a. Des tonnes de filles tendent des flyers pour leur propre café, et j'ai vraiment l'impression qu'elles sont plus belles les unes que les autres. L'une d'entre-elle m'accoste, un grand sourire aux lèvres, et me tend son prospectus, vendant parfaitement son lieu de travail. Mon cœur rate un battement, devant son regard mignon et ses oreilles de chat, et je suis certaine que mon visage est rouge pivoine. Une chose est sûr, je ne peux pas dire qu'Isuzu est la seule fille à m'intéresser ! Je finis par prendre son prospectus, me disant qu'on pourrait aller y faire un tour après avoir fait les boutiques.

Je lis le flyers, contenant le menu du café, en rejoignant mes amis, un peu plus loin. Mais en levant la tête, je me rends compte que je ne les vois nul part. Ma petite taille me perdra... Je regarde autour de moi, cherchant des coiffures, ou des vêtements que je connais, mais je ne vois absolument rien. Ni Isuzu, ni Yuki, ni Keiji. Ma respiration se bloque, et je sens que je commence à paniquer. J'expire doucement, sort difficilement mon portable de mon sac, à cause du tremblement dans mes doigts, et tente de l'allumer. Mais il est éteint. Je jure doucement, devant mon idiotie. J'ai toujours de la batterie ! Comment ça se fait qu'aujourd'hui, comme par hasard, j'en ai pas ? Mais quelle conne. Mon cœur commence à dangereusement s'emballer dans ma pointrine. Comment je vais faire ? Je n'ai aucune idée de l'endroit où je suis, et aucun moyen de contacter mes amis..

- Sayako, putain ! Je t'avais dit de faire attention à bien me suivre ! me crie Yuki, en arrivant devant moi.

-J-je... arrivé-je seulement à articuler, le cœur battant à tout rompre et des sanglots dans la voix.

-Aller, c'est rien, calme-toi. Et cette fois-ci ne me perd pas, compris ?! Les autres nous attendent un peu plus loin. me dit-il plus doucement, percevant ma panique, et soutenant mon regard.

-Oui... Je suis désolée... dis-je, un peu rassurée de l'avoir retrouvé.

-C'est rien, t'inquiètes, j'aurais simplement dû m'en douter, avec ton sens de l'orientation pourri ! Aller, on y va. me réconforte-t-il, comme à son habitude, en me taquinant.

On commence donc à y aller, mais à peine a-t-on fait quelques pas, qu'il me distance déjà. Le remarquant, il fait de nouveau demi-tour, m'attrape la main, entrelace nos doigts, puis me dit en souriant :

-C'est pas vrai, tu peux rien faire sans moi hein ?

Mon cœur manque un battement, avant de s'affoler. Je le suis sans discuter, les joues brûlantes. J'ai tellement honte de paniquer aussi facilement, à croire que je suis encore une enfant. Je serre fermement sa main, de peur de nouveau le perdre, et j'ai juste envie de pleurer. Est-ce que c'est à cause de ma panique, ou de la sensation de sa peau contre la mienne, j'en ai aucune idée.


Ma main, il la gardé toute la journée dans la sienne, ou du moins à chaque fois que nous marchions dans la rue. C'était extrêmement gênant, et tellement agréable à la fois. C'est ce genre de petites attentions qui font battre mon cœur plus fort. 

Un Amour inattenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant