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 Le lendemain matin il nous faut, à Yuki comme à moi, un petit moment pour nous lever. La veille, après avoir dîner, nous n'avons plus fait aucune allusion à ce qu'il s'est passer entre nous. Et

en nous levant, c'est la même chose. Yuki m'a laissé dormir dans son lit, et même si j'ai trouvé ça très mignon de sa part, j'ai mit un temps fou à m'endormir. C'était comme si son odeur était partout. Il a quand à lui, dormi sur le futon.

Malgré le temps qu'on met pour se lever et se préparer, on arrive à l'heure à la gare. Même un peu en avance, puisqu'on doit attendre Isuzu et Keiji. On se met à parler de choses et d'autres, évitant à tout prix le sujet qui nous intéresse le plus. Je ne sais que penser de mes sentiments envers lui. J'ai toujours ressenti des choses plus où moins fortes pour lui, c'est mon meilleur ami, après tout. Mais en même temps, il faut avouer que jamais il n'a troublé mon esprit, ni mon corps, à ce point là. Certes, il a toujours été beau, gentil, et tout le reste. Mais il ne m'attirait pas. Mais-est-ce que le fait qu'il me trouble, prouve qu'il m'attire ? J'en sais rien. Et ça me saoule de pas arriver à mettre de mots sur mes émotions.

Quand enfin Keiji et Isuzu arrivent, c'est main dans la main, le sourire aux lèvres, et des étoiles dans les yeux. Et en ce matin un peu malaisant, leur amour dégoulinant me donne le cafard.


À peine sur le quai, on monte dans le train qui est arrivé en même temps que nous. Je me met côté, dans le sens de la marche, et me retrouve bien entendue à côté de Yuki. Isuzu et Keiji se sont mit en face de nous, et sont tellement mignons qu'ils en dégoulinent d'amour. Mais ce matin, je n'arrive pas à supporter leur niaiseries. Et le silence de Yuki n'est plus plaisant. Je mes mes écouteurs dans mes oreilles, pose ma tête sur la fenêtre, avant de fermer les yeux, et ainsi m'abandonner dans les bras de Morphée.

On me secoue doucement, et j'ouvre difficilement les yeux. Yuki est au-dessus de moi, un léger sourire aux lèvres. Je me suis vraiment endormie, finalement ? J'étais plus fatiguée que je ne le pensais.

-On est arrivé, il faut y aller ...


Je grogne et m'étire sans un mot, avant de prendre mes affaires et de descendre du wagon. La gare est bondée, et je suis un peu choquée. En bonne fille de la campagne que je suis, j'ai pas l'habitude d'être entourée d'autant de gens. Et ça me met mal à l'aise. Déjà pour la cérémonie de salutation le matin au lycée, j'ai du mal, mais là c'est cent fois pire... Je soupire, et suis mes amis en dehors de la gare. Keiji nous ordonne de prévenir nos parents de notre arrivée, et y obéit tous docilement.

Il faut prendre le métro pour aller chez la sœur de Yuki, et même si le trajet n'est pas très long, j'ai véritablement l'impression d'être dans une fourmilière. Il est 8h, et c'est l'heure de pointe. Nous sommes tous collés les uns aux autres, et je me sens oppressée. Mon souffle semble bloqué dans ma poitrine, sans que je puisse rien y faire. Je n'arrive plus à respirer.

Mais rapidement, Yuki perçoit ma détresse. Je ne sais pas comment il fait. Sans réfléchir, il m'attrape par le bras, et me cale contre le porte au fond du wagon. Je retiens ma respiration en sentant son corps se coller au mien, et ne pense même pas à le remercier. Mon cœur s'affole dans ma poitrine, tandis que je sens son souffle chaud sur mon visage. Je n'ose pas relever les yeux vers lui, j'ai bien trop peur de le surprendre en train de m'observer. Je me contente de fixer son torse, les mains tremblantes, accrochées par nécessitée à lui.

Mais le plus fou dans cette histoire, c'est que mon esprit est tellement encombré par lui, par sa proximité, que je ne vois plus ce qu'il y a autour de nous. La foule a disparut. Le wagon, le tunnel, tout a disparut, laissant place au battements de mon cœur, qui remontent jusque dans mes tempes. Il ne m'avait jamais fait cet effet. Comment est-ce seulement possible qu'il arrive à me calmer aussi facilement ?

Un Amour inattenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant