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 J'ouvre les yeux difficilement, et attrape mon portable sur ma table de chevet. J'éteins mon réveil, avant de refermer les yeux un instant. Le visage souriant d'Isuzu m'apparaît sous mes paupières closes, et je souris doucement. J'aime le fait que ce soit toujours elle la première personne à laquelle je pense le matin. C'est comme ça depuis un bon moment, maintenant, mais je crois que je ne m'y habituerait jamais. Au début c'était flippant, mais je m'y suis faite. Maman m'a toujours dit de m'accepter comme je suis, alors je l'ai fait. Difficilement, mais j'y suis arrivée.

Je m'étire lentement, avant de m'asseoir, encore engourdie par cette longue nuit de sommeil. Je suis encore resté au téléphone pendant une heure avec Isuzu hier soir, l'écoutant se plaindre de tout et de rien. Même quand la conversation est plate, parler avec elle fait faire des bons à mon cœur, c'est incroyable. Et dire qu'elle n'en a aucune idée... J'observe mon uniforme propre, pendu sur un cintre à la porte de ma penderie, et décide enfin de me lever. J'évite agilement mon carnet de dessins au pied de mon lit, encore à l'endroit où je l'ai posé avant de dormir, puis me dirige vers mon armoire.

J'enfile des sous-vêtements propres, avant de mettre l'uniforme de mon lycée. La jupe raccourcie, dévoile mes jambes minces. Je met des chaussettes hautes, qui m'arrivent à mi-cuisses, avant de nouer mon ruban rouge autour du cou, qui signifie que je suis en première année. Je coiffe ensuite rapidement mes cheveux, qui m'arrivent au milieu du dos, ce qui est bien plus long qu'autorisé dans mon lycée. Ma permanente les fait légèrement onduler, et avec mes grands yeux verts on me confond parfois avec une étrangère. Ils me viennent de mon arrière-grand mère anglaise. Je regarde mes yeux bridés, ma bouche pulpeuse, mon teint clair, et me demande un instant si je suis vraiment obligée de me maquiller. Je sais que dans tous les cas je le ferai, mais c'est toujours beau de rêver. Je soupire, et descend déjeuner.


Toute ma famille est déjà attablée, et je les salue rapidement. Je mange au contraire assez lentement, parlant par message à Yukihito, mon meilleur ami d'enfance. Il a apprit qu'Isuzu m'a appelé hier soir, apparemment. Il me passe un savon, me faisant lever les yeux aux ciel. Depuis qu'on a fait ce pacte tous les trois, avec Keiji, ils me bassinent avec, dès que je fais quelque chose qui semble contraire aux règles établies. Pourtant c'est elle qui m'a appelé, pas l'inverse, que je sache ! Et la jalousie est un vilain défaut, comme on dit !

Quelle idée, aussi, d'être tous les trois amoureux de la même personne ? On est tous aussi idiots les uns que les autres, y a pas d'autres raisons possibles.

-Saya, si tu continues, tu vas finir par être en retard ! me dit papa, de sa voix rauque.

Il a levé le nez de son journal, et ses sourcils sont légèrement froncé, même si son visage respire la bonté. Mon père est un homme adorable, mais il vaut mieux obéir quand il s'agit des études. J'acquiesce donc, n'ayant pas envie de me faire remonter les bretelles en rentrant ce soir.


Ce jour là comme tant d'autres jours, je marche en direction du lycée, m'attendant d'une seconde à l'autre à voir arriver Isuzu. Yuki vit avec ses parents dans un restaurant traditionnel dans la rue commerçante de notre petite ville, et Keiji au centre-ville, très loin de notre quartier excentré. Isuzu et moi habitons dans le même quartier, alors on va tous les jours en cours ensemble.

Nos parents se connaissent à peu près tous depuis le lycée, et sont amis depuis tout ce temps. C'est drôle, parce que nos mères sont toutes tombées enceintes en même temps. Il n'y a qu'une exception, et c'est Yukihito. Il a un an de plus que nous, mais a redoublé sa deuxième année de collège, à cause du divorce de ses parents. Enfin, c'est en tout cas ce qu'il a l'habitude de raconter.

Un Amour inattenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant