8 heures du matin. Le garçon a encore les yeux rouges, qui piquent et qui brûlent. Il a tellement pleuré hier. Il ne pensait pas qu'une simple conversation pouvait tout changer pour lui, sur le regard qu'il avait sur sa vie. Sur ceux qui lui ont donné la vie.
Ce jour-là, on n'arrête pas de lui demander s'il va bien. Le professeur de philo, le professeur d'histoire, le professeur de SES, ses amis N, V, M... Il répond à chaque fois qu'il va bien, aujourd'hui. Il n'est d'habitude pas du genre à cacher ses sentiments, mais cette fois, à quoi bon ? Que raconter ? Quoi expliquer ? Il savait qu'il était en faute, de toute façon. Qu'il était un raté. Les mots de ses parents tournent et se font la course dans sa tête. C'est douloureux mais il ne peut pas s'arrêter. Il sait que ses parents ont raison, mais il ne peut pas changer ce qu'il est ! Ou le peut-il ? Retourner dans ce coin noir et obscur de son esprit ? Peut-on régresser après s'être épanoui ? Il faudrait poser la question au professeur de philo...
Le soir, le garçon rentre chez lui. Il fait déjà nuit. Il a passé dix heures à l'école, dix heures à trop penser, mais dix heures loin de ses parents. Lorsque sa maison est en vue, le garçon lance "Sunday Bloody Sunday" sur Deezer. Il sait qu'il ne devrait pas salir la mémoire de ce terrible événement de l'histoire Irlandaise, mais il ne peut s'empêcher de penser qu'il a son propre champ de bataille lui aussi : les quelques heures passées par jour avec ses parents. Il se dit tout de même que bientôt il serait dans la quiétude sombre de sa chambre, avec ses amis d'Internet, ses héros de YouTube, ses réconfortantes séries stupides... c'est peu de chose, mais ça le rassure. Son sommeil sera sans rêve et c'est tant mieux, c'est le seul moment de la journée où il arrête de penser. "Je devrais dormir plus", se dit-il alors qu'il monte les dernières marches du perron et hésite à toquer à la porte de sa propre maison.