Le garçon a arrêté de sourire.
Contrairement à ce que l'on dit, arrêter de sourire, ce n'est pas, dès qu'on est censé le faire, se dire "oh non, je suis tellement déprimé que je ne vais pas sourire".
C'est plutôt que le garçon se rendit compte un jour qu'il n'accompagnait plus son hochement de tête respectueux chaque matin au contrôleur de train d'un sourire. Que sa poitrine ne s'enflammait plus de joie et de fierté quand sa chanson préférée passait dans sa playlist. Qu'il ne marchait plus le long des bandes jaunes, sans toucher les lignes, dans la rue. Qu'il ne pianotait plus de rythmes entraînants sur sa table quand il s'ennuyait en cours. Qu'il ne relevait plus ses cheveux de manière aguicheuse quand A passait devant lui, juste pour la faire rigoler. Et qu'il en était ainsi depuis des semaines, sans qu'il s'en rendre compte. Du tout.
Ses yeux s'étaient légèrement fermés et ils passaient moins de temps à regarder le ciel turquoise au sommet des immeubles que de fixer le sol en asphalte sans vie.