Le garçon se trouve dans une drôle d'impasse.
Ce n'est plus un secret pour beaucoup de monde que des seins et un appareil génital féminin parfaitement formés se cachent sous ses vêtements amples et autres stratagèmes pour cacher son corps. Ew.
En début d'année, il avait fait la demande à ses professeurs et à ses camarades d'être appelé par son nouveau prénom. Un seul professeur n'avait pas accepté, donc tout cela était très positif.
Cependant, le garçon se rendait enfin compte qu'il n'y avait pas que la barrière du prénom qu'il fallait préciser... en effet, deux fois aujourd'hui, le garçon s'était vu se faire appeler : "Elle va venir au tableau corriger l'exercice" et "G, tu vas suivre avec ta voisine". Il s'était immédiatement senti étrange, surtout que ledit G n'avait pas manqué de lancer au professeur d'histoire : "C'est un garçon m'sieur", et ce dernier de faire la sourde oreille. Ou peut-être tout simplement de ne pas avoir entendu.
Le garçon serait bien allé voir les enseignants à la fin du cours pour leur expliquer à part, mais il ne s'en sentait pas la force. Pas qu'il n'a pas assez de cran pour parler en privé à un professeur, non. Mais il ne peut s'empêcher de penser, plutôt, de SAVOIR que c'était lui l'idiot dans la situation. Qu'il ne respecte aucun code social, biologique, culturel, tout ce que vous voulez. Parce qu'ils sont bien gentils, ceux qui veulent faire la révolution, qui veulent abattre la théorie des genres, mais si des règles existent c'est pas pour les chiens. Le garçon se sent comme un constant poids mort pour tout le monde. Et il ne peut en parler à personne : ses parents ne l'acceptent pas, ses amis de la vraie vie s'en moquent ou ne savent pas quoi répondre à ses interrogations, et ses amis virtuels le prennent pour un pauvre type en manque d'attention. Il reste donc seul dans une constante incompréhension, se sentant mal à l'aise car les professeurs se trompent sur son genre mais tout en sachant que c'est de sa faute de ne pas respecter sa nature physiologique. Vous voyez le genre de cercle vicieux ? Il est bien dans sa peau, le garçon, vous savez. Ce sont juste probablement les autres personnes qui ne comprennent pas sa peau. À juste titre, car ils sont face à quelque chose qu'ils ne connaissent pas. Et encore ! Ils ne rejettent pas le garçon ! Il sait qu'il a de la chance, de ce côté-là. Énormément de chance, comme tous ceux qui sont dans la confidence lui rappellent souvent.Alors, le garçon se tait.