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En cours d'anglais, la classe du garçon a dû commencer un livre.
Avec le nom, la couverture et le résumé, ça paraissait une de ces comédies romantiques assez basiques que son prof aime tant (sa référence favorite est "Mean Girls").
Sauf que depuis quelques semaines, le livre tant pré-discuté a enfin été commencé.
Et c'était pas la joie.
Après 8 chapitres (sur 36), le garçon avait déjà envie de sécher les cours d'anglais. Pour toute la suite de sa vie.

C'est-à-dire que derrière l'expression sarcastique et sans ponctuation de la narratrice se cachait des problématiques qu'il ne connaissait que trop bien.
À savoir : la personnage principale est anorexique. C'était encore un sujet sensible pour le garçon, malheureusement, et par un pur hasard, particulièrement en ce moment. Anorexie ou autre trouble alimentaire sans-nom, il ne savait pas trop, mais il se plaçait sous le terme parapluie de l'anorexie. Donc c'était un sujet gênant.

L'autre "tabou", c'est que la narratrice tombe amoureuse de son cousin. Non, non, le garçon n'était pas amoureux de son cousin ou sa cousine ; mais d'une personne dont l'identité devait bien plus être cachée qu'un simple cousin, pour des raisons éthiques et morales évidentes. Et cette question sur laquelle le professeur forçait les élèves à tirailler leur cerveau : choisit-on de qui on tombe amoureux ? La classe était plutôt catégorique : non, évidemment, on ne choisit pas. Mais contrairement à ce qu'on attendrait d'une personne comme lui, le garçon pensait l'inverse. Cependant, ce questionnement revenait à chaque cours maintenant, et ce n'était pas le mot "cousin" qui revenait sans cesse dans son esprit à côté du mot "amour". Sans compter la lancinante présence d'un certain prénom, et sûrement pas le "E." du bouquin.

Ce n'était pas tant la quantité de ces thèmes douloureux qui embêtait le garçon (en soit il n'y en avait pas tant que ça par rapport à "toutes les horribles choses qu'il avait déjà vécues"), mais surtout le fait qu'il devait en parler en classe et écrire des essays dessus tous les deux jours.

Bref, c'était dur.
Et jusqu'ici, il manquait de fondre en larmes ou de sortir en courant avant la fin de chaque cours.
Mais il ne le faisait pas.
Car il n'est pas un garçon comme ça. Toute la classe et les professeurs le savent, et lui aussi éventuellement.
Et il ne veut pas vraiment attirer l'attention à lui (pour une fois), car on savait ce que ça avait donné dans son ancien collège-lycée.
Ugh.

Le GarçonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant