CHAPITRE 8 : Apprentissage de soi et de l'autre

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Il s'agissait aujourd'hui de détruire le reste du bâtiment : il ne servirait à rien d'empiler des pierres sur des murs déjà fragiles.Le chantier avait déjà bien avancé, l'étage n'existait plus et il ne restait que des pans de murs au rez-de-chaussée. Edward s'était plu à plonger sa lourde masse dans la pierre comme un exutoire à la rancœur qu'il ressentait vis à vis de Roy. En se levant, ce dernier était déjà sur le chantier, il l'avait laissé dormir. Lorsqu'il était arrivé là-bas, encore tout ébouriffé par le sommeil, son supérieur lui adressa seulement un sourire en lui désignant lamasse, ce qui eut pour effet de le mettre dans une rage difficilement contenue.

Il avait déjà détruit avec hargne la pierre solide, lançant les morceaux sur le monticule qu'ils avaient déjà accumulé, lorsque que Mustang se dirigea vers lui pour le féliciter. Celui-ci le coupa brusquement :

-Ferme-la ! Je vais prendre une pause.

-Ed..ward ?

Le blond se dirigea à grandes enjambées vers la forêt. Roy comprit son intention.

-Ne tarde pas et ne te perds pas, nab...!

Il retint de justesse le dernier mot. Edward se trouvait déjà à la lisière de la forêt et se faufila entre les arbres. Roy le regarda simplement partir, intrigué et peut-être un peu déçu. Il n'allait pas le rattraper, le jeune homme blond -il se laissait à le considérer comme un homme et non plus comme un enfant- avait besoin de la solitude propice à la réflexion.

La douce odeur du bois envahit les narines d'Edward qui vagabondait entre les sapins au gré de ses envies. Malgré le fait qu'ils'enfonçait lentement vers le cœur de la forêt, cette dernière était toujours traversée par de fins traits de lumière qui venaient parfois éblouir le jeune alchimiste. Soudainement, il entendit un froissement accompagnés de quelques feuilles qui bougèrent près d'un arbre. Intrigué, il s'avança prudemment vers la source du bruit et y découvrit Gérard, l'hérisson qui venait souvent dans le jardin de la dame rondelette dont il ne savait toujours pas le prénom.

-Gérard ! Il fait frais ici pas vrai ?

Edward s'accroupit et déposa sa main près l'hérisson peureux qui n'osait pas s'approcher. Le blond sourit. N'aie pas peur, se dit-il,c'est plutôt moi qui ai du soucis à me faire avec tous ces piques. Mais rien à faire, l'hérisson se roula en boule, caché sous les feuilles terreuses et humides ainsi que les épines des pins. Edward se releva, les lèvres pincées en une moue dubitative.

Sans se l'avouer, il se comparait à ce petit animal apeuré qui ne demandait qu'à fuir.

Il s'étira en baillant et balaya les environs d'un regard inattentif. Cependant, un buisson retint son attention. De petites baies violettes ornaient sa toison de feuille verdoyantes.

-Wouaah ! Des myrtilles !

Laissant Gérard à sa tranquillité et sa zone de confort, il enjamba un tronc mort et atteignit l'arbuste fruitier. Leur superbe couleur encouragea Edward à les goûter, ne se méfiant pas du potentiel poison qu'elles pourraient signifier. Heureusement pour lui, un succulent goût sucré suivi d'une légère acidité subjugua ses papilles et le fit saliver de plus belle. Ses doigts dégoulinaient d'un jus pourpre lorsqu'il s'arrêta d'en manger pour en remplir sa sacoche.Il les rapporterait à la généreuse femme qui s'occupait si bien d'eux.

Mais soudainement, une baie éclata dans le poing qu'il avait brutalement serré. Penser à la logeuse lui rappela la chambre dans laquelle il dormait. Roy ! Ce...

-Argh !

La poitrine d'Edward s'oppressa tout aussi soudainement et son poing fait de chair et de sang s'écrasa sur un vigoureux tronc d'arbre. Il se sentait comme la myrtille qui dégoulinait de ses doigts abîmés par l'écorce, et aurait bien apprécié pouvoir insulter Mustang.Cependant, il n'était pas dupe, son corps avait réagit au brun, il lui avait répondu. Il se souvenait très bien de son touché, des doigts particulièrement frais sur sa peau chaude. Jamais Edward n'avait éprouvé une telle sensation que dans les bras de Roy. Il devait bien s'avouer qu'il n'avait aucune excuse mais, pour ma défense, se dit-il, ça ne m'intéresse pas. Je n'ai pas le temps pour ça.

Entre feu et fer [Roy x Ed] TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant