Les Gardiens [ En réécriture ]

• P R O L O G U E •

Sur Terre, dans le parc de San
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Air...
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Elle courait, un bébé dans les bras. Ses jambes tremblaient de fatigue, ses pieds nus hurlaient de douleur au contact de l'allée pavée du parc éclairé par une lune ronde. Cependant, elle continuait sa course. L'idée que son tout petit tombe entre les mains de son traqueur lui procurait l'énergie d'avancer, se rapprochant un peu plus de son but...

De temps en temps, la jeune femme jetait des regards inquiets dans son dos, puis renforçait par la suite son étreinte autour du bébé, comme pour le protéger d'un terrible danger...

La nuit, le parc de San Air était quasiment désert. En plus de la magnifique lueur lunaire, des réverbères illuminaient l'endroit et faisaient luire les bancs publics sous cet éclairage.

Un vent frais vint soudain refroidir le temps et secouer, légèrement, le feuillage des arbres.

La jeune femme avait le regard droit devant, comme à la recherche d'un point bien précis. Elle passa hâtivement les quelques banquettes vacantes, les sculptures de pierres, une fontaine ainsi que les masses végétales qui marquaient son chemin.

Elle sentit à nouveau l'espoir envahir son cœur lorsqu'au loin, elle aperçut un couple enlacé, comme pour se tenir au chaud, sur l'un des bancs. Elle s'en approcha tout en lançant de petits coups d'œil derrière elle. Elle souhaitait s'assurer que personne ne l'avait suivie.

L'homme et la femme sur le banc, desserrèrent aussitôt leur étreinte en voyant une femme vêtue d'une grande robe, les cheveux couverts sous un foulard sombre, les pieds nus, avec un bébé, enveloppé d'une chaude couverture, dans les bras.

Il vinrent à sa rencontre, l'air soulagé.

— Vous avez mis beaucoup de temps pour arriver ! Nous avions cru que vous aviez changé d'avis... pour l'enfant, déclara l'homme en dévisageant le bébé parfaitement couvert et reposant entre les bras de sa mère.

— Excusez mon retard, il a fallu que je me libère de quelqu'un, trembla la jeune maman.

La femme qui était avec l'homme eut un sourire hésitant vers le bébé.

— Je... Je peux le prendre ? demanda-t-elle timidement.

La mère hocha la tête puis lui tendit l'enfant.

En ayant cette petite vie frêle entre ses mains disposées maladroitement, la femme sentit son cœur battre comme jamais. Elle ne put s'empêcher de verser des larmes, émue. Cela faisait des années qu'elle et son époux attendaient patiemment de pouvoir enfin serrer leur bébé, d'en avoir un à eux. Ils avaient tout essayé : naturellement, les progrès de la médecine et même l'adoption. Sans succès. Jusqu'à ce fameux jour, ce jour béni où elle était tombée sur cette femme avec un enfant...

Brusquement, la mère du tout petit trembla de nouveau. Une expression de peur traversa son visage ovale et terne.

— Il... arrive ! s'affola-t-elle.

— Qui arrive ?! reprit l'homme.

La jeune mère ne répondit guère, contemplant le visage de l'enfant qu'elle venait d'offrir.