🌟 10.4 : Théa

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Déambulant sur le chemin de sa demeure, Théa ressassait la conversation eue avec Céline et Yann.

Pour la jeune fille, endosser son rôle d'élue revenait à dire au revoir à sa famille ainsi qu'à ce qu'elle aimait, y compris Nev, au profit d'un quelconque destin.

Tout le monde lui fixait des étiquettes. Elle était soit l'intello un peu coincée, l'élève modèle, la parfaite grande sœur, une force de caractère, soit la fille idéale ayant le sens des responsabilités et du respect. Au fond d'elle, Théa en avait marre qu'on lui colle toutes ces étiquettes car, au-delà de cette carapace de fille forte, déterminée, confiante et parfaite, se dissimulait quelqu'un de sensible qui avait peur des changements brusques et rêvait d'une épaule solide sur laquelle déverser ses larmes.

Théa briguait à ce qu'on la perçoive comme elle, elle se percevait. Sa vie entière, l'adolescente l'avait passée à jouer la fille dévouée et caractérisée par une force tranquille inépuisable.

Les questions tournant autour de sa faculté à dompter la verdure s'avéraient difficile à affronter pour une fille craignant la fantaisie, d'où son opposition à toute folie. Elle pensait qu'en se forçant à vivre un train-train sans un grain de délire, elle donnerait à sa vie le semblant de normalité volé par l'apparition de son pouvoir.

Les traits similaires à ceux d'un être broyant du noir, Théa franchit le pas de la porte de chez elle, croisant une Claire soulagée.

La mère était parée de manière à sortir travailler. Elle n'attendait plus que sa fille pour s'en aller le cœur léger.

— Ma chérie, heureusement que tu es là ! J'allais t'appeler afin que tu rentres au plus vite garder les jumeaux, souffla-t-elle sans s'appesantir sur la mine déprimée de sa fille.

Théa se força à montrer une apparence naturelle, privée de vague à l'âme. 

— Tu sors ? dit-elle, surprise.

— Oui. J'ai reçu un appel du magazine et c'est urgent, je dois y aller. J'ai à peine eu le temps de faire la cuisine. Je te laisse, veille bien sur ton frère et ta sœur.

Théa secoua la tête, amusée par les derniers mots de Claire.

— Je te rappelle que ce n'est pas la première fois que je garde Gilles et Alice. Tout ira bien comme d'habitude, va le cœur tranquille.

Claire lui sourit.

— Excuse-moi, ma chérie, c'est mon instinct de mère qui prend le dessus. Oh, euh, la nourriture est dans la cuisine. Tu réchauffes avant de servir et ne m'attendez pas pour dîner.

— Ça marche !

— À ce soir !

Claire bossait comme maquilleuse en faveur d'un magazine de mode dans la ville voisine. D'ordinaire, elle ne travaillait pas les samedis.

Théa se rua sur le canapé, face à la télé, suite au départ de Claire. Elle se munit de la télécommande puis entama une série de zappes sans savoir quel programme suivre.

Elle réalisa soudain que ce qu'il lui fallait c'était de l'air frais et pour ça, rien de mieux qu'une promenade dans Green Park. L'adolescente quitta le salon au profit de la salle de bain, où elle prit une douche en vue d'évacuer le stress dû à cette histoire d'élus. Une fois habillée, elle intima à Gilles et Alice d'en faire autant. Fait, ils se murent vers le sud de Quair.

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Les Gardiens [ En réécriture ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant