Chapitre 4 : Lisa

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Je descend du bus et suis rejointe par Emma qui m'étreint fortement. Il va falloir que je m'habitue à ses élans d'affections tous les matins. Nous avançons vers l'entrée du bâtiment et dès notre arrivée, les discussions cessent instantanément. Je perd mon sourire devant tous ces regards braqués sur moi. Mon cœur s'emballe alors que j'avance à travers le long couloir. J'entends des messes basses autour de moi « tu crois que c'est elle ? », « A peine arrivée et elle se fait déjà remarquer. » Je necomprend pas ce qui est en train de se passer. Enfin, jusqu'au moment où j'arrive devant le tableau d'affichage près des toilettes des filles. Mon cœur rate plusieurs battements lorsque je découvre une photo. Une photo de moi en sous-vêtements. La Photo. Je sens les larmes me monter aux yeux mais les ravale aussitôt. Il ne faut pas que je montre que ça m'affecte. Je prend le morceau de papier dans mes mains et découvre une petite note au dos : « Tu ne sais pas à qui tu viens de t'attaquer petite garce. » Cette phrase ! C'est ce que m'a dit Alexandre juste après que je lui ai renversé sa bouteille de coca sur la tête. Je comprend donc que c'est lui qui a affiché cette photo. Qui d'autre sinon ? Ce que je n'arrive pas à comprendre en revanche c'est comment il a obtenu cette photo. Je décide d'aller lui demander directement lorsqu'il fait sont entrée dans l'établissement accompagné de deux de ses amis.

- Eh toi ! T'es fier de toi ?

- Je ne vois pas du tout de quoi tu parles Lisa.

Il se moque de moi ! J'ai juste envie de le frapper lorsque je vois un sourire amusé apparaître sur son visage.

- A oui tu ne vois pas de quoi je parle ? Et la photo que tu as accroché ça ne te dit rien ?

- Maintenant que tu le dis, ça me revient.

Son ton sarcastique ne fait qu'augmenter ma colère.

- Alors c'est ça ta vengeance ? M'humilier        devant tout le monde ?

- Bravo madame, je vois que tu es perspicace.        Cependant, je dois avouer que je m'étais trompé à ton sujet. Je pensais que tu étais une petite Sainte Ni touche mais la vérité c'est que tu es une vraie coquine.

Mon poing atterri malencontreusement sur sa joue droite. Je ne dois pas montrer que ses paroles me touchent alors je ravale les larmes qui menaçaient de couler sur ma joue. Malgré mon geste, son sourire fier ne quitte pas ses lèvres. Je lui assène un autre coup plus fort cette fois-ci.

- Comment est-ce que t'as eu cette photo ?

- La prochaine fois, fait attention a ne pas        laisser traîner ton téléphone quand tu vas aux toilettes.

Il a donc fouillé dans mon téléphone. Pourtant j'étais sûre de l'avoir supprimée. Il faut croire que cette photo me suivra jusqu'à ma mort.

Je regarde les gens autour de nous et tout le monde observe la scène hilares. Certains sont même en train de filmer ce qui est en train de se passer. Certaines personnes ne changeront jamais !

- Quelqu'un d'autre a quelque chose à ajouter ?        demandé-je a l'intention de tout le monde.

Les élèvent commencent à se disperser pour rejoindre leur salle de cours. Je me tourne vers l'autre abruti.

- Tu me fais pitié Alexandre vraiment.

Sur ces mots, je m'éclipse et rejoins Emma dans la salle. Lorsque j'arrive vers elle, elle commence à applaudir. 

- Bravo championne. Depuis le temps qu'il aurait dû être remis à sa place celui-là.

- Je préfère qu'on n'en parle plus si tu veux        bien.

Elle hoche la tête et monsieur Martinez, notre professeur d'espagnol fait son entrée.

- Hola todo el mundo !

Je sors mes affaires et le cours commence. Aujourd'hui nous parlons de l'égalité entre les hommes et les femmes dans la société. C'est un sujet qui m'intéresse et qui – je pense – devrait toucher tout le monde. Je ne comprend pas qu'en 2018, il y ait encore des personnes sexistes dans ce monde. La plupart du temps ces personnes ne se rendent même pas compte qu'ils le sont. Combien de fois, en me promenant dans la rue j'ai vu des filles se faire harceler par des hommes, peu importe l'âge qu'ils avaient. Sous prétexte que nous portons des jupes, nous devons forcément subir des réflexions du genre : « quand on met une jupe c'est pour se faire draguer. », «  et après elles viennent se plaindre quand elles se font agresser. »...

L'autre abruti à côté de moi lève la main pour obtenir la parole. Je sens que ce qu'il va dire ne va pas me plaire. Monsieur Martinez le laisse parler.

- Personnellement, je pense que sans les femmes, je ne sais pas ce que les hommes ferraient.

Sur ce point, je suis d'accord avec lui, jusqu'à ce qu'il continue sa phrase...

- C'est vrai après tout, si elles n'étaient pas        là qui s'occuperait de faire à manger et le ménage. Et puis je suis désolé mais elles, comment elles ferraient si elles n'avaient pas de mecs pour faire du bricolage.

Sa remarque me met hors de moi ! Je ne peux        pas le laisser dire des choses pareilles sans réagir.

- Donc en fait tu es encore plus débile que ce        que je pensais ! Tu t'entends parler ? Je pense que tu oublies vite tout ce que nous, les femmes on subit au quotidien. Les remarques que tu viens de faire ne font que confirmer le        machisme qui est en toi.

- Excuse-moi mais je pense qu'à ta place après        ce qu'il s'est passé ce matin, je me ferrais toute petite. Contrairement à ce que tout le monde peut penser, tu es loin d'être un exemple à suivre en ce qui concerne le respect de la femme. C'est vrai que la première fois qu'on te voit, on ne s'imagine pas que tu es une traînée.

Là s'en est trop ! Je ne vais pas le laisser        m'humilier encore une fois devant tout le monde. Je me lève et me place en face de lui. Sans qu'il ne s'y attende, je lui crache au        visage. Je vois le choque prendre place sur son visage, comme sur celui du reste de la classe, y compris de monsieur Martinez.

- Lisa, Alexandre, je ne peux tolérer un tel        comportement dans mon cours. Allez chez le proviseur tous les deux !

Nous prenons nos affaires et quittons la salle        sans broncher. Nous marchons dans le couloir, le plus loin possible l'un de l'autre. Nous arrivons devant le bureau du proviseur et je        frappe. Nous entendons un petit « entrez » de l'autre côté de la porte alors nous obéissons.

C'est une demi-heure plus tard que nous quittons        le bureau de monsieur Fillon. Nous nous en sortons avec une bonne        engueulade et deux heures de colles ainsi qu'un mot pour nos parents. Je pense que ma mère va être contente. Encore un papier de plus à signer.

(In)accessibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant