Chapitre 3 : Lisa

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   J'arrive devant chez Alexandre et sonne à la porte. J'attends que quelqu'un vienne m'ouvrir mais ça n'arrive pas. Je fronce les sourcils et toque cette fois-ci. La porte finie par s'ouvrir et je découvre Alexandre, légèrement endormi. D'accord, je vois. Je le questionne du regard.

- Qu'est-ce que tu fais là toi ?

Sympa l'accueil !

- Je te rappelle qu'on a un exposé à faire        ensemble, tu te souviens ?

- Merde ! J'avais complètement oublié.

Non sérieux?! J'avais pas remarqué. Il se décale pour que je puisse rentrer et mon premier réflexe en franchissant le seuil de la maison, est d'enlever mes chaussures. Il me regarde faire avec un petit rictus au coin des lèvres.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Ça se voit pas ?

Mon ton sec et agressif a dû le calmer puisque son petit sourire disparaît complètement de son visage pour laisser place à un regard meurtrier. Ce qu'il peut être susceptible, c'est pas croyable.

Il part dans le salon et je le suis. Nous nous installons sur son canapé et commençons à réfléchir sur le texte que nous allons choisir pour notre exposé. J'ai des tas d'idées mais je suis consciente que le choix ne dépend pas uniquement de moi. Lui aussi doit être d'accord, et ça, ça s'annonce assez compliqué car je doute que nous ayons les mêmes goûts en matière de littérature.

- Orgueil et préjugés ?

Je suis étonnée, voire même choquée par cette proposition. Je ne pensais vraiment pas que c'était le genre de gars à aimer ce style de roman. Je ne vais pas m'en plaindre puisque ce livre de Jane Austen est l'un de mes préféré. J'accepte donc de travailler dessus avec joie. Je commence à faire des recherches sur l'auteure pendant que lui s'affaire à écrire un résumé complet du roman. La prof nous a demandé de faire un récapitulatif des événements importants de l'histoire sur, au moins, deux pages. Ensuite nous devons faire une biographie de l'auteure et enfin donner notre avis personnel sur le roman en développant. La dernière consigne est qu'il faut que notre présentation dure au moins quinze minutes.

Cela fait maintenant deux heures que nous avons commencé à faire nos recherches et personne n'a prononcé un mot depuis tout à l'heure. Ce silence commence à être pesant alors je décide de m'éclipser.

- Ils sont où tes toilettes s'il te plaît ?

Il me montre la porte du doigt et je ne prend pas la peine de le remercier.

Une fois terminé, je retourne dans le salon et me remet au travail. Nous mettons en commun nos recherches et décidons de finir un autre jour. Il se fait tard et je n'ai pas prévenu ma mère que j'allais travailler chez quelqu'un. En même temps ce n'est pas comme-ci elle allait s'inquiéter de ne pas me voir à la maison.Je ramasse mes affaires et pars. Je me dirige vers l'arrêt de bus le plus proche et attend que le prochain arrive.

J'arrive chez moi après dix minutes de bus. J'appelle ma mère mais ne reçoit aucune réponse de sa part. J'en conclue donc qu'elle n'est pas là ou qu'elle est en train de travailler dans son bureau à l'étage. Comme d'habitude j'ai envie de dire. Tant pis, je vais dans la cuisine me préparer à manger. Elle n'aura qu'à se faire réchauffer un plat. Je suis bien gentille mais je ne vais pas en plus lui faire à manger. J'ai appris à me faire à manger toute seule depuis lorsque j'ai eu dix ans. Vous devez peut-être vous demander pourquoi je ne parle jamais de mon père. C'est très simple. Ce dernier est décédé lorsque j'étais bébé. Je n'ai plus aucun souvenir de lui et ma mère ne m'en parle jamais. Je sais que ça n'a pas été facile pour elle de m'élever seule. Elle a déjà eu quelques aventures ces dernières années mais rien de bien sérieux. En général, les hommes s'intéressaient à elle seulement pour l'argent qu'elle gagnait. C'est vrai qu'avec son métier d'avocate, on ne peut pas dire que nous sommes pauvres. Je n'ai jamais manqué de rien depuis ma naissance. Lorsque je suis rentrée au collège, elle a commencé à m'acheter des vêtements et des chaussures hors de prix. Au début mes yeux pétillaient devant tous ses cadeau, jusqu'au jour où je me suis rendue compte qu'elle essayait juste de m'acheter avec son argent lorsqu'elle devait s'absenter pour raisons professionnelles pendant quelques jours. Aujourd'hui, mon seul souhait serait d'avoir enfin une mère.

(In)accessibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant