Prohibition

4.

Mon cœur bat vite lorsque je pénètre dans la salle de cours. Je suis terrifié à l'idée de me retrouver dans la même pièce que lui, que Monsieur Bane. J'ai peur qu'il trouve qui je suis, même si en théorie la probabilité pour qu'il le sache est relativement mince.

-Eh oh, Alec tu es là?

J'étais tellement absorbé par mes pensées que j'ai complètement oublié que j'étais avec Simon. Il me scrute les sourcils froncés.

-Oui oui, je suis là.
-Ouais et bien crois moi des fois je me demande à quoi tu peux penser.

Si tu savais.. Je garde cette pensée pour moi. Je lui adresse un sourire et nous allons nous assoir. Mon ventre se noue quand je le vois arriver. Son corps fin et élancé s'avance sur le devant de la scène. Il est vêtu d'une chemise rouge agrémentée de colliers et d'un jean slim noir rentré dans ses boots de la même couleur. Ses cheveux sont relevé sur le haut de sa tête et de là où je suis on pourrait croire qu'ils brillent, comme s'ils étaient parsemés de paillettes. Il tape dans ses mains et je reviens à la réalité.

-Bien. Bonjour à tous. Je tiens à m'excuser pour mon absence d'hier mais je n'étais clairement pas en état d'assurer le cours, néanmoins j'espère que vous avez pris ce temps supplémentaire pour perfectionner votre travail. Lorsque je vais appeler votre binôme vous viendrez sur scène pour présenter votre texte et bien évidemment l'interpréter. Les premiers à passer sont Scott et Théo.
-Nous avons choisis, Théo et moi de choisir un texte de Molière, plus précisément une scène de Dom Juan.
-Ça s'annonce interessant. La scène est à vous. Lance Monsieur Bane.

Plus les groupes passent et plus mes mains se mettent à trembler. La panique s'empare de moi et je suis sur le point de faire une crise d'angoisse. Mon cœur bat la chamade, des gouttes de sueur perles sur mon front et ma vision devient de plus en plus floue. Je dois sortir d'ici, ma respiration devient saccadée et je commence à suffoquer.

-Alec tu vas bien? Me demande Simon visiblement inquiet.

Je secoue la tête, incapable de parler. Je me lève et me dirige, chancelant, à l'extérieur de la salle. Je m'assois sur le sol, mes genoux remontés contre ma poitrine et je tente de reprendre ma respiration. Soudain la porte s'ouvre brusquement et j'aperçois Simon accompagné de notre professeur.

-Alec tu vas bien? Me demande Monsieur Bane.
-J..Je..
-Écoutes moi, tu dois te calmer. Concentre toi sur ma voix d'accord? Simon, vas chercher de l'eau pour ton ami.

Il hoche la tête et s'éclipse rapidement.

-Respire, ce n'est rien d'accord? Ça va finir par passer. Mais dis moi, est-ce que ce genre de chose t'arrive souvent? Parce que je suis ton professeur et j'aimerai être informé pour savoir comment agir avec toi tu comprends.

Je hoche la tête pour lui faire comprendre que j'ai compris ce qu'il voulait dire. J'essaye de reprendre mon souffle en vain. Lorsque sa main se pose sur mon genoux replié je me calme instantanément. Ce simple geste me procure un électrochoc et un frisson parcours mon échine. Merde. Qu'est-ce que ça signifie? Je suis perdu, littéralement paumé. Je le regarde dans les yeux et me relève rapidement.

-J.. je dois y aller.

J'attrape mon sac que Simon avait posé à côté de moi et je quitte l'université en courant. Je suis incapable d'expliquer ma réaction. Lorsque je l'ai regardé dans les yeux de la surprise mais aussi une pointe de soulagement. Je me demande ce qu'il peut penser maintenant que je me suis enfui comme un voleur. J'ai paniqué quand j'ai vu que ce simple geste anodin m'a provoqué un tel effet. Quelque chose ne doit définitivement pas tourner rond chez moi. Mon téléphone vibre et je vois le nom de Simon s'afficher.