Prohibition

34.

Mon cœur cogne contre ma poitrine et je suis incapable de penser correctement. Il y a quelques heures j'étais en train de choisir, avec mon mari, le chiot qui allait faire partit de notre vie et maintenant mon mari est maintenu en vie par une putain de machine. Mes mains sont tellement moites que je ne parviens pas à écrire un message pour prévenir les proches d'Alec. Les larmes ruissèlent le long de mes joues. Comment est-ce que tout a pu aller si vite ? Il y a quelques heures il avait l'air d'aller plutôt bien et maintenant il est dans le coma, incapable de respirer seul. Mon téléphone sonne, je remarque que c'est Jace qui m'appelle.

-Magnus, où es-tu ? Je suis à l'hôpital.
-Je suis dans le couloir de la réanimation.
-Q..quoi ?
-Fais vite s'il te plait.

Il soupire avant de raccrocher et je le vois arriver quelques minutes après. Il s'arrête brusquement en voyant mes yeux bouffis et mes joues baignées de larmes. Il n'hésite pas et me prend dans ses bras pour me donner une étreinte rassurante. Je sens quelques larmes couler le long de ma nuque et je sais qu'il pleure aussi.

-Je vais appeler mes parents pour les prévenir. Lance-t-il, étrangement calme.

Je hoche la tête et je m'assois au sol, devant la chambre, les genoux repliés contre ma poitrine. Je ferme les yeux, essayant de faire le vide, mais j'en suis incapable. Je ne cesse de repenser à tout ce qu'on a vécu tous les deux. Ça ne peut pas se finir maintenant. C'est beaucoup trop tôt. Je m'étais préparé à cette éventualité lorsque j'ai appris qu'il était malade mais en réalité on n'est jamais vraiment préparé, c'est juste une illusion. Je me rappelle de toutes les journées, toutes les nuits que nous avons passé ensemble, de nos joies et nos tristesses. Il est arrivé dans ma vie comme ça, sans prévenir. Qui aurait cru que moi, Magnus Bane, tomberait amoureux d'un de mes étudiants ? Il a réussi à briser toutes ces barrières que j'avais mis des années à construire en seulement quelques jours. Son visage angélique, ses yeux enfantins et son sourire charmeur m'ont fait tomber amoureux de lui, comme ça, sans prévenir. Je ne peux pas le laisser partir maintenant. Il doit se battre pour vivre. Je me relève en essuyant mes joues encore humides du revers de la main et je cours jusqu'à sa chambre même si les infirmières et les médecins me l'ont interdit. Je me faufile doucement à l'intérieur de la pièce et je m'assois à côté d'Alec. J'attrape sa main froide dans la mienne et j'observe un moment sa cage thoracique se soulever doucement au rythme de la machine.

-Alec, mon ange, s'il te plait tu dois te battre. Tu ne peux pas mourir maintenant. Pas après tout ce qu'on a vécu, pas après t'être battu comme tu l'as fait. Je t'en supplie reviens moi. Tu n'as pas le droit de me laisser maintenant. Jace est en train d'appeler tes parents à cet instant, afin qu'il puisse être auprès de toi. S'il te plait mon bébé...

Ma voix se brise avant que je ne puisse finir ma phrase. Mon corps est submergé de sanglots et je quitte la pièce pour rejoindre Jace qui fait les cents pas en parlant au téléphone. Lorsqu'il me voit, il s'arrête et se précipite vers moi. Je sais d'ores et déjà ce qu'il pense alors je me contente simplement de secouer la tête, incapable de parler. Simon, le fidèle ami d'Alec, nous rejoint à son tour, les yeux rouges. C'est ainsi, tous les trois assis sur le sol froid, que nous avons passé la soirée à attendre des nouvelles. Au petit matin les parents d'Alec sont arrivés afin de prendre le relai pour que nous puissions aller dormir. Malheureusement, cela fait deux heures que je suis allongé dans mon lit sans parvenir à m'endormir. Je suis beaucoup trop inquiet pour ça, alors je décide de me lever et d'aller m'occuper de Crevette qui était encore allongée dans son panier. Lorsqu'elle ouvre les yeux, elle se redresse rapidement et me lèche la main affectueusement. J'esquisse un sourire et je l'attrape dans mes bras pour la serrer contre moi. Je la repose sur le sol pour lui donner à manger, avant de me faire un café pour tenir le reste de la journée. La petite boule de poils vient se poser sur mes pieds et je comprends qu'elle a envie de sortir alors j'enfile un jogging ainsi qu'une veste et je descends dans la rue pour aller la promener. Plusieurs personnes s'arrêtent pour la caresser ou me questionner sur sa race. Après une demi-heure je décide de rentrer pour me préparer. Je me faufile sous le jet d'eau de la douche puis je m'habille rapidement avant de prendre le volant pour aller jusqu'à l'hôpital. Au moment où j'allais m'engager sur une route, une voiture heurte la mienne, me coupant la priorité.