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Même si pour moi cette situation était normale – les parents sont forcément proches de leur enfant –, j'ai vite vu que ce n'était pas la même chose chez tout le monde et que j'avais en fait une chance immense. Par exemple, Elio déteste son père et ne vit qu'avec sa mère et son oncle (qu'il considère comme ses deux géniteurs), à l'autre bout de la planète pour être sûr de ne pas croiser son paternel par hasard en se promenant dans les rues ; et les parents de Louise ont divorcé il y a des années. Tandis que moi, enfant unique, je peux parler à mes parents comme à des amis et leur raconter tous mes petits tracas, mes bonheurs, mes amitiés... et même mes amours inavouées. Pourtant, je ne leur ai pas vraiment parlé d'Elio. Enfin, ils le connaissaient, mais comme mon meilleur ami miraculeusement – tenez, encore un miracle – arrivé de nul part à la rentrée, qui enchaînait encore mieux les gaffes que les fautes d'orthographe (ou « hortaugraffe », d'après lui, et avec un « s » si jamais il y en a plusieurs, c'est-à-dire tout le temps), qu'il collectionnait pourtant si bien. Sa première entrée dans notre demeure fut le premier mercredi midi de cours de cette année. J'avais très hâte de le présenter à mes parents, qui en entendaient parler depuis deux jours à toute heure. Mais bien sûr, il a fallu que monsieur trébuche sur le paillasson et se prenne la porte en plein nez pendant que je fermais le portail... et que mes parents nous guettaient à la fenêtre.

LA NOUVELLE A CHUTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant