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À un moment, la rousse – Lila, ai-je appris plus tard –, s'est retournée, n'en pouvant plus, et a lancé :

« Ange ; oh ! je peux t'appeler ''Ange'' ? Bref, ils sont trop trop beaux tes cheveux ! Comment tu fais ? Et en plus ils sont tellement longs... Wouah ! Je crois que tu as les plus beaux cheveux de la classe, tu bats haut la main toutes les filles ! Dis, tu veux bien me- »

Évidemment, ça n'a pas plus à Miss Pimbêche – ou Orlanne, parait-il –, qui s'est empressée de la couper.

« Pardon ? Heu, certainement pas, en fait. Non seulement ils n'ont pas été brossés depuis des semaines, mais en plus, il y a plein de fourches. Non mais regarde-moi ça ! Une vraie hor-reur. Réveille-toi un peu, Lili.

- Ouais, renchérit une voix grave derrière moi, p'is c'est gavé moche ton truc en fait, tu d'vrais les couper de genre, au moins ça (il me montre une mesure énorme, qui est grosso modo la plus grande qu'il peut faire en écartant les bras ; et ce garçon est immense, c'est pour dire), ça f'rait d'jà moins con. »

Lui arborait la dernière coupe à la mode, qui ne lui allait absolument pas, et était habillé avec si mauvais goût qu'il ne devait pas avoir été en possession de toutes ses capacités intellectuelles (pourtant peu présentes, semblait-il) au moment où il s'était vêtu ce matin. Ils débattirent un petit moment, deux filles venant de tables alentours s'étant jointes à Lila pour défendre ma cause contre Orlanne et son petit-ami ; ces derniers, très en forme, parvenant à caser quelques mots gentils et hasardeux à mon égard, qui ne me touchèrent pas le moins du monde, dans la conversation. Et plus celle-ci progressait, moins ils semblaient m'apprécier, bien que je n'ai ouvert la bouche à aucun moment.

LA NOUVELLE A CHUTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant