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Finalement, je me rassois sur le bord, les pieds pendant dans le vide. Ce noir si attirant est à portée de main... Il suffit d'une chute dans les abysses généreuses de ce monde égoïste, et je pourrais me libérer de toutes les horreurs de cette Terre. Encore un coup de vent qui vient décoiffer mes cheveux. Ah oui, je les avais presque oubliés, ceux-là. J'avais pour projet de les couper. Ma mère, plus grande fan de ma chevelure de la planète, serait un peu triste, elle qui m'encourageait toujours à ne les raccourcir que du minimum. La coupe d'Elio, par exemple, est plutôt jolie. Peut-être qu'elle m'irait ? Mais finalement... je ne vais pas le faire. Mes cheveux font partie de moi, et Elio m'aime aussi pour eux. Il me l'a dit. « Mon petit Ange, je t'aime pour ton Moi tout entier, pour toujours. S'il-te-plaît, ne change jamais. » Alors ils resteront tous à leur place, je n'ai pas changé d'avis. J'ai bien fait de laisser les ciseaux à la maison. Et, comme ça, s'ils retrouvent mon corps, peut-être me prendront-ils encore pour une fille ?

Je suis désolé, Elio. Jamais je ne pourrai être aussi fort que toi. Le religieux devait avoir raison. Je suis une « erreur de la nature ». Si mes trois sœurs avaient survécu, je ne serais même pas là.

« L'amour donne des ailes. » Regarde donc où les miennes vont me conduire, Elio... Mes parents étaient peut-être finalement un peu devins. Ils savaient avant même que je ne naisse que j'allai mourir comme ça, assassiné par la laideur du monde, les ailes coupées et le cou rompu, pour retourner dans mon ciel si cher.

Excuse-moi. Je t'aime.

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