Chapitre 9

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Puissante, forte ?

J'étais restée bloquée sur les mots d'Isaac.
Qu'est-ce qu'il cherchait à dire ?

Je ne me suis jamais considérée comme une personne forte et encore moins puissante. Je pense que la personne qu'il cherche à former et loin d'être moi, très loin je dirais. Je me souviens de la fois où ma professeure avait insisté pour poser ma candidature pour cette école de mode. Je n'y croyais tellement pas que je l'avais fait avec peu d'intérêt. J'ai été très surprise de voir la réponse positive. J'en avais parlé à ma mère et celle-ci était tellement heureuse qu'elle sautait de joie à ma place. Elle avait tout préparé, elle avait ramassé la tontine qu'elle avait gagné et a tout placé pour m'assurer une vie à Paris. Elle avait commencé les démarches sans même en parler à mon père et sans même que je sois très partante. Je préférais rester dans le cocon familial où je me sentais le plus en sûreté. J'avais peur du monde extérieur, j'étais effrayée de partir vivre dans une ville où je ne connaissais personne. Mais ma mère m'a convaincu, comme Isaac d'après ce que je vois, elle voulait que je devienne une personne plus forte et dure. Elle ne supportait plus de me voir aussi faible et le fait que je me repose sur mes acquis. Voici ces mots qu'elle m'ait dit avant de me convaincre.

« Akissi, tu as du talent, beaucoup de talent ! Tous tes professeurs ont dit ça à l'école ! Pourquoi tu veux gâcher ce talent qui peut apporter de l'argent ? Moi ta maman, je crois en toi, donc tu vas bouger tes fesses et tu vas dégager de ma maison ! Tu vas devenir marqueuse de mode et gagner beaucoup d'argent ! ».

J'avais pris un peu de temps avant de comprendre ce qu'elle voulait dire. Ma mère rêvait que je devienne créatrice de mode, selon elle les habits que je lui avais cousu étaient trop beaux pour que je ne le montre à personne. C'est ainsi la raison pour laquelle j'étais à Paris, pour réaliser les vœux de ma mère. Elle en avait parlé à mon père et celui-ci avait fait tout un scandale, il refusait que je parte de peur que je devienne une dévergondée selon lui. Mes frères avaient refusé de même, mais ma mère ne les avait même pas accordé la moindre importance et voilà donc ce qu'elle leur avait répondu :

« Lorsque l'un de vous aura un travail convenable et que l'autre mouton se décide enfin de payer le loyer de la maison, je considérais votre bouche, mais en ce qui concerne l'avenir et ses études c'est moi qui décide, ouais c'est comme ça ! ».

Les chômeurs étaient mes frères et le mouton mon pauvre père. Ils ne m'ont simplement pas adressé la parole jusqu'au jour de mon départ. Maman avait tout fait pour me trouver un lieu et avait mis de l'argent de côté. Faut le dire que les premiers mois tout se passait bien, je partais à l'école, j'avais trouvé même un petit job en tant que nounou, c'était vraiment tranquille jusqu'au jour où elle m'a dit qu'elle n'avait plus besoin de moi vu qu'elle n'avait plus trop d'argent. Là les problèmes ont un peu commencé. Je n'avais plus de quoi payer le loyer, alors je comptais sur ma mère en même temps que je finalisais mes exposés et mes examens. J'avais trouvé quelques missions, mais rien de plus jusqu'à que je rencontre madame Diakité qui m'a proposé du travail. Au début tout se passait bien. Elle me payait en heure ainsi qu'en temps. Je fournissais comme elle le disait du bon travail. Puis du jour au lendemain elle s'est mise à changer. Elle me payait qu'une fois tous les deux mois, jusqu'à arriver à la situation que vous connaissez tous. Je regarde tout autour de moi cette chambre magnifique dans laquelle je suis. J'ai toujours voulu m'acheter ou construire une grande maison rien qu'à moi. Mais me voilà dans celle d'une autre. Bon, ce n'est pas une maison, mais un grand appartement. Il fait super grand, mais il y a en fait que trois chambres. Si j'en avais les moyens, j'en aurais acheté une très grande avec beaucoup de chambres, juste pour y mettre ma mère. Donc si c'est cela, je deviendrai une personne plus forte et puissante, je ferai payer à cette madame Diakité toute la somme qu'elle me doit et à cet imbécile de Baron. J'aimerais pouvoir les affronter de face, mais dès que le moment se présente, je perds tous mes moyens et je baisse automatiquement le regard. J'ouvre mon PC portable en tentant de l'allumer afin de regarder des films, mais je me rends compte qu'il ne veut pas s'allumer. Pensant qu'il est déchargé je le branche à la prise, mais toujours rien. Je fais plusieurs tentatives, mais rien, il ne veut pas s'allumer. Je dois me rendre à l'évidence, après quatre années resté à mes côtés, il a fini par ne plus marcher, pourtant nous avons vécu des aventures ensembles, je pensais qu'il allait continuer jusqu'au bout avec moi. Après quelques secondes, je prends conscience que je parle de mon ordinateur comme si il était un être vivant. N'ayant rien à faire je replonge sur le lit pour m'apprêter à faire une sieste bien méritée comme je les aime. Je m'apprêtais à rejoindre les bras de Morphée quand les cris d'une femme m'interpellent depuis l'extérieur. Son cri était à un tel point fort qu'il me rappelait celui de Fatou.
« Fatou ! », fais-je en me levant d'un bond du lit. Je sors rapidement de la chambre avant d'arriver dans le couloir. Fatou du haut de sa petite taille se déchaînait contre les gardes du corps qui tentaient de l'empêcher d'entrer.

C'était un accidentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant