J'éteins la lumière de la pièce et sort du pub. Je ferme à clef la porte et descend le store en métal qui fait, par son bruit, relever la tête des quelques personnes présentes dans la rue. Je verrouille les serrures un seconde fois en soufflant. Après avoir jeter les clefs dans mon sac je me frotte le visage de mes mains. Je me redresse et empreinte le même chemin que d'habitude. Même aveugle je ne me perdrai pas dans ces minuscules ruelles qui traverses toutes la ville. D'habitude, les gens se méfient des sombres ruelles, davantage en pleine nuit, davantage à trois heures du matin. Mais je n'y ai jamais vu un certain danger dans ces étroits chemins. Pas plus qu'en plein centre ville.
J'arrive après un quart d'heure de marche devant mon immeuble. Devant celui-ci je reconnais Tom, un résident. Il est assit sur le rebord d'un pot de fleur en pierre et est assoupi. Je claque des doigts devant lui en souriant. Il lève les yeux vers moi. Il a encore les paupières presque fermées et je ris en le prenant par le bras pour qu'il se redresse.
- Je t'attendais, dit-il en s'appuyant contre moi.
- Ouais. Comme tous les vendredis et samedis, répond-je.
Je sais très bien qu'il fait comme chacun de ses vendredis et samedis le tour des bars avec ses amis et s'endort devant l'immeuble parce qu'il oublie toujours ses clefs chez lui.
- Tu sais qu'être éméché c'est un prétexte pour t'avoir dans mes bras, ajoute-t'il.
- Pas terrible comme technique de drague à raconter à nos gosses.
Après avoir passé le vestibule de l'immeuble où une toilette abandonnée depuis quelques années est toujours posée dans un coin, j'essaie tant bien que mal de faire monter les escaliers à Tom. Nous arrivons finalement devant la porte de son immeuble après avoir risqué de tomber une centaine de fois dans ces escaliers centenaires. Tom fouille sous la carpette devant ses pieds et en sort une clef. Il l'insert dans sa serrure et lorsqu'il ouvre la porte, je le pousse à l'intérieur de l'appartement.
- Entre ma Frida, je t'offre un verre pour m'avoir fait monter jusqu'ici.
- Non merci. Je vais aller dormir.
Il tend son indexe vers mon nez mais je tourne le visage avant qu'il ne me touche pour gravir encore une centaine d'escaliers et d'arriver à mon pallier. Je rentre dans mon appartement où je m'affale dans mon canapé.
J'ai beau penser très fort qu'il faut que je dorme, que c'est plus raisonnable, je me perçois toujours que quelque chose va arriver et changer quelque chose dans ma vie. Même à quatre heure du matin passé, même si ma journée a commencée et bientôt finie de la même manière que toutes les semaines. Ces soirées dans mon appartement m'ennuient. Rien ne m'attend là où j'habite, pas même mon lit cassé.
N'avoir rien à faire est la pire hantise. Il faut que je bouge toujours, sans ça je déprime. Dormir est parfois une chose impossible, mon esprit ne s'arrête jamais.