On m'arrache des mains la fin de ma cigarette pour en fumer les dernières taffes.
- T'es chiant, souffle-je à Livio.
- Quoi ? demande-t'il en recrachant la fumée.
- Pourquoi toi et Pietro vous m'avez abandonnée pendant deux heures ?
- C'est toi qui voulait que j'emballe cette cagna. T'as perdu Pietro ?!
Je roule des yeux.
- "Perdu". T'emballes pas. Il doit prendre son pied en ce moment. Moi je me fais chier.
Il se tourne vers moi avec un sourire malicieux :
- Ça me dérange pas de te faire prendre ton pied.
Je regarde devant moi. Une affiche qui montre le visage rectangle de Matt Damond pour son nouveau film sorti il y a peu de temps, est placardé sur la façade en face.
- Ok. Je crois qu'il me reste un peu de CBD.
Livio jette le mégot dans une poubelle à côté de nous et je rentre de nouveau dans le bar. Avant même que je ne pose mon cul sur la chaise je me fais tirer par le bras vers les pauvres couples qui dansent avec un ballet dans le cul.
Je me retrouve en face de la tête de cul de Livio qui sourit de toutes ses dents en me faisant tourner sur moi-même. Putain pourquoi je parle toujours de cul ?
- Arrête, abruti. J'vais gerber, grogne-je en sentant mon estomac se retourner.
- T'es chiante, tu sais.
- Je sais ce que je suis.
Je me détache de lui et enfile directement mon manteau.
- T'es vexée ? demande-t'il en m'imitant.
- Non. J'ai envie de rentrer chez moi. Je vous ai trop attendu pour rien.
- Je te raccompagne Angelo mio.
- Tu sais encore comment je m'appelle ?
- Bien-sûr. Ton nom c'est Bellezza.
- Je comprend rien à l'italien, je sais pas si t'es au courant.
Je sors du bar avec Livio sur mes talons.
- Je peux t'apprendre l'italien, tu sais. En plus, apprendre une langue c'est la pratiquer tous les jours. C'est une raison pour se voir tout le temps, dit-il en essayant de me prendre par les épaules.
Je le repousse et sort à nouveau une cigarette.
- Tu me supporterais pas plus de deux jours. Arrête de croire que je vaux le coup. Je sais même pas sucer.
Je lâche un rire avant de tousser grossièrement à cause de la taffes qui a brûlé mes poumons.
- T'es drôle Amore mio, lâche-t'il.
Je lui plante ma cigarette sur sa main pour le brûler, il pousse un cri et je la remet entre mes lèvres.
Nous continuons le chemin jusqu'à mon appartement silencieusement même si je vois Livio me regarder du coin de l'œil, comme si il avait quelqu'un chose à dire. Mais je préfère qu'il se la ferme. J'ai mal aux pieds et au crâne. J'ai pas du tout envie qu'ils me fassent encore chier avec ses phrases à deux balles ou ses questions débiles. Je veux juste dormir.
Rue des écoliers, je me tourne vers Livio et lui offre une cigarette de mon paquet.
- Je me suis un peu servie dans ton portefeuille alors je te dois bien une cigarette, sourie-je.
Il tire un sourire en coin et me rend la clope.
- Je préfère garder cette cigarette comme prétexte pour qu'on se retrouve seuls une autre fois.
- Pas con. Salut.
Je rentre dans mon immeuble et me plains des escaliers qu'il faut monter. Pourquoi j'habite le dernier étage ? Arrivée à mon appartement je lance ma veste au sol ainsi que mes chaussures et me laisse tomber sur mon lit.
Je vais gerber.