Je suis à mon quatrième verre de Cava. J'avoue que je profite du fait que ce n'est pas moi qui va payer ma consommation. Mais si je ne le ferais pas, je ne serais plus moi véritablement.
Pietro, Léo et moi sortons à l'extérieur pour fumer le joint que l'ami junkie des garçons à roulé il y a peu de temps. En plus j'ai la beuh gratuite.
Pendant quelques secondes nous restons dans le silence en faisant tourner le spliff jusqu'à ce que Pietro ne parle :
- T'es pas trop jalouse ?
Je fronce les sourcils en tirant sur le joint.
- Jalouse de quoi ? demande-je en expirant la fumée.
- De Marie.
- Ah tu parles du fait que j'ai dû me farcir les toilettes ? Elle sait pas ce qu'il va l'attendre de m'avoir prise par les sentiments pour avoir ce qu'elle voulait.
Léo me prend le joint et Pietro roule des yeux.
- Je parlais de Marie et Livio, continue-t'il.
- Je dois être jalouse de quoi ?
Je jette un coup d'œil par la vitre et les retrouve entrain de rire ensemble.
-Tant mieux s'ils s'amusent, ajoute-je.
Pietro me regarde longuement alors que j'essaie de savoir pour quelle raison il dit ça.
- On rentre ? demande alors Pietro.
Léo, lui, reste à l'extérieur pour finir le spliff alors que Pietro et moi rentrons dans l'établissement.
- On compte tous venir chez moi, dit Livio en nous regardant revenir. Frida, tu veux venir ?
Je crois c'est la première fois qu'il prononce mon prénom.
Je regarde ma montre : 20h27. Qu'est-ce que j'ai d'autre à faire au fond ? Tom n'est toujours pas revenu de Bruxelles.
- Sì, répond-je.
Pietro et Livio lâche un rire sûrement parce que j'ai dit ce mot avec un accent affreux. Mais c'est le seul mot que je sais dire en italien.Je regarde le plafond blanc de la maison de Livio. Parce que ce type a carrément une maison. Au début, je pensais qu'il n'habitait pas toute cette maison de maître mais, si, il occupe tous les étages. C'est immense ici. Il y a quatre étages et les plafonds sont toujours incroyablement hauts, comme si la maison faisait des centaines de mètres de hauteur. Puis j'ai bu quelques verres en plus aussi.
Il est passé minuit et Léo ainsi que Pietro sont affalés sur le canapé en face de moi. Ils dorment et sans doute que Marie et Livio qui se sont isolés durant la soirée également. Et moi je reste éveillée.
J'attrape la bouteille de vin sur la table basse et bois plusieurs gorgées. C'est même pas de la piquette. Il est même effroyablement bon.
Soudain, j'entends le plancher ancien grincer derrière moi. Je laisse tomber ma tête en arrière et tombe sur le corps à l'envers de Livio.
- Tu dors pas ? demande-t'il avec son doux accent italien.
- Non. J'arrive pas. Pourquoi t'es réveillé, toi ?
- Marie ronfle.
Je rigole avant de me redresser et de regarder Pietro, en face de moi, dormir les yeux ouverts. Il fait flipper.
Je vois Livio sortir du salon et je me met en tête de le suivre.
- Je crois que j'ai compris, Livio, dis-je.
Il m'interroge du regard et je plisse les yeux.
- Je pense que t'es le fils d'un mafieux, continue-je.
Il se tourne vers moi, amusé, alors que nous avons atteint la cuisine.
- C'est courant les histoires de mafia en Italie, non ? Et puis, si t'en fais pas partie...elle sort d'où cette baraque ?
- Tu veux un verre d'eau ?
- C'est ça, détourne le sujet de conversation. Mais oui, j'en veux bien un.
Alors qu'il me le tend je remarque enthousiasment la neige qui tombe.
- Regarde ! m'exclame-je en buvant d'une traite le verre d'eau.
Je me dirige vers la fenêtre qui donne sur la cour de la maison.