Je me dirige vers la sortie du bar et j'entends dans mon dos :
- On ne peut pas laisser d'aussi jolie fille dehors, seule.
Je me retourne vers Livio, debout devant ses amis tout sourire.
- Si. On peut, affirme-je.
- Depuis que je suis enfant on m'apprend à protéger les femmes, dit-il fièrement.
- Aucunes d'entre elles ne t'a attendu dans ce cas.
- Ciao ! lance-t'il à ses amis avant de se diriger vers moi.
Je souffle et ne l'attend pas pour commencer à marcher.
- Attend moi Angelo mio !
Il se retrouve vite à ma hauteur alors que je sors de la poche mon paquet de cigarette. Je sors un cylindre que je glisse entre mes lèvres pour très vite l'allumer de mon briquet. La fumée réchauffe mon corps tout entier et j'en frissonne.
- Une aussi délicate demoiselle peut fumer ? demande-t'il faussement étonné.
- Parce que tu crois que c'est mon genre ?
- D'être délicate ?
- D'être une demoiselle.
Je souris en regardant devant moi devant le ton monotone que j'ai employé. Comme pour le faire passer pour une fille asociale, une lesbienne toujours draguée par des garçons.
Je sens à côté de moi Livio fouiller dans sa poche puis le bruit d'un briquet. Je tourne mon visage vers lui pour découvrir une cigarette dans sa bouche.
- Tu vois, même les hommes galants sont nocifs, dit-il en se tournant vers moi.
Je lève mes mains en l'air et déclare :
- J'ai jamais pensé le contraire.
Il sourit et je tourne mon regard devant moi.
- T'habites où ? continue-t'il.
- Rue des écoliers.
Et ça ne me va pas du tout.
- Ah bon ?
- Tu habites tout près ? lui demande-je en détachant mes cheveux.
- Pas du tout, j'habite l'opposé.
Je fronce les sourcils. Pourquoi ce "ah bon ?" dans ce cas ?
- Tu sais, j'ai pas besoin de toi pour rentrer chez moi. Je fais ça tous les jours depuis un peu près deux ans, lâche-je.
- Bah. Pour que je sache le chemin jusque chez toi quand tu me manqueras.
- Ah. Tu crois que je t'ouvrirai ?
- Les italiens ont un dont pour la persuasion.
- J'avais jamais entendu ça d'eux.