XVIII

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  Je me réveille dans un lit qui n'est sans doute pas le mien tellement il est confortable. Mais je me crispe d'un coup quand je remarque Livio à côté de moi. Je me lève directement et fonce en-dehors de la chambre. Je devais être à minimum un mètre de lui dans ce lit mais je suis sûre que ce type ne me lâchera pas simplement parce que j'étais dans le même lit que lui.
  J'essaie de retrouver le salon, je sais même pas à quel étage je suis. Au bout de dix minutes je retrouve Pietro qui mange un pain confituré à côté d'une tasse fumante.
  - T'es enfin réveillé, dit-il.
  Je regarde ma montre et il est déjà treize heure.
  - Et Livio, il dort ? demande-t'il.
  - J'en sais rien moi, répond-je en haussant des épaules, l'air de rien.
  - Marie et Léo se sont déjà barrés. Tu veux du café un truc à manger ?
  - Non. J'ai pas faim.
  Pietro me raconte comment les plats de sa maman lui manque depuis qu'elle est à l'hôpital pour se faire opérer des pieds (je ne sais même pas ce qu'elle a d'ailleurs). Mais ça ne fait à peine que deux jours qu'elle ne lui a rien cuisiné. Je comprend pas Pietro.
  - Ciao, dit-on dans mon dos.
  - Ah, enfin.
  Puis ils ont commencé à se parler en italien. Ça avait l'air drôle vu les gloussements de Livio et la voix taquine que Pietro prenait. Mais je comprenais rien.
  - Ça vous dit rien de parler en français ? je fini par dire.
  - Je vais prendre ma douche, baille Pietro avant de se lever et de monter à l'étage.
  Quand ce dernier est véritablement parti Livio demande :
  - Qu'est-ce tu faisais pendant ces quatre jours ? Je suis venu jusque chez toi mais personne ne m'a ouvert. T'étais pas là.
  - J'étais en voyage humanitaire. J'ai construit une dizaine de puits.
  Je regarde sa réaction du coin de l'œil mais il sourit toujours comme avant.
  - Je pensais t'étais une sorte de robot qui avait été créé pour exterminer tous les êtres humains.
  Je rigole et son sourire s'élargit. Je savais pas que je donnais cette impression de moi. C'est plutôt drôle.
  - Plus sérieusement, j'ai passé Noël avec ma mère. C'est tout de suite plus morbide.
  - Qu'est-ce qu'il y a de morbide ? Si je pouvais, je passerai mes journées entières avec la mama, dit-il.
  On dirait un gosse à qui ont a jamais coupé le cordon.
  - Si tu le dis.
  Quelques minutes passent dans le silence, ça n'a pas l'air de le déranger lui mais moi ça me fout les jetons cette ambiance.
  - Je crois je vais y aller, lâche-je en me levant de ma chaise.
  - Déjà ?
  - Ouais, je travaille ce soir et je pue un mélange d'odeur entre la beuh et le vin.
  - Je vais te raccompagner, si tu veux.
  - Non. J'ai pas besoin de toi, réponds-je en me dirigeant vers la sortie.

  Je rentre sous les jets d'eau chaude qui brûlent ma peau. Mes douches sont soient glacée soit brûlante sinon ça m'endort et je déteste cette sensation de vouloir tout le temps dormir.
Je ferme les en me concentrant sur la musique qui comble les espaces de ma salle de bain. C'est une musique de Luigi Tenco : un giorno dopo l'altro. Et par dessus les cordes qui font la mélodie des paroles, la voix du chanteur me fait bizarrement rappeler celle de Livio.
J'ouvre subitement les yeux. Et désormais, la voix de Luigi Tenco est tout-à-fait différente de celle de Livio. Je suis tarée. Et bizarrement, maintenant je me demande si Marie et lui ont couché ensemble. Ce serait logique que oui. Ce serait étrange que non.
Ça sert à rien d'y penser. C'est leur vie, pas la mienne. Que je le sache ou non ça ne changera pas la mienne.
Après m'avoir savonnée et rincée, je sors de ma salle de bain habillée le plus simplement possible pour aller travailler dans quelques heures. Je sors de mon frigo des pâtes que j'avais fait cuire la veille. Je m'assieds dans mon canapé pour manger le plat de pâtes sans sauce. Je me rend compte en mangeant que mon appartement est tellement silencieux. Surtout si j'ai pas un Tom qui vient chez moi à n'importe quel moment.
Faut que je me trouve une occupation.

Lit Cassé Où les histoires vivent. Découvrez maintenant