Chapitre treize.

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Harry referma la porte de la salle de bains après être entré et se laissa glisser sur le sol, son cellulaire dans une main. Il composa le numéro de sa sœur et attendit qu'elle réponde, le cœur lourd. Il se retenait de pleurer tout en se demandant pourquoi est-ce qu'il l'appelait. A chaque fois qu'il avait des problèmes, c'était vers elle qu'il se tournait. Et là, il avait de sacré ennuis. Gemma serait furieuse contre lui et elle ne saurait pas quelle réponse lui apporter, c'était certain. Elle savait être maternelle, prendre le temps de lui expliquer comment apaiser une brûlure, comment bien faire rôtir la viande ou encore comment remettre le compteur en marche mais que pourrait-elle faire quand son frère lui expliquerait la situation ? Il la condamnait à devenir sa complice alors qu'elle n'avait jamais encouragé un tel comportement. Harry s'apprêta à raccrocher lorsque la voix de l'anglaise résonna. Et ce fût trop pour le bouclé, il fondit aux larmes.

- Harry ? S'inquiéta-t-elle. Harry, qu'est-ce qui se passe ? T'es toujours là ?

- Oui...

- Bien, calme-toi. Inspire profondément et essaye de te calmer.

Il obéit à sa sœur et se concentra uniquement sur le son de sa voix, comme lorsqu'il était enfant et qu'il allait se réfugier dans son lit, les soirs d'orage. Il n'y avait qu'elle qui avait un tel pouvoir sur lui et si elle n'arrivait pas à résoudre ses problèmes, elle pourrait au moins apaiser son cœur.

- J'ai fait une connerie, Gemma. Une énorme connerie.

- Qu'est-ce qui se passe, Harry ? Je comprends rien.

- Je sais que tu m'avais dit d'oublier Maeve, de passer à autre chose et de me trouver une copine mais je...

- Ne me dis pas que tu as repris contact avec elle ? Merde, Harry, s'énerva la blonde.

- J'ai fait pire que ça.

Elle garda le silence, s'imaginant les pires scénarios possibles. Gemma n'avait jamais compris l'obsession de son frère pour la blonde. Certes, elle était jolie et semblait profondément gentille mais ce n'était pas pour cette raison que Harry en était amoureux. C'était bien plus profond que ça et c'est ce qui inquiétait tant l'anglaise. « Si seulement il ne l'avait voulu que pour son corps », souffla-t-elle intérieurement alors qu'elle l'imaginait se rendre au domicile de Maeve et lui avouer ses sentiments, elle qui n'avait jamais fait attention à lui. Elle avait dû le rejeter, ce qui expliquerait ses pleurs. Et encore une fois, Gemma le ramasserait à la petite cuillère.

- J'ai menti à maman, finit-il par avouer dans un souffle. Quand Shona l'a appelé et que je suis parti, c'était pas à cause du boulot. Personne ne m'a dit de venir bosser un dimanche. C'est moi qui suis parti.

- Et... Où est-ce que tu as été ? Osa lui demander Gemma, la gorge sèche. Elle savait déjà ce qu'il allait lui répondre.

- J'ai couru comme un fou pour aller voir Maeve. Et quand elle s'est réveillée, je... Quand le médecin a dit qu'elle était amnésique, je pensais que c'était un truc temporaire, à cause de l'accident, et que ça s'estomperait après une bonne nuit de sommeil. Et elle s'est réveillée quand j'étais auprès d'elle et je... Il inspira profondément. Je lui ai dit que j'étais son fiancé.

- Tu as quoi ? Hurla Gemma.

A nouveau, les larmes chatouillaient ses yeux. Il avait envie de fondre en larmes, de pleurer à ne plus s'arrêter jusqu'à ce qu'il cesse de se sentir aussi stupide. Maeve lui répétait sans cesse d'avoir confiance en lui, d'arrêter de se dénigrer mais si elle avait su ce qu'il lui avait fait, elle aussi elle le trouverait con. Il n'avait pas fait qu'enfreindre la Loi, il avait agis sans aucune morale, en ne pensant qu'à son cœur brisé et à son amour pour la jeune femme.

- Ca fait deux mois qu'elle vit avec moi et je... J'ai foiré, Gemma, je le sais, et je suis dans la merde. Je pensais qu'elle allait retrouver la mémoire et qu'elle me jetterait mais elle se souvient de rien et je... Ca me dépasse. Je veux pas qu'elle me déteste pour ce que j'ai fait, surtout maintenant qu'on s'est embrassé. Je pensais pas que ça arriverait mais je suis censé faire quoi maintenant ? Elle n'a que moi ici et si je lui dis, je sais pas ce qu'elle va faire.

- Mais dans quelle merde tu t'es encore foutu, Harold ?

Elle l'avait dit avec un ton las, ne pouvant pas se douter que Harry serait capable d'une telle chose. Elle qui avait cru qu'il n'aimait plus Maeve, qu'après tout ce temps sans avoir de ses nouvelles, il avait fini par lâcher prise. Elle aurait dû savoir qu'il ne la laisserait jamais tomber. Et pourquoi avait-il fallu que Shona appelle leur mère alors que Harry lui rendait visite ? Et pourquoi lui avait-elle appris la nouvelle ? A quoi s'était attendue Anne ? Que Harry allait simplement lui souhaiter un prompt rétablissement ? C'était Harry, celui qui aimait trop. Celui qui aimait, tout court. Sans réfléchir. Sans penser aux conséquences de ses actes.

- Qu'est-ce que je fais maintenant ? Lui demanda-t-il telle une supplication, le cœur au bord des lèvres.

Réfléchir et vite. Maeve se trouvait dans la pièce d'à côté, dans le salon. Elle regardait les derniers vinyles qu'avaient acquis Harry lorsqu'un nouvel arrivage lui était parvenu au travail. Cela n'allait pas l'occuper longtemps.

- Dis-lui la vérité, c'est la seule option qu'il te reste. Tu ne sais pas quand elle va retrouver la mémoire donc il vaut mieux qu'elle apprenne la vérité de ta bouche. Elle va se sentir trahie mais elle pourra s'en remettre si tu es sincère avec elle. Attend le moment opportun et fais-le. Et ne tarde pas, Harry. Tu as causé assez de dégâts comme ça.

Gemma avait raison, il ne pouvait plus continuer à mentir à Maeve. Plus maintenant. Il remercia sa sœur et raccrocha. Avant de rejoindre la blonde, il aspergea son visage d'un peu d'eau et ouvrit la porte. Elle releva la tête en entendant le verrou de la salle de bains et lui demanda avec douceur :

- Ca va mieux ?

Il fit « oui » de la tête et s'installa sur le canapé, ses genoux collés à son torse. Il regarda Maeve parcourir les vinyles des yeux avant de s'en emparer un à la pochette verte, recouvert d'un signe de multiplication.

- Ed Sheeran, lut-elle. C'est celui qu'on écoutait quand on a été à Glasgow ?

A nouveau, il opina d'un signe de tête. D'une main experte, Maeve sortit le disque de sa pochette et le déposa sur le tourne-disque avant de placer le bras sur le quarante-cinq tours et de venir s'installer à côté de Harry, sa tête posée sur son épaule. Elle recouvrit leurs corps d'un plaid et alors que la voix du rouquin s'élevait dans les airs, semblant avoir écrit cette chanson en s'étant inspiré de la vie du bouclé, Harry trouva que c'était le moment idéal pour lui apprendre la vérité.

«  Just promise me, you'll always be a friend...

Cause you are the only one. »

Ripping out the pages.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant