Les deux mains sur la bouche, la femme semblait sous le choc. Elle marcha à grand pas jusqu'à moi, ses chaussures frappant par coups saccadés le parquet brun du salon du Manoir. Un horrible bandeau rose à pois blanc retenait ses cheveux bouclés et ébouriffés. Lorsqu'elle me prit par les épaules dans un geste lourd, je pu remarquer distinctement les quelques rides qui sculptaient son visage joufflu.
Soudain, quelque chose chez elle me fit sursauter de peur et je me sentis encore plus embarrassée que je ne l'étais déjà. Ses yeux étaient d'un gris translucides, quasiment blanc. Comme si elle était aveugle. Je détournai le regard.
- C'est bien toi ! s'exclama la femme comme si elle n'en croyait pas ses yeux. Tu es enfin là ! Oh, grand dieu comme tu lui ressembles...
J'étouffai un cri de surprise lorsqu'elle me prit brutalement dans ses bras. Elle me serra contre sa poitrine volumineuse en me balançant de droite à gauche, tandis que je restai figée comme un mannequin, les bras le long du corps, en me demandant ce que pouvait bien signifier toutes ces effusions d'amour.
Je lançai un regard désemparé à Madame Le Sen. Elle me rendit un sourire bienveillant, sans dire un mot.
Par dessus l'épaule de la femme, je pu m'apercevoir que les deux hommes me scrutaient également. Le premier, aux traits réguliers et aimables, semblait aussi âgé que la femme. Ces cheveux bruns étaient suffisamment longs pour cacher ses oreilles. Il nous regardait d'un air affectueux, comme si la femme était une petite fille qui serrait sa peluche dans ses bras.
A ses côtés, un jeune homme d'une vingtaine d'année environ arborait un sourire éclatant. Tous les deux se ressemblaient beaucoup.
- Eva, fit Catherine d'une voix douce qui apaisa un peu mon cœur affolé, je te présente Martha, son mari Alaric, et Robin, leur fils.
Enfin, la dame desserra un peu la pression autour de moi. Elle recula de quelques mètres et renonça enfin à me dévisager pour se tourner vers Madame Le Sen. Je soupirai discrètement, soulagée. J'étais incapable de m'exprimer, comme si on m'avait rempli la bouche de colle ultra forte. C'était tellement étrange que je ne savais pas comment me comporter.
- Je suis vraiment désolée pour Mia, Catherine, fit Martha d'une voix pleine de larmes. Naofel n'a jamais été quelqu'un de très...
Elle s'interrompit. La mine anxieuse, la mère de ma meilleure amie la remercia d'un signe de tête même s'il était évident que ces paroles n'avaient pas réussi à la réconforter.
Je fronçai les sourcils en observant les deux femmes s'échanger un regard rempli d'affection. Apparemment, elles se connaissaient bien et s'appréciaient beaucoup. C'était étrange, Mia ne m'avait jamais parlé de cet endroit et je n'avais jamais croisé ces gens chez elle alors que pourtant j'y étais souvent depuis que j'étais toute petite.
Les questions se mirent à nouveau à tourner dans ma tête. De nouvelles, cette fois-ci. Comment se faisait-il que Mia et sa mère connaissent l'homme au loup ? Et que ce dernier connaisse ma mère ? Et que les habitants du Manoir le connaissent lui ?
Mes questions tournaient en rond.Tout était lié. C'était si compliqué que tout s'emmêlaient dans ma tête. Tellement que je commençais à avoir du mal à réfléchir. Il aurait fallu que je me pose quelques minutes au calme pour décortiquer toutes ses informations, mais c'était impossible.
Martha s'était remit à me fixer. De sincères larmes de joie coulaient sur ses joues à présent. Alaric avait posé son bras sur son épaule dans un geste affectueux et réconfortant. L'autre jeune homme se tenait un peu plus loin, le sourire aux lèvres. Je me mordis la langue, terriblement gênée. Cette scène était ridicule. J'aurai voulu être à des milliers de kilomètres d'ici.
- Est-ce qu'on se connaît ? leur lançai-je tout à coup.
J'avais parler sans réfléchir. Ma question était sortie comme ça, subitement, mais elle me taraudait depuis que Martha s'était approchée de moi. Tous ces regards, ces paroles, ces gestes... Cette force si affectueuse et protectrice qui s'était dégagée de la femme lorsqu'elle m'avait serré contre elle.
J'avais un désagréable pressentiment. Quelque chose que me criait mon instinct depuis quelques minutes pour essayer tant bien que mal d'attirer mon attention même si je tentais de le faire taire. Parce que je ne pouvais pas le croire. Pourtant, j'avais besoin de savoir. Il fallait que j'en ai le cœur net.
- Tu as déjà deviné Eva, me lança Catherine d'une voix la plus douce qui soit.
Je secouai la tête. Non. Ça ne pouvait pas être ça. Ça ne devait pas être ça. Je n'étais pas prête.
- Je veux vous l'entendre dire.
Mon cœur battait comme un fou par peur de la vérité. J'avais l'impression qu'il allait s'arracher de ma poitrine tellement j'avais mal. Après un temps qui me parut presque infini, Martha hocha la tête puis, avec une voix émue, me déclara :
- On est ta famille. Ta famille biologique.
Je sentis mon visage perdre toutes ses couleurs tandis que les habitants du Manoir me scrutaient sans un mot, attendant sans doute une quelconque réaction de ma part. Mais c'était comme si je venais de me prendre un mur en pleine face. Je restai clouée au sol, incapable d'agir, de penser ou de dire quelque chose. Ma respiration se bloqua. Mon cœur sembla s'arrêter. Il se contracta dans ma poitrine dans une douleur intense.
Mon instinct avait raison depuis le début. Je n'aurai jamais dû poser cette question. Je n'aurai même jamais dû entrer ici.
Tétanisée, j'observai Martha poser ses deux mains sur son cœur et ajouter, remplie d'émotions :
- Tu es ma nièce. Ta maman est ma grande soeur.
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NDA : Un chapitre fort en révélations, n'est-ce pas ? Aviez-vous deviné ? Vous y attendiez vous ? :)
N'hésitez pas à me faire part de vos remarques/conseils/questions dans les commentaires, et à voter si ce chapitre vous a plu ! ❤
J'ai aussi changé le résumé, il vous plaît ?:D
A dimanche pour un nouveau chapitre ! ❤
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Les Enfants de la Nature
ParanormalAllergique aux nouvelles technologies et au sommeil, Eva est une adolescente heureuse et épanouie. Un jour, sa vie prend un autre tournant lorsqu'elle voit une de ses meilleures amies se faire enlever sous ses yeux par un monstre. Le temps d'un wee...