— Coucou, cousine.
Enfermée dans mes pensées, tranquillement assise dans l'herbe du jardin du Manoir, je n'avais pas entendu Robin et Gabriel approcher. Le premier m'adressa un grand sourire comme à son habitude, ses yeux pétillants de malice.
Deux jours étaient passés depuis la ''visite'' de Naofel. Je laissai les deux garçons m'approcher lorsqu'ils le souhaitaient, sans pour autant parvenir à me détendre en leur présence.
— Qu'est-ce que tu fais ? me demande Robin.
— J'attends que tu me jettes dans une voiture, comme tu aimes le faire, lui répondis-je d'une voix dure, mais légèrement teintée d'ironie.
J'étais restée assise par terre. Les yeux baissés vers le sol, j'arrachais par brindille l'herbe qui m'entourait.
— Ne me dis pas que tu m'en veux encore ? s'étonna Robin.
Je levai la tête et lui jetai un regard noir qui n'était qu'à moitié fein. S'ils ne m'avaient pas rattraper cette nuit là, je serai en ce moment chez moi, auprès de mes parents.
— Tu m'en veux encore. Bon.
Il se gratta l'arrière de la nuque d'un air mi-gêné, mi-amusé.
— Eva, on voudrait t'aider à hybrider, m'annonça Gabriel.
Je fronçais les sourcils, sans répondre. Décidément, je ne pouvais jamais être tranquille.
— Tu es en phase d'hybridation en ce moment, ajouta-t-il. Tu dors de plus en plus, tu es de plus en plus sur les nerfs, voir agressive.
— Comment je pourrais ne pas être sur les nerfs alors que ma vie toute entière a explosé du jour au lendemain ! m'exclamai-je d'une seule traite.
Les deux frères se regardèrent d'un air entendu, comme pour dire "Tu vois, je t'avais dit qu'elle était sur les nerfs". Ce regard m'agaça encore plus.
— Justement, tu as besoin de te défouler. C'est la colère qui déclenche souvent la métamorphose. Lorsque tu te transformeras pour la première fois, ton hybridation sera terminée. Plus souvent tu te mettras en colère, plus vite tu hybrideras.
Je le toisai du regard. Gabriel affichait une mine sérieuse, comme d'habitude, ses sourcils noirs froncés et ses cheveux noirs relevés en chignon. Il portait encore son vieux pantalon hippie marron, d'où dépassait deux pieds nus.
— Et si la colère devient trop forte ? demandai-je d'une voix neutre. Et que je n'arrive plus à...
Je ne pus finir ma phrase, mais Gabriel sembla comprendre à travers mon silence. Ma ''crise de folie'', comme j'aimais à l'appeler.
— C'est nécessaire, Eva. C'est comme ça que tu aboutiras au bout du processus. Il faut que cela arrive au plus vite, c'est important.
Je respirai un grand coup. Une boule se forma dans ma gorge. Je ne voulais pas revivre ça. Les images du moment où j'avais perdu pied me revinrent en mémoire, toujours aussi brûlante. Je frissonnais.
Tout à coup, quelque chose fila à la vitesse de l'éclair devant moi. Je sursautai de frayeur et me remis sur mes jambes en une seconde, avant de m'apercevoir que ce n'était qu'un simple chat. Un gros chat. L'animal fit demi-tour, puis s'assit à quelques mètres de moi et se mit à me dévisager fixement.
— C'est... c'est quelqu'un ? bredouillai-je, perturbée.
— C'est un chat je pense, oui, fit Robin en riant.
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Les Enfants de la Nature
ParanormalAllergique aux nouvelles technologies et au sommeil, Eva est une adolescente heureuse et épanouie. Un jour, sa vie prend un autre tournant lorsqu'elle voit une de ses meilleures amies se faire enlever sous ses yeux par un monstre. Le temps d'un wee...