Chapitre 10

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// Point de vue de Shaze //

Sérieusement !? Comment pouvait-elle être ici !? Elle n'en avait pas le droit ! Elle avait fait souffrir Noah et ma mère en ne leur donnant plus de nouvelles durant deux ans, et la voilà ici ! Elle en avait du culot !

Je sentais, au fond de moi, qu'il n'y avait pas que ça qui m'irritait. La revoir me faisait du mal. Je souffrais devant sa présence. Elle était devenue encore plus belle qu'avant. Quand je posais mon regard sur elle, je pouvais voir tout ce que j'avais perdu cette nuit là en lui mettant cette gifle et en lui disant toutes ses atrocités. 

Ses courbes pulpeuses me faisaient toujours autant perdre la raison. Et sa voix. Si douce et si belle, cette voix qui avait toujours su calmer mes colères, mes doutes et mes peurs. Voilà que maintenant, cette voix n'était plus pour moi. Elle ne me réveillerait plus jamais chaque matin, tout en douceur, tout en câlin. Elle ne me réveillait déjà plus depuis deux longues années. 

Je pensais avoir surmonté ce vide, mais en réalité, je m'étais juste voilé la face durant tout ce temps. Ce vide était toujours présent, il était seulement resté dissimulé durant tout ce temps. Je l'avais perdu, et la voir, devant moi, accentuait ce sentiment de perte et de vide qui ne me quittait plus.

« Shaze, Tanya est notre invitée alors comporte toi bien avec elle je te pris. Je vais te chercher une assiette. »

Ma mère se leva ensuite et partie dans la cuisine. Je soupirai longuement. Me comporter bien avec elle ? La blague. Je ne pouvais pas, je ne pouvais plus. C'était trop tard. Je m'assis en silence à côté de Noah tout en évitant de regarder celle qui autre fois avait été la seule et l'unique, et qui désormais n'était plus que cette infinie douleur.

Elle semblait heureuse, épanouie. Est-ce qu'elle avait refait sa vie ? Égoïstement, j'espérais que non. Même séparé d'elle, je ne pourrais jamais me résoudre à la laisser définitivement partir. Je l'avais perdu, et pourtant, en deux ans, je n'étais pas parvenu à refaire ma vie. Il n'y avait qu'elle, et il n'y aurait toujours qu'elle.

Pourquoi je n'avais pas essayé de réparer mon erreur ? Par honte et par culpabilité certainement. Je lui avais promis de ne jamais lui faire de mal, de ne jamais lever la main sur elle, de ne jamais devenir comme mon père et j'avais lamentablement échoué.

L'assiette pleine que ma mère venait tout juste de poser devant mon nez ne m'attira pas. Je raffolais pourtant de son canard à l'orange, mais à cet instant l'appétit m'avait tout simplement abandonné. J'avais une boule dans l'estomac, qui ne cessait à la fois de monter dans ma gorge.

Je pensais qu'après le mariage, après l'avoir vu cette fois là, je m'en serais remis, qu'en la revoyant à nouveau, je me ficherais d'elle, et ce n'était pas le cas, c'était même loin d'être le cas. Je ne m'en fichais pas, elle me manquait, plus que je ne l'avais imaginé.

Une sonnerie de téléphone me sortit de mes sombres pensées. Je levai la tête vers Tanya qui regardait son portable. Elle le reposa ensuite en s'excusant, mais à peine la sonnerie venait-elle de prendre fin, qu'elle retentit à nouveau.

« Tu devrais répondre Tanya, si la personne te rappelle, c'est que cela doit être urgent. Dit ma mère avec douceur

- Oui... Désolée. »

Elle se leva rapidement de table et prit son portable avec elle en se dirigeant vers la cuisine. J'entendis à peine le début de la conversation.

« Allô ? Salut beau gosse! »

"Beau gosse ?" Est-ce que c'était son nouveau compagnon ? Le nouvel homme qui prenait soin d'elle, qui la regardait dormir chaque soir en se disant qu'il avait à ses côtés la plus belle femme du monde, celui qui la faisait rire, parfois pleurer. Celui qui désormais partageait sa vie.

Il fallait que je sorte fumer. La cigarette avait toujours le don de me détendre, même si je savais que ce n'était qu'une illusion et que dans moins d'une heure, je devrais fumer à nouveau pour avoir un peu de répit. Je me levai alors de table en m'excusant. Pour rejoindre le jardin, je devais forcément passer devant la cuisine, alors j'entendis sa voix et ne pus m'empêcher de m'arrêter pour écouter la conversation.

« Oui mon amour... Tu me manques aussi... Je reviens vite, je te le promet... Je t'aime plus que je ne pourrais jamais le crier... »

Je sentis mon cœur se briser dans ma poitrine. "Je t'aime plus que je ne pourrais jamais le crier". Non... C'était impossible... Je n'avais pas entendu ça... Pitié non... Comment pouvait-elle dire notre phrase à son nouveau mec !? C'était notre phrase ! Notre symbole ! Notre amour à nous ! Elle n'avait pas le droit de faire ça ! C'était une pure trahison ! C'était... C'était notre phrase à nous...

Pour le première fois depuis de longs mois, je sentis les larmes monter et ma gorge se nouer. Si un jour on m'avait dit qu'une femme allait me briser le cœur...

Je voulais partir loin, fuir à nouveau, mais mes jambes étaient trop lourdes, je me sentais affreusement mal. Mais surtout, j'étais vide. Vide de tout. Elle avait emporté avec elle le peu d'amour qu'il me restait.

« I hear the wind

I hear the plain

and like a shout

the breeze takes me along

Towards my land where there burns

the flame of another time.

Always, I will come back towards you.

I know the way is long,

but even at the ends of the Earth

I will find,

I will return.

I will survive the river,

the flash of the stars,

I will take my flight

like the royal eagle.

Beyond borders,

lonely dreams,

I need to see you,

I want to come home this evening.

And now I believe it,

all roads will lead to you,

and once night falls

your heart will guide my footsteps.

You flow like the river.

You are the Sun, yeah!

Like a royal eagle

you open your wings.

In you alone I trust,

and I have no law save one...

Oh, yes, always,

I will come back to you. »

Et voilà que maintenant elle chantait pour lui ! C'était comme un second coup de poignard dans le cœur. Comment une femme pouvait-elle à ce point faire du mal ? Elle m'avait tout pris, j'avais tout perdu en lui mettant cette gifle... Et je m'en voulais terriblement. Je l'avais perdu. Cette fois pour de bon. Je ne pourrais jamais la récupérer. C'était fini. Fini. Fini.

Il fallait que je sorte, que je fuis, que je cours loin d'ici. Je manquais d'air, je n'arrivais plus à respirer. Il fallait que je sorte maintenant. Si je restais ici ne serait-ce qu'une minute de plus, j'allais finir par m'étouffer, par ne plus pouvoir respirer, il fallait que je sorte.

Je récupérai mes clés de moto et ma vest... Non... C'était celle que Tanya m'avait offerte pour notre premier Noël... J'arrêtai mon geste avant de la prendre définitivement et partis en claquant la porte, en la laissant sur ce porte manteau. Il fallait que je parte le plus loin possible d'ici. Maintenant.  


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Hey ! J'espère que vous allez bien ! Je suis navrée pour le temps d'absence mais avec les examens, c'était assez compliqué d'écrire. J'espère que ce chapitre vous plaira tout de même. 

Troubles (TOME 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant