CHAPITRE DEUX

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En me réveillant, j'entendis une discussion animée, je ne comprenais pas tout mais les éclats de voix suffirent à me tirer définitivement de mon lit. J'ouvris la porte et jetai un regard hésitant et tout embué dans le salon. Jenny et deux garçons déjeunaient copieusement, assis sur des coussins.

- Coucou tout le monde, murmurai-je.
Les deux jeunes hommes se levèrent et vinrent me serrer la main.

- Salut Sarah, bienvenue à Lyon. Tu as bien dormi ? Je suis Rémi.
- Enchanté, Rémi. Je lui souris poliment, il avait l'air d'un garçon décontracté et bien dans sa peau.
- Et moi, c'est Damien, me lança le deuxième garçon d'une voix à peine audible.
Je le saluai également.
- Écartez-vous un peu, elle n'a pas besoin de savoir tout de suite que les Français sont collants. Sarah, viens manger avec nous, on a plein de choses à faire aujourd'hui.

Jenny, en grande forme, m'invita à prendre un coussin et je découvris une multitude de mets posés sur la table basse. J'aperçus de la marmelade, sûrement une petite attention à mon égard. Je n'osai pas exprimer mon dégoût, ma mère avait bien tenté de m'y faire goûter une fois mais sans succès. Cette fois-ci, par politesse, j'attrapai la cuillère que Jenny me présentait et la porta à mes lèvres. Beurk, c'était dégoûtant. Jenny me demanda de ne pas injurier la marmelade maison de sa grand-mère qui l'avait préparé spécialement pour moi.

- Mais je n'ai rien dit ! Fis-je en souriant 

– Non, mais tu l'as pensé tellement fort !

Je n'étais pas une grande bavarde, surtout le matin, mais je me sentis tout de suite à l'aise. Rémi me posa plusieurs questions allant de « Tous tes amis sont roux ? » à « Et ton petit copain ? ». Je remarquai que Damien ne parlait pas beaucoup et que Jenny ne quittait pas Rémi du regard. À la fin du petit-déjeuner, je pris congé d'eux pour aller m'habiller et ma colocataire en fit autant. Les garçons décidèrent donc d'allumer la télévision mais je les entendais chuchoter de ma chambre.

J'avais tellement hâte de découvrir Lyon, ma ville pour une année au moins. Jenny préférait y aller en douceur, elle ne voulait pas m'épuiser en visites inutiles, elle ignorait encore que rien ne me faisait plus plaisir que de partir à la découverte d'un endroit inconnu, plein de promesses, et d'observer tout ce qui m'entourait.

Rémi et Damien ne pouvaient pas venir avec nous, ils travaillaient dans un fast-food le week-end et ils étaient déjà en retard. Nous quittâmes l'appartement en même temps qu'eux et Jenny leur proposa de nous rejoindre en ville lorsqu'ils auraient terminé leur service.

Une fois dans le métro, Jenny commença à me raconter ses multiples échecs en amour. Je n'arriverai jamais à comprendre comment une histoire d'amour pouvait être la source de tant de problèmes, d'ailleurs, pour les éviter, je n'étais jamais sortie avec un garçon. Enfin si, en troisième, donc ça ne comptait pas. Je l'écoutai cependant attentivement et essayai de la conseiller au mieux, en la prévenant toutefois que je n'avais aucune expérience en la matière.

Nous arrivâmes sur la place Bellecour. Je ne pensais pas que le dépaysement puisse être si prenant, un mélange de vivacité et de grands espaces. Il y avait un nombre incalculable de boutiques. J'observais tout et je n'entendais plus les explications de mon accompagnatrice. La foule était également distrayante, je croisais des personnes toutes aussi différentes les unes que les autres : je regardais la jeune maman qui couvait son enfant des yeux, l'homme d'affaires qui pressait le pas, des jeunes qui chantaient à tue-tête et même un clown qui simulait la tristesse. Les passants étaient, en réalité, les mêmes qu'à Londres, à peu de chose près, et on les retrouvait probablement dans beaucoup de grandes villes d'Europe. Je pensais surtout que c'était le simple fait qu'ils soient français qui les rendaient fabuleux à mes yeux.

Ferme Grand Les YeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant