CHAPITRE DIX

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Environ 217000 résultats.


217000 résultats s'affichaient sur la page d'accueil de l'ordinateur mais ils ne me conduisaient nulle part. J'étais exaspérée. Je venais de passer une heure à chercher des réponses à ma question. Pouvait-on tout trouver aujourd'hui sur internet ? Apparemment, non. D'infinies possibilités pour une réponse improbable. Voilà où j'en étais concrètement. J'avais essayé de recenser les vignobles de la région mais ils étaient trop nombreux. Puis, j'avais privilégié ceux se situant le plus près de Lyon mais là encore, les images correspondantes –quand il y en avait- ne me rappelaient rien. Je m'autorisai à souffler un peu. Rester concentré devant un écran me donnait mal à la tête. Autour de moi, la bibliothèque était envahie de lycéens mais je n'y prêtais pas attention.

Mes hallucinations passaient au second plan désormais. J'en oubliais presque mes déboires pendant le cours de Mme Alena. Sur une feuille, se trouvaient les réponses apportées par le moteur de recherche : quelques noms de villages que j'avais notés sans grande conviction. C'était tellement dommage ! J'étais pratiquement sûre d'avoir ouvert grand les yeux dans le couloir, peut-être grâce au poème. Ce lieu devait forcément exister et je devais m'y rendre. Sinon, comment avais-je pu voir un paysage que je ne connaissais pas ? De plus, je n'avais pas été tout à fait endormie, ce ne pouvait donc pas être un rêve banal. Il fallait que je trouve cet endroit car c'était peut-être là-bas que je reverrais Adam. Et c'était tout ce que je souhaitais.

- Salut, Sarah. Qu'est-ce que tu fais là ? Lança la voix doucereuse de Kéra.

Je ne l'avais pas entendue arriver. Elle se trouvait juste derrière moi, son visage au-dessus de ma tête. Sous le prétexte d'une toux, je me penchai pour ranger la feuille annotée.

- Rien de bien amusant. J'essaie de faire mes exercices d'économie mais je ne suis pas très motivée.

- Je comprends, c'est pareil pour moi. Tu devrais demander à Damien de t'aider, il est plus doué que nous tous réunis, me conseilla-t-elle.

J'approuvai. Damien était intelligent, c'était indiscutable.

- Au fait, je voulais te proposer... Poursuivit-elle.

Elle s'installa à côté de moi, son sac posé sur la table. J'avais toujours trouvé qu'il y avait chez Kéra quelque chose de délicat. Elle n'était pas gentille, elle n'était que gentille.

D'une voix doucereuse, elle me proposa de partir à la campagne pour le week-end. Ses grands-parents étant partis chez des amis, elle et Damien pouvaient disposer de leur maison comme ils le voulaient. C'était une excellente idée ! Tout ce dont j'avais besoin en cet instant, Kéra me l'apporta sur un plateau. Partir en week-end, qui plus est à la découverte d'un nouvel endroit, me donna du baume au cœur. Je ne voulais pas finir étouffée par mes préoccupations. J'acceptai donc avec plaisir, ce qui parut étonner mon amie. Elle s'attendait sûrement à un refus de ma part.

- Sarah, tu es d'accord ? C'est génial ! Tu... On s'inquiète pour toi, tu sais.

Elle avait avoué cela d'une façon si touchante, sans me reprocher quoi que ce soit. J'éprouvai l'envie de la serrer dans mes bras. J'avais une chance insolente de connaître des amis comme eux. Pourtant, j'étais tellement ingrate... Les yeux brillants, j'esquissai un sourire ; en lui promettant que tout allait s'arranger. Kéra ne me demanda pas d'explications sur mon comportement et orienta la conversation sur notre escapade.

- La voiture de Damien est en panne, on sera obligé de prendre le train. 

- Ça me va, répondis-je.

Ferme Grand Les YeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant