CHAPITRE SIX

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Je ne sais trop comment, je me retrouvais à l'appartement. Ma main rédigeait un message destiné à Jenny. J'avais séché les cours et je n'avais qu'une envie : dormir, sans que personne ne vienne me déranger. J'éteignis mon téléphone portable et fermai les rideaux. Sans avoir la force d'ôter mes chaussures, je m'allongeai sur le lit et m'endormis aussitôt.

Je ne compris pas immédiatement d'où venait ce bruit. Un son lourd qui se répétait et qui me tira de mon sommeil. On frappait à la porte. En gardant le visage collé contre l'oreiller, je lançai un « entre, Jenny. » d'une voix pâteuse.

La porte s'ouvrit et des pas se firent entendre. Cependant, la pièce restait silencieuse. Je me relevai, étonnée de ne pas entendre la voix enjouée de ma colocataire.

Une joie incommensurable m'envahit et sans savoir pourquoi, j'émis un souffle de soulagement. La grâce et la beauté de ce qui me faisait face gommèrent toute ma peine, instantanément.

- N'aie pas peur de moi, s'il te plaît Sarah. Tu me connais, même si je suis différent. Je suis...

- Adam. Terminai-je, soulagée.

Il s'approcha doucement, en baissant la main ouverte qu'il avait levée, comme s'il craignait de m'effrayer. Comment un être aussi beau pouvait inspirer de la peur à qui que ce soit. J'avais reconnu l'envoûtement de son regard. Cependant, l'attraction s'étendait désormais à toute sa personne et n'était plus limitée à ses yeux. Les miens parcoururent son visage lisse, d'un ovale parfait, et sa peau satinée. Sa candeur contrastait avec ses yeux d'acier tandis que ses mains délicates coiffaient ses cheveux bruns. Il tentait de se donner une contenance et conservait le silence : comme s'il comprenait mon besoin de l'observer ainsi, s'y prêtant de bonne grâce. Il portait un veston noir sur une chemise en lin blanche ainsi qu'un pantalon noir. Une beauté d'un autre monde avait fait irruption dans ma chambre et venait de s'asseoir sur le bord de mon lit. J'étais subjuguée.

- J'ai tellement de questions que je ne sais pas par où commencer. Finis-je par avouer.

- Pose autant de questions que tu le souhaites, j'y répondrai, fit-il en esquissant un délicieux sourire. Il jeta un œil par-dessus son épaule et ajouta : On a un peu de temps devant nous.

- Qui es-tu et comment fais-tu pour disparaître aussi vite ?

- Il me semble qu'il n'y ait pas vraiment de mot pour définir ce que je suis... Confessa-t-il les mains jointes.

-... Alors explique-moi avec d'autres mots. Il faut juste que j'aie une explication rationnelle à tout ce que je vois depuis que je t'ai croisé dans le train.

Il fit une grimace.

– Il n'y a rien de rationnel là-dedans, c'est ça ?

Sa tête tourna de gauche à droite.

- Sarah, il faut que tu saches que je n'y suis pour rien. C'est toi et crois-moi j'ai été tout aussi étonné.

- Moi ? Qu'est-ce que j'ai fait ?

- Tu n'as rien fait de spécial, c'est en toi, voilà tout.

Devant mon air dépassé, il ajouta :

- Je suis une sorte de... Marchand de sable.

La première image qui me vint à l'esprit fut celle de la série française Bonne nuit les petits avec Nicolas et Pimprenelle. Rien à voir avec Adam.

- Ça te fait rire ? Me demanda-t-il, décontenancé.

- Je pensais juste à un dessin animé sur les marchands de sable. Je ne crois pas que tu aies quelque chose à voir avec ça.

Ferme Grand Les YeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant