Jenny déboula en trombe dans ma chambre.
- Sarah, qu'est-ce qu'il y a ? S'enquit-elle, le visage alarmé.
- ... Euh, je ne sais pas. Rien. Lui répondis-je.
Mes mains tremblaient. Je me redressais mais mes jambes restaient immobiles. Elles paraissaient inertes.
- Rien ? Sarah, j'ai failli faire une crise cardiaque. Pourquoi as-tu hurlé comme ça ?
Jenny s'approcha du lit. Elle tentait de se calmer mais la frayeur qu'elle avait eue restait visible. Quant à moi, j'étais en sueur comme lorsque je tombais malade. Quelques-uns de mes cheveux étaient collés contre mes tempes et mon débardeur était trempé.
- J'ai crié ? Je ne m'en souviens pas, répondis-je, déstabilisée.
Puis, afin de rassurer définitivement mon amie, j'évoquai l'hypothèse du cauchemar. D'ailleurs, c'était probablement la raison de mon état ; sauf que je ne me souvenais de rien. Tout ce qui me restait de la nuit passée c'était ces tremblements, une fatigue singulière et la nausée. Jenny alla me chercher un verre d'eau. Ne pouvant plus me retenir, je me levai précipitamment pour aller vomir. Sans vérifier au préalable si mes jambes étaient fonctionnelles. Fort heureusement, ce fut le cas.
Jenny fut rassurée, elle se mit à plaisanter tout en ouvrant les volets. Le soleil matinal m'éblouit, je baissai la tête en maintenant mon bras devant mon visage. C'est à ce moment-là que je remarquai une marque sur mon avant-bras. Je crus d'abord à un banal effet d'optique mais en l'effleurant je compris qu'il s'agissait d'une griffure. Je n'y prêtai pas beaucoup d'importance car j'étais tout à fait le genre de personne capable de se griffer elle-même.
- Sortons un peu, tu veux bien ? Il faut profiter du soleil, proposa Jenny.
Il est vrai que le temps était particulièrement agréable.
- D'accord, laisse-moi le temps de me préparer et on y va, répondis-je.
- Dépêche-toi quand même, le soleil peut disparaître d'un moment à l'autre, prévint-elle.Tout en investissant la salle de bains, je luttai contre mes nausées. Je ne me souvenais pas de mon cauchemar mais il devait être remarquablement effrayant pour me laisser dans cet état. Pour une fois, je décidai de porter une jupe puisque le temps était clément. En l'enfilant, j'aperçus une autre griffure vers mon mollet droit, beaucoup plus impressionnante cette fois. Étonnée, je vérifiai si mon corps portait d'autres traces similaires. J'en découvris une sous mon bras gauche, une autre sur mon ventre. Il y en avait une dizaine, plus ou moins visibles, mais celle de mon mollet restait la plus impressionnante. Avais-je heurté le meuble du salon ? Il avait un angle droit très coupant et Rémi en avait fait les frais à plusieurs reprises. Néanmoins, cela n'expliquait pas les autres cicatrices. Et si je m'étais blessée de cette manière, à en croire les cris de Rémi, je m'en serais souvenue. De plus, la plaie semblait à peine cicatrisée ; elle devait dater de quelques jours seulement.
Un coup à la porte me sortit de mes supputations. Jenny, en lançant des cris enthousiastes, me pressait pour qu'on puisse profiter du soleil avant qu'il ne disparaisse. Rapidement, j'abandonnai ma jupe pour un jean délavé et la rejoignis. Elle m'attendait déjà devant la porte, la clé introduite dans le trou de serrure, côté extérieur.
- Let's go ! S'écria-t-elle.
***
Au bout d'une semaine, mes cauchemars devinrent plus poignants. Chaque matin, j'avais de plus en plus de mal à m'en remettre. Aux malaises s'ajoutaient des migraines et les tremblements de mon corps s'en trouvaient décuplés. De plus, j'avais désormais des flashs, des réminiscences de ce que je vivais la nuit ; car je vivais pleinement mes songes. Comme il avait été naturel que je le fasse pour mes rêves, il s'avéra que je devais subir mes cauchemars, de manière absolue.
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Ferme Grand Les Yeux
Teen FictionLorsque Sarah Bailey se décide à quitter son village natal pour la France, elle se met à percevoir des choses étranges. Qui est ce jeune homme qu'elle est la seule à voir ? Comment fait-il pour disparaître aussi vite ? Si vous fermez grand les yeux...