Scyllia tome 3: Eliar

Chapitre 9

Pour une fois, Enzo avait parfaitement réussi sa téléportation. Scyllia et le capitaine avaient atterri sur un chemin tout proche du village qui bordait la frontière.

— Eh bien, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas voyagé ainsi, rit Alphonse. C'est pratique, mais ça retourne un peu l'estomac.

— On finit par s'y faire, rétorqua l'adolescente en lui souriant.

— Tu sembles heureuse de quitter cette académie. Tu ne t'y plais pas là-bas ? demanda-t-il en commençant à avancer vers le village.

— Si, bien sûr. Cette école est une seconde maison pour moi, sans compter le manoir de dame Elisabeth. Je m'y suis faite des amis tous plus géniaux les uns que les autres et j'apprends plein de choses tous les jours. Si je suis heureuse, c'est que cela fait deux ans que j'attends de pouvoir mettre la main sur un fragment d'orbe. Mais vous, pourquoi avez-vous accepté de m'accompagner ? Avec le bébé qu'a eu votre fille, vous devez être très occupé !

— Comment sais-tu qu'Ellen a eu un enfant ?

— Je l'ai senti lorsque je vous ai soigné. D'ailleurs, comment se portent-ils ?

— La mère et sa fille vont très bien et toute deux font mon bonheur ! Cependant, avec son arrivée, nous étions un peu à l'étroit. J'ai donc décidé de partir un petit peu pour leur laisser un peu plus d'espace. Et pour te revoir bien évidemment.

Le capitaine et la prétendante entrèrent dans le village. Ils ne se trouvaient pas encore au royaume d'Atora, mais son influence était déjà présente. Les maisons aux fondations de pierre et aux murs de bois, étaient basses et, de ce fait, contrastaient d'autant plus avec l'église qui, elle, semblait démesurément grande pour une aussi petite bourgade.

Alphonse trouva vite l'écurie et récupéra les chevaux que Enzo avait envoyés ici un peu plus tôt. Il en ressortit avec deux magnifiques juments déjà scellées et prête pour le voyage et en profita pour demander conseil au palefrenier sur la route à suivre, puis enfourcha sa monture.

Scyllia, avec un peu moins d'aisance, monta en selle et essaya tant bien que mal de faire avancer son cheval.

— C'est la première fois que tu montes à cheval, remarqua le capitaine. Ça va aller ?

— Je vais apprendre sur le tas. De toute façon, c'est soit ça, soit je continue à pied.

— Ça ne devrait pas être très dur, nous n'allons pas partir au galop. Tire juste un peu sur les rênes à gauche ou à droite pour tourner et donne un léger coup de talon pour la faire avancer.

L'adolescente suivit ses conseils et, immédiatement, sa monture trotta tranquillement sur le chemin.

— C'est bien, complimenta Alphonse en la rejoignant. Nous avons de la route devant nous, que dirais-tu de me raconter ce qui t'es arrivé depuis notre dernière rencontre ?

Scyllia accepta sans hésiter. Mis à part la source des dragons qui devait rester un secret absolu, elle n'avait rien à lui cacher. La prétendante commença donc par parler de tous les amis qu'elle s'était faite à l'académie. Il connaissait déjà Alex et Lise alors elle ne s'attarda pas trop sur eux, mais eut une description poussée de Zoé, Camille, Sin, Zack et Ronan.

Elle attendit ensuite d'être sûre que personne ne se trouvait sur la route pour aborder son titre de prétendante, son passage sur le plan démoniaque et sa rencontre avec Ouros. Elle lui expliqua ensuite ce qu'étaient les fragments d'orbe et pourquoi elle voulait les récupérer.

— Donc, si je comprends bien, tu fais ça pour aider le démon qui a tué tes parents. Pourquoi ?

— Les fragments sont gorgés du pouvoir d'Ouros. S'ils tombent entre de mauvaises mains, ce serait un désastre. Et puis, si je n'avais pas accepté, Shed ne m'aurait pas lâché avec ça.