Scyllia tome 3: Eliar

chapitre 10

Une semaine et demi avait été nécessaire à Alphonse et Scyllia pour rejoindre Eronne, la capitale du royaume d'Atora. Bien que loin d'égaler le sanctuaire ou la capitale de son propre royaume aux yeux de Scyllia, cette ville était tout de même resplendissante. Comme elle s'y attendait, les bâtiments les plus impressionnants étaient ceux dédiés aux dieux. Chacun d'entre eux avait un temple qui leur était entièrement consacré et une immense cathédrale trônait en plein milieu de la ville.

Vu qu'il leur restait encore deux jours avant son entrée à l'académie, Scyllia en profita pour visiter celui dévoué à la déesse Sina. Ce temple, divisé en deux, avait une partie dédiée à la prière et une autre qui servait d'infirmerie pour quiconque s'y présentait avec une blessure. La prétendante se promit d'y retourner le plus souvent possible pour aider dès que sa couverture de nouvelle étudiante en magie le permettrait.

Même si la ville était belle, les habitants, eux, ne semblaient pas remarquer les merveilles qui se trouvaient autour d'eux. Si lors de sa première visite à la capitale il y a deux ans, les gens lui avaient paru froids, ça n'était rien comparé à ceux d'Eronne. Ici, ça n'était pas qu'ils ne faisaient pas attention à ceux qui les entouraient, mais plutôt qu'ils étaient renfermés sur eux-mêmes, léthargiques, comme envoûté par leur quotidien banal.

Scyllia passa ainsi son premier jour à visiter la ville et les lieux remarquables et dédia le second au repérage. Accompagnée d'Alphonse, elle entrevit, derrière les grilles qui lui barraient le passage, un immense bâtiment qui leur servait apparemment d'académie. Si celle qu'elle connaissait était très aérée avec au moins un établissement par fonction, ici, tout semblait condensé en une seule grosse structure. Elle ne pouvait pas voir ce qui se trouvait derrière, mais eut une idée de la superficie globale en faisant le tour du mur d'enceinte.

Tout de même déçue de ne pas pouvoir aller à l'intérieur, l'adolescente prit son mal en patience et retourna à l'auberge pour se reposer et préparer sa rentrée dans cette nouvelle école. Après tout, rester plus d'une semaine à cheval avait été une rude épreuve et il fallait qu'elle soit en pleine forme pour le lendemain.

Au matin suivant, le capitaine Garl réveilla Scyllia alors qu'il faisait encore nuit et lui demanda de se préparer. En tant que professeur, il devait arriver avant les élèves et elle avait insisté pour y pénétrer en même temps que lui. Scyllia fit une toilette rapide et descendit dans la grande salle ou l'attendait Alphonse. Elle ne toucha cependant pas à ce qu'il lui proposa, une légère boule au ventre l'empêchant d'avaler quoi que ce soit.

Une fois prête, l'adolescente et celui qui allait être son oncle tant qu'elle se trouverait dans ce royaume sortirent de l'auberge et se rendirent à l'académie. L'aube pointait tout juste à l'horizon lorsqu'ils atteignirent enfin l'école. Cette fois-ci, la grille était ouverte, mais un garde était posté à l'entrée et ne laissait apparemment personne passer.

— Bonjour, salua Alphonse.

— L'académie n'est pas encore ouverte, revenez dans une heure.

— Je suis l'enseignant dépêché dans le cadre de l'échange d'élèves. Puis-je entrer ?

— Vous pouvez monsieur.

Alphonse passa la grille et Scyllia allait pour le suivre, cependant, le garde se posta devant elle.

— Vous, si vous êtes inscrite, revenez dans une heure.

— Et ça recommence... On force le passage ?

— Cette jeune fille est ma nièce et fait aussi partie du programme d'échange. Ne pouvez-vous pas la laisser passer vu qu'elle est avec moi ?

— J'ai des ordres.