Scyllia tome 3: Eliar

Chapitre 16

La disparition soudaine et inexpliquée de madame Odale avait chamboulé l'organisation de l'académie. Si certains professeurs étaient prêts à prendre une classe de plus dans leur cours, d'autres trouvaient qu'ils étaient déjà trop nombreux et ne pouvaient pas prendre plus d'élèves. De ce fait, les filles de première année se retrouvaient avec un emploi du temps plus qu'allégé.

Cela n'était pas pour déplaire à Scyllia qui, même lorsqu'elle devait avoir cours, restait dans sa chambre, au chevet de Margaux pour veiller sur son état. Sa perte considérable de sang l'avait lourdement affaiblie et requérait, de la part de la prétendante, une attention constante. Elle avait cependant besoin de dormir et manger pour rester attentive.

Maximilien s'était alors proposé de surveiller son amie pour qu'elle puisse se reposer dans le lit d'à côté et se restaurer au réfectoire. Ils arrivèrent ainsi, à deux, à toujours garder un œil sur elle et ramener assez de nourriture pour qu'elle mange à sa faim.

Ils avaient bien évidemment pensé au tout début que l'amener à l'infirmerie serait la solution la plus simple, mais avec la disparition de madame Odale et l'état dans laquelle elle se trouvait, ils auraient peut-être fait le rapprochement entre ses deux événements. Scyllia ne pouvait donc pas se permettre de risquer la vie de son amie ainsi pour son confort personnel.

Et puis, Margaux lui faisait un peu penser à elle lorsque le capitaine Garl l'avait recueillie au poste de garde après la mort de ses parents. Elle n'arrêtait pas de s'excuser de lui faire perdre son temps ainsi et de monopoliser sa chambre. Scyllia avait beau lui dire que cela ne la dérangeait pas le moins du monde, Margaux continuait inlassablement à chaque attention portée à son encontre.

Si cela faisait rire Scyllia, Maximilien était plus affecté par ce comportement et n'arrêtait pas d'argumenter pour qu'elle arrête, recevant, au final, une autre salve d'excuses. Il ne perdait cependant jamais patience et finissait toujours, par imiter Scyllia et sourire.

Le fils du directeur était vraiment quelqu'un de bien et sur lequel on pouvait compter. Il avait juste fallu à la prétendante de dire qu'elle n'avait pas tué madame Odale et qu'elle finirait par réapparaître pour qu'il la croie. Il n'avait aussi absolument rien révélé sur ce qu'il avait vu de Scyllia la nuit de la disparition.

La semaine passa à grande vitesse et le dernier jour de classe était arrivé. Bientôt, Margaux pourrait rentrer chez elle, mais elle était encore trop faible pour pouvoir se déplacer seule et il faudrait sans doute que Scyllia l'accompagne pour continuer à surveiller son état et intervenir si quelque chose se passait mal. Mais pour le moment, c'était à Maximilien de veiller sur elle et l'adolescente était en train de manger dans le réfectoire.

Alors qu'elle entamait le plat de résistance, une cloche se fit soudain entendre. Tous les élèves sortirent immédiatement du réfectoire et se rendirent dans la cour. Ce son signifiait le rassemblement, cependant, il n'était pas question qu'elle y assiste et se retrouve bloquée à l'extérieur sans possibilité de retourner dans sa chambre.

La prétendante finit donc la moitié de son assiette en vitesse, mit le reste dans une sacoche pour la donner à son amie et remonta dans les dortoirs. Lorsqu'elle arriva en vue de sa chambre, l'adolescente comprit que quelque chose n'allait pas. La porte était ouverte, or, Maximilien savait qu'il ne fallait pas que quelqu'un voit Margaux. Elle se précipita à l'intérieur et retrouva le fils du directeur étendu par terre, inconscient, le lit vidé de son occupante. Son amie avait disparu.

Rapidement, Scyllia se porta aux côtés de Maximilien et l'examina. Il avait été frappé à la tête, juste assez pour qu'il tombe inconscient. Elle ne décela heureusement aucun traumatisme crânien et commença à le soigner. Après quelques secondes sous la lumière curative, Maximilien bâtit des paupières et se releva brusquement.