Chapitre 7

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Je brûlais d'envie de dire à Léa "C'est toi que je veux, pas ce psy de merde" mais je n'ai pas le courage.

"- Bon bah... salut." dis-je.

Mais merde pourquoi je ne lui ai pas demandé une bonne fois pour toute si elle m'aime ?!

Après ça, je ne prends pas le chemin de chez moi, je vais dans le sens du vent. En fait je ne réfléchis pas, je semble juste voler au-dessus du sol, emporté par mes pensées.

Je m'enfonce de plus en plus dans la forêt, près de la ville. Je pense à tout ce qui m'est arrivé, depuis la mort de Ludo. J'ai l'impression de ne plus reconnaître ma vie. Je m'allonge finalement dans l'herbe, qui, pour des gens normaux, paraîtrait piquante, mais pour moi, c'est doux et agréable. La douceur des câlins de Ludo, mais aussi la douceur du baiser de Léa... Je regarde le ciel perpétuellement, en ne cessant de penser que les arbres ont été créés par la terre avec amour. Et que moi aussi, d'ailleurs, avant que mes parents soient littéralement noyés dans leur travail, et qu'ils ne pensent plus à prendre soin de leur amour. Je ne pense même plus qu'ils s'aiment, et qu'ils pensent que je suis juste un boulet attaché à leurs pieds, pour eux.

Pour Léa aussi, je suis juste un boulet qu'elle ne peut s'empêcher de traîner à son pied.

Finalement, tout allait bien quand Ludo était là... une larme coule sur ma joue. Normalement, pleurer m'aurait soulagé quand je me serait fait mal, mais là, ça ne fait que m'attrister.

Je regarde le ciel. "Il pense à moi là-haut, c'est sûr, et il veille sur moi." me dis-je pour me persuader qu'il est encore vivant, mais au paradis, au lieu d'être sur terre.

Je regarde les arbres. Eux, ils ne meurent que par l'action des humains. "Foutus humains" me dis-je, en faisant un câlin à un arbre. En réalité, les humains meurent aussi à cause de l'action des autres, comme dans un accident de voiture, un attentat, etc. "Attentat" ce mot me rappelle quand mon frère est mort...

Je m'endors finalement dans l'herbe, avec l'impression d'ÊTRE l'herbe.

Quand je me réveille, je vois Ludo devant moi. Ludo devant moi ?! Je me jette à son cou, et je me mets à pleurer.

"- Tu me manques Ludo ! dis-je entre mes larmes.

- Tu me manques aussi. me répond-il.

- Hé ho ?!

- Quoi ?"

Et je me réveille encore une fois. Merde, un rêve. Si seulement ce rêve ne pouvait jamais se finir...

A la place de Ludo, je vois une fille. Apeurée de me voir, elle réagit comme si elle avait vu un fantôme et s'enfuit.

"- Attends !" dis-je en essayant de retenir cette mystérieuse personne.

Mais en vain, en réalité, je ne fais que m'enfoncer encore plus dans la forêt et me perdre. J'essaye de retrouver mon chemin, mais en fait, je ne fais que tourner en rond.

La nuit fini par tomber, sans que j'aie retrouvé mon chemin. Et je crève de faim. Heureusement, dans mon sac à dos, j'ai toujours un croissant et de l'eau (on sait jamais) et c'est la première fois que je ne suis pas obligé de finalement le manger chez moi, le matin, pour pas qu'il pourrisse et que ça me rende malade. Je tente une dernière fois de trouver mon chemin, mais sans succès. Je trouverai mon chemin demain, quand il fera jour. Et je m'effondre de fatigue, il doit bien être minuit.

Ce jour où tout a basculéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant