Chapitre 3
Le cœur battant à tout rompre, les mains moites, j'avance à petits pas. L'odeur d'humidité et de moisie m'envahissent. Une sensation indescriptible se fond en moi. Attirée, curieuse, l'impression de rejoindre un être cher. Je crois surtout que je rêve de rejoindre un passage qui me mènerait directement vers mon père. La seule personne qui me manque le plus sur cette terre. Même l'indifférence de ma mère, me dérange moins que l'absence éternelle de l'homme qui m'a quittée trop tôt. Qui m'a aimée comme personne, ma mère n'ayant pas réellement la fibre maternelle, égoïste pourrait être son second prénom !
Je commence à apercevoir de la clarté, j'arrive presque au bout. Je fronce les yeux pour essayer de mieux voir ce que cache la fin de ce passage qui m'enveloppe. Plus je m'avance et plus je me demande si je n'ai pas la berlue ! Je vois du vert, beaucoup de vert ! Une odeur fraîche d'herbe humide remplace la puanteur du passage. Je porte instinctivement ma main à mon médaillon, qui me chauffe légèrement le haut de la poitrine.
Je sais que certains passages de la ville mènent sur des petits jardins intérieurs. Ce que je vois est loin d'être un jardin, ou alors d'une immense propriété ! Plus je m'approche du bout, plus mon fichu pendentif familial me brûle la peau, ce qui m'encourage à arriver plus vite vers ce lieu étrange.
J'ai l'impression d'être le petit lutin malin de la légende de mon père, je passe le thairis, pour sauver notre monde! Je suis loin d'être un lutin et je n'ai aucune envie de sauver qui que ce soit, mais je dois aller de l'autre côté, c'est plus fort que moi, comme si je n'avais plus aucun contrôle sur mon corps et mon esprit.
J'avance mon pied, il est à moitié ici à moitié dans un ailleurs que je brûle d'envie de connaître. Alors je fonce, tête baissée, je plonge dans cet inconnu vert. Une bouffée de fraîcheur m'envahit. Avant d'avoir eu le temps d'admirer le paysage et de comprendre que je viens de passer une porte étrange, je suis happée par un grand bras musclé qui m'allonge sur l'encolure d'un cheval qui fonce au galop.
Totalement ahurie, surprise et légèrement apeurée je l'avoue, je me débats comme je peux. L'homme fait accélérer sa monture. Derrière nous, deux cavaliers nous pourchassent en hurlant et en tirant des flèches vers mon kidnappeur
- stad air boireannach a ghluasad (arrête de bouger, femme)
Il me parle gaélique ! Mais où suis-je tombée ?
Je commence à avoir la nausée la tête en bas, les fesses en l'air sur un cheval, une main forte qui me retient et l'autre qui fait courir la bête à la vitesse du vent. Je me laisse aller, je ne peux rien faire de plus qu'attendre ! Je n'ai même pas pu voir où j'arrivais pour pouvoir repartir ! Vu que je vais surement me prendre une flèche et mourir dans pas très longtemps, je ne vois pas le problème !
Ma tête tourne maintenant, j'ai le tournis, j'ai chaud, transpire et finis par m'évanouir.
Tout est calme lorsque je reprends connaissance. Quelque chose me pique le buste et les fesses, une odeur dérangeante m'envahit. Prudemment j'ouvre les yeux et les referme en secouant la tête. Non, non, je dois être en train de rêver. Impossible, non. Je devrais peut être commencé à voir la vie comme elle est et non comme je la fantasme. J'ouvre à nouveau les yeux en espérant cette fois que je suis bien dans mon lit et que ce que je viens de vivre et de voir devant moi, sort d'un rêve des histoires de mon père.
Doucement, je soulève les paupières, regarde à terre espérant y voir le sol en bois de ma chambre. Des bottes ! De grosses bottes en cuir hautes et rabattues sur le haut! Non pas Cameron ! Que me veut-il encore ? Totalement déboussolée, je relève lentement la tête, un kilt rouge, une chemise flottante qui devait être blanche il y a longtemps ! Un homme grand, costaud, aux cheveux châtain clair, en bataille, regarde par un trou, qui doit être un genre de fenêtre sans vitre, pour ce refuge, ou cette ancienne maison ! Je ne sais pas du tout où m'a transportée ce passage, surement pas dans les histoires merveilleuses de mon père, ni sur le chemin pour le retrouver !

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Banfhlath
RomanceEireen est une douce rêveuse, elle aime les contes et légendes de son pays , l'Ecosse. Du rêve à la réalité parfois il n'y a qu'un pas !