Chapitre 6

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 Chapitre 6

La porte doit être à quelques mètres de nous, mon médaillon me chauffe de plus en plus. A notre arrivé devant l'arche de pierre, nous ne voyons pas la forêt qui devrait s'y trouver de l'autre côté, mais un « flou », comme si de l'eau tournait devant nos yeux.

Rowan est hypnotisé par ce qu'il se passe. Il ne bouge plus, grimaçant, grognant. Je glisse ma main dans la sienne, une dernière fois et l'admire. Lui mon fantasme devenu réalité pendant deux jours. Mon homme du passé, si fort et vaillant, comme j'en rêve depuis ma plus tendre enfance. Je vais devoir le quitter, pour vivre ma réalité, celle pour laquelle je suis née ! Rien ne me pousse à me dépêcher de franchir ce lien magique entre nous.

Mais je dois y aller avant de ne plus en avoir le courage. Je ne peux pas rester ici, ce n'est pas chez moi. Je m'avance, le tirant avec moi, j'ai besoin qu'il m'accompagne jusqu'à l'entrée. Besoin d'un adieu fort, qui commence à me bouleverser.

— Qui a-t-il, de l'autre côté ?

— Une petite ruelle sombre d'Edimbourg, normalement.

Mon médaillon me fait souffrir, je pousse un cri et essaye comme d'habitude de le soulever, mais rien y fait, il est collé contre ma peau.

— C'est douloureux ?

— Mon médaillon me fait souffrir, il chauffe parfois.

— Quel médaillon ?

— Es-tu sérieux, Rowan ? Toi non plus tu ne le vois donc pas ?

— Non, de quoi me parles-tu ?

— Est-ce que tu vois mon tatouage au bras ?

— Bien sur, il faudrait être aveugle.

— J'ai un médaillon identique à mon cou.

— Je peux te jurer... pourtant ton cou rougis étrangement....effectivement!

— C'est lui ! Pourquoi personne ne le voit ? Mon père me l'a donné avant de mourir, je le voyais sur lui. Peut être est-ce seulement ici. Je ne sais pas comment l'expliquer.

— Donc c'est douloureux ?

— Oui et pour le retour deux fois plus, lui avoué-je, totalement bouleversée de partir en sachant que plus jamais de ma vie je ne le reverrais. J'ai besoin une dernière fois de le toucher, de me prouver qu'il existe bien ici dans le passé, que ce n'est pas un rêve. Je m'approche de lui, colle mon ventre contre le sien, plonge mes yeux tristes dans les siens perturbés, même s'il ne l'avouera jamais. Mes mains viennent caresser le tartan rêche et doux à la fois. Caressant ses jambes, ses fesses, remontant sur sa chemise, sa bouche. Mon cœur gonfle, les larmes coulent maintenant, je n'ai plus de souffle, j'ai l'impression que ma vie va s'arrêter ici. Il se contient, reste droit et fier, comme le guerrier écossais qu'il est. Son regard ne me trompe pas, quelque chose le dérange lui aussi. Je n'arrive plus à m'arrêter de le toucher, mes mains vont et viennent partout délicatement, profitant de chaque partie de lui, comme pour me les graver à jamais en mémoire.

Il me surprend en attrapant ma bouche, me la mord en gémissant bruyamment, sa langue furieuse qui cherche la mienne et ses mains qui m'attrapent sous les fesses pour me porter à sa hauteur. Notre baiser me fait mal, nos dents s'entrechoquent, nos lèvres sont collées l'une à l'autre si fort que je pousse un petit gémissement de douleur. Mais rien ne l'arrête. Mes jambes autour de ses hanches, je me laisse aller à la même envie violente que lui. Un adieu que je ne suis pas prête d'oublier.

Aussi brusquement qu'il est venu m'embrasser, il me pose au sol, essoufflé, rouge de rage et de nos folies.

— Dépêche-toi de partir, que je puisse rejoindre les filles de Maissie rapidement, me surprend-il, à me dire le plus sérieusement du monde, le regard fuyant. Tu croyais quoi, Eireen, arrête de me juger. Tha thu a 'fàgail nad bheatha, tha mi a' fàgail nam m 'athair ( tu repars dans ta vie, je repars dans la mienne). Agréable et improbable visite, que je ne suis pas prêt d'oublier.

BanfhlathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant