Chapitre 8

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Chapitre 8

Je lui laisse une dernière chance et à moi aussi ! Je ne vais pas rester loin de chez moi pour rien, ni pour une personne qui n'en vaut pas la peine.

Je remonte la rue lentement, beaucoup de monde ce soir. Quelle différence entre mon avant-hier et aujourd'hui. Ce village où les gens ne sourient pas plus qu'au 21ème siècle, sont habillés de couleurs tristes et n'arrêtent pas un instant de travailler pour essayer de gagner quelques pièces. Nous sommes loin de mon époque « m'as-tu vu » ! Ici l'essentiel est de survivre !

Devant la porte de cette belle maison cossue, j'hésite un instant. Je sens qu'une bataille va se jouer. Rien n'est simple pour nous deux. Mon arrivée est irréaliste, étrange et l'inconnue fait peur, nous le savons. Encore plus à cette époque où tout n'a pas encore été découvert, où ce qui fait peur est transformé en contes pour oublier la vérité.

Cet homme m'attire, je vais me battre pour le récupérer. S'il continue de jouer l'écossais pur et dur avec sa tête de bois, je repartirais vivre mes amours dans mes livres.

J'essaye de fermer la lourde porte en bois délicatement, pour ne pas le réveiller s'il s'est endormi et monte les escaliers.

— Chan eil gnè sam bith a-nochd, dh 'innis mi dhuibh (pas de sexe ce soir, je te l'ai dit), grogne-t-il de sa chambre.

— Tha mi ag aontachadh (je suis bien d'accord)

— Que fais-tu là ? Je t'avais demandé de retourner là d'où tu viens, m'envoi-t-il, un peu trop sèchement à mon goût.

— Je t'apporte à boire de la part de Maissie. Elle m'a embauchée.

— Maissie ? Embauchée ? Pour faire la catin ? Dis-moi que c'est une plaisanterie ? Tu n'es pas ce genre de femme, dis moi que tu plaisantes, Banfhlath ?

— Au moins tu pourras me baiser pour une raison valable. Non pas parce que je suis une étrangère intrigante.

Il m'arrache le tonneau des mains et bois directement par le trou, sans se fatiguer à se verser la bière dans une choppe ! De la mousse coule sur son menton quand il le repose. Je me contiens, j'ai envie d'y goûter !

Il me surprend à regarder le liquide ambré couler, un petit sourire mesquin aux lèvres.

— Pourrais-tu m'essuyer, j'ai du mal à bouger.

— Dans tes rêves, tu n'as rien aux côtes ni aux bras. Essuie-toi avec ta chemise comme le grossier personnage que tu es.

— Je confirme, tu n'es pas devenue une des filles de Maissie. Elles obéissent toutes au doigt et à l'œil. Tu es une insoumise, c'en est même incroyable. Je plains l'homme qui t'épousera !

— Les filles de Maissie, voit l'appât du gain avec toi. Et puis tu les changes des vieux grincheux.

— Aye, je suis un bon parti, c'est vrai. Shona le fait gracieusement la plupart du temps. Elle aimerait dormir ici, si tu vois ce que je veux dire.

— Très bien oui. Je suppose que tu es contre le mariage ?

— Aye, surtout avec une fille de joie !

— Et alors ? Elle arrêterait pour être ta femme.

— Je veux une vraie femme, pas une qui s'est donnée à tout un tas d'hommes avant moi.

— Dis celui qui trempe son sexe dans toutes les filles qui bougent ! Tu es mal placé. Aucune femme, digne de ce nom ne voudra de toi. Savoir que tu t'envoies en l'air toutes les catins de la région, ne fait pas une bonne réputation pour un futur mari. Tu as raison reste célibataire. Bagarre et sexe, c'est bien ce que tu m'as dis non ? Voilà ta vie jusqu'à la fin ! Quelle tristesse.

BanfhlathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant